7 Octobre 2023.
Le reflet que me renvoie le miroir de la salle de bain n'a aucune ressemblance avec moi ; je suis affreuse.
J'ai des cernes monstrueux, les cheveux encore en bataille et les yeux à peine ouverts. Ce n'est vraiment pas beau à voir.
Si mon père était là, il m'ordonnerait de prendre une douche froide et de me maquiller le plus possible pour recouvrir les désastres d'une nuit blanche.
Mon téléphone vibre et m'arrache à ma contemplation. Le nom d'Alistair s'affiche sur l'écran et me donne envie de jeter mon portable par la fenêtre.
Après huit jours sans avoir de nouvelles, il se met à m'appeler comme si nous étions devenus les meilleurs amis du monde. C'est hallucinant.
— Bonjour ! s'exclame-t-il une fois que j'ai décroché.
— Qu'est-ce que tu veux ?
Il pouffe de rire et ça me provoque un soupir. Comment oublier sa tendance à être agaçant ?
— Je vais bien, merci de demander.
— Je pourrais te retourner la remarque, je réplique d'une voix acerbe.
— Ok, je m'excuse. On reprend. (Il prend une grande inspiration) Comment vas-tu ? Bien dormi ?
Mens.
— Ça va. Que veux-tu ?
— J'aimerais qu'on se voit pour discuter. Ça ne nous ferait pas de mal de le faire. On devrait mettre les choses au clair, une bonne fois pour toute. Qu'est-ce que tu en penses ?
J'en pense que c'est une mauvaise idée. Chaque fois que je le vois, je finis dans ses bras. Pas que ça me déplaise mais... C'est épuisant d'y penser chaque fois que je ferme les yeux.
— Ok, à tout à l'heure.
— J'ai hâte.
Je raccroche avant qu'il n'ait le temps d'ajouter quoique ce soit et balance mon portable sur le lavabo d'un geste rageur.
— Qu'est-ce qu'il te prend ? je demande à mon reflet.
Le silence m'engloutit pour toute réponse.
Je me fixe longuement avant d'en venir à la conclusion que ça ne peut pas être pire que d'habitude. Nous prendrons peut-être conscience de l'erreur que nous avons commise. Et nous pourrons reprendre nos vies respectives.
Je reçois le nom d'un café suivi d'un horaire. Un deuxième message apparaît me suppliant presque de ne pas être en retard.
Je quitte la pièce en pestant contre moi-même.
Tu es une imbécile, Maya.
J'aurais dû trouver une excuse pour ne pas accepter, je le pouvais. Mais il suffit qu'il m'adresse la parole pour que mon cerveau cesse de fonctionner.
— Déjà debout ! s'étonne ma mère.
— Pas encore au travail ?
Les traits de son visage sont tirés, signe qu'elle a passé plus de temps à bosser qu'à dormir. Mon ambition vient peut-être de mon père mais je dois mon acharnement à ma mère.
— J'ai des rendez-vous, m'apprend-elle avec ennui. Je dois retourner au café dans l'après-midi. Tu devrais passer voir les filles et t'assurer que tout se déroule bien.
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Memento Vitae
Teen FictionLorsque Maya entre à l'université, l'éducation de son père sous le bras, tout ne peut que bien se passer. Si c'est une façon pour elle d'échapper à l'homme qui l'a élevé, elle ne se débarrasse pas pour autant de tout ce qu'il lui a inculqué : discip...