Chapitre 15

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28 Décembre 2023

C'est définitif : mon cerveau sature.

Mon ordinateur me fait face depuis trop longtemps et je suis épuisée.

Je suis terrorisée par la suite, quand j'aurais raté. Toutes mes espérances seront bonnes à jeter. Je n'ai pas ma place ici, je ne trouve rien de bon à ma nouvelle vie, dans une ville qui n'a jamais été la mienne.

Mes amis s'inquiéteraient si je leur racontais tout ça. C'est certainement pour cette simple raison que je n'ai pas mis les pieds dehors depuis notre dernier partiel. Je ne pouvais pas me résoudre à les confronter.

Je n'ai pas mis un pied dehors et ça fait rager Alistair qui est venu sonner chez moi trop de fois pour que je n'ai pas envie de succomber.

Il est obstiné et je n'aurais jamais pensé que ça me toucherait autant.

Mon portable vibre brusquement et la photo de mon parrain apparaît à l'écran.

— Rapide ! s'exclame-t-il, surpris. Je n'ai même pas eu le temps de préparer mon speech, t'abuses.

— Tu râles parce que je mets trop de temps à répondre et le jour où je réponds vite, t'es pas content...

— Je t'emmerde, tu sais.

— Pourquoi t'appelles ?

Il soupire, conscient que je ne lui faciliterai pas la tâche. Mais il ne se laisse pas démonter – jamais.

— Je sais que tu ne veux pas sortir mais tu ne peux pas te couper indéfiniment du monde. Je vais donc te proposer quelque chose que tu ne pourras pas refuser. Enfin, je crois.

— Je n'ai pas envie de sortir, je te l'ai déjà dit un million de fois. J'ai besoin de travailler.

— Tu n'auras pas besoin de sortir. Tu me laisses entrer, on mange ensemble et on fera comme d'habitude : je squatte ton pieux pour bosser pendant que tu révises. Deal ?

Je pose mon portable sur le bureau après avoir mis le haut-parleur. J'attrape une feuille et commence ma liste de pour et de contre.

Dis oui.

— Deal.

Seulement parce que je sais qu'il a du mal à se concentrer quand il est seul.

Menteuse.

— Viens m'ouvrir dans deux minutes, je suis au bout de ta rue.

— Je n'avais pas le choix, hein ?

— Ouaip, bien joué.

— Dépêche-toi avant que je change d'avis.

Cette phrase est un déclencheur. Il se met à courir dans la rue, le souffle court et les sacs qu'il trimballe s'entrechoquent brutalement.

Je quitte ma chambre, mon portable collé contre mon oreille, toujours vêtue de mon pyjama préféré.

— Ouvre.

J'appuie sur le bouton de l'interphone. Le son de la porte me transperce l'oreille. Je raccroche quand il commence à monter les escaliers et je tourne la clé quand je l'entends proche de son but.

Il me fait face et je suis confrontée à la joie et à l'inquiétude qui se battent sur son visage. Il dépose ses affaires sur le bar de la cuisine et me traîne jusqu'à ma chambre sans dire un mot.

Alistair me force à m'asseoir sur le bord de mon lit et il reste debout, les poings sur les hanches et le regard dur.

— Plus jamais tu dresses ta mère comme un putain de rempart. Les gens s'inquiètent pour toi. Je me suis inquiété pour toi. T'as conscience de ça ?

Memento VitaeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant