28 Décembre 2023.
C'est définitif. Mon cerveau sature.
Mon ordinateur me fait face depuis un trop long moment et je suis épuisée. Je ne suis pas sûre de pouvoir faire entrer une nouvelle information.
J'ai peur de ce qui m'attend si je rate. Toutes mes espérances seront bonnes à mettre à la poubelle. Je n'ai pas ma place ici, je ne trouve absolument rien de bon à ma nouvelle vie, dans une ville qui n'a jamais été la mienne.
Mes amis s'inquiéteraient si je leur racontais tout ce que je ressens. C'est certainement pour cette simple raison que je n'ai pas mis les pieds dehors depuis notre dernier partiel. Je ne pouvais pas me résoudre à les confronter.
Je n'ai pas mis un pied dehors et ça fait rager Alistair qui est venu sonner chez moi trop de fois pour que ça ne me donne pas envie de succomber. Il a appelé, a attendu en bas de l'immeuble et j'ai été amusé quand il a menacé d'escalader la façade pour me rejoindre.
Il est obstiné et je n'aurais jamais pensé que ça me toucherait à ce point-là.
Mon portable vibre brusquement et la photo d'Alistair apparaît sur l'écran. Je décroche en soupirant.
— Rapide ! s'exclame-t-il, surpris. Je n'ai même pas eu le temps de préparer mon speech, t'abuses.
— Tu passes ton temps à râler parce que je mets trop de temps à répondre. T'es jamais content...
— Je t'emmerde, tu sais.
— Pourquoi t'appelles, Alistair ?
Il soupire à l'autre bout du fil, conscient que je ne lui faciliterai pas la tâche. Mais il ne se laisse pas démonter. Ce n'est pas son genre. Mettez-lui l'échec sur son chemin et il le dégagera à coup de pied au cul.
— Je sais que tu ne veux pas sortir, dit-il avec douceur. Mais tu ne peux pas te couper indéfiniment du monde. Je vais donc te proposer quelque chose que tu ne pourras pas refuser. Je l'espère en tout cas.
— Je n'ai pas envie de sortir, je te l'ai déjà dit un million de fois. J'ai besoin de travailler.
— Tais-toi. Tu n'auras pas besoin de sortir. Tu me laisses entrer chez toi, on mange ensemble et on fera comme d'habitude. Après ça, je viendrais squatter ton pieux pour bosser quand tu réviseras. Deal ?
Je pose mon portable sur le bureau après avoir mis le haut-parleur. J'attrape une feuille et commence ma liste de pour et de contre.
Dis oui.
— Deal, je cède dans un murmure.
Seulement parce que je sais à quel point il a dû mal à se concentrer.
Menteuse.
— Parfait ! Viens m'ouvrir dans deux minutes, je suis au bout de ta rue.
— Je n'avais pas le choix, hein ?
— Tu as tout compris, félicitations !
— Dépêche-toi avant que je ne change d'avis.
Cette phrase est un déclencheur. Il se met à courir dans la rue.
Je quitte ma chambre, mon portable collé contre mon oreille, toujours vêtue de mon pyjama préféré.
— Ouvre.
J'appuie sur le bouton de l'interphone et le son de la porte me transperce l'oreille. Je raccroche quand il commence à monter les escaliers et je tourne la clé quand je l'entends proche de son but.
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Memento Vitae
Teen FictionLorsque Maya entre à l'université, l'éducation de son père sous le bras, tout ne peut que bien se passer. Si c'est une façon pour elle d'échapper à l'homme qui l'a élevé, elle ne se débarrasse pas pour autant de tout ce qu'il lui a inculqué : discip...