Memento Vitae

Chapitre 5

28 Septembre 2023.

Plus le temps passe et plus cette soirée me semble être une grossière erreur. S'il était là, mon père se moquerait bien de moi en me voyant si terrifiée.

Lili s'accroche un peu plus à mon bras, toujours aussi rayonnante. C'est presque frustrant de savoir qu'elle n'a pas besoin de faire le moindre effort pour être magnifique.

Elle est surexcitée à l'idée de découvrir la personne qui s'occupera d'elle et de sa vie étudiante. Elle est bien la seule... Je m'enfuirai en courant si on m'en donnait l'autorisation. Mais ça n'arrive pas et je continue à la suivre, attentive à ses histoires palpitantes.

— Tu trouveras peut-être l'amour de ta vie là-bas, dit-elle avec amusement.

— Dans tes rêves. La seule raison pour laquelle nous assistons à ce désastre, c'est uniquement parce que tu prends un malin plaisir à tester mes limites.

— C'est clair, tu ne serais même pas là si je ne t'accompagnais pas. Estime-toi heureuse, je t'aide à trouver l'amour. Formidable, hein ?

Elle se contente de mon silence et me tire jusqu'à la salle.

Je prie pour qu'elle se soit trompée mais le numéro me tombe sous les yeux.

Il s'agit d'une petite salle de théâtre, à peine assez grande pour accueillir tout le monde. Mais quand nous entrons, je suis surprise de sa taille.

La scène ne prend qu'un pan de la pièce, laissant le reste libre pour une longue table servant de bar et de la place pour tout le monde.

Cet endroit n'a donc pas fini de me surprendre...

— Je vais nous chercher à boire, me prévient-elle en m'adressant un large sourire encourageant. Essaie de ne pas tomber dans les pommes pendant ce temps.

Alors qu'elle s'éloigne, je crains qu'elle ne m'abandonne au milieu de ces inconnus pour aller bavasser à droite à gauche. Lorsqu'elle disparaît de mon champ de vision, je m'autorise à analyser la pièce.

Ce n'est qu'un regroupement d'intellos. Je peux le faire.

Tu en es sûre ?

Il y a trop peu d'étudiants, et peut-être sommes-nous arrivées trop tôt. Un petit groupe s'est formé au fond, chahutant comme si le théâtre leur appartenait.

Je ne reconnais qu'un visage parmi la foule. Le garçon du dernier rang, celui qui ne parle à personne.

Mon tour d'observation se clôture par un garçon aux cheveux bruns, bavardant avec une fille légèrement plus petite. Il ne semble pas très attentif à ce qu'elle lui raconte.

Son visage, l'air qui s'y trouve, ne m'est pas inconnu. Je fouille ma mémoire, désormais trop perturbée pour m'intéresser à qui que ce soit d'autre.

Je l'ai déjà vu quelque part.

Il pose les yeux sur moi et mon sang ne fait qu'un tour. Il me scrute avec intérêt et je trouve la force de me précipiter vers Lili, toujours près du bar.

Et s'il t'a déjà reconnue ?

Elle sursaute quand je prononce son prénom et se tourne vers moi, troublée.

— Tu ne vas jamais me croire, je déclare d'une voix rauque.

— Oh ! Je t'en prie, épate-moi