21 Novembre 2023
Je ne voulais pas l'appeler à l'aide.
Je le jure, ce n'est pas ce que je voulais. Mais c'était trop dur. Bien trop dur.
Je m'étais promis de n'appeler personne en cas de besoin, je pensais ne pas en avoir besoin. Si Lili avait été là, je n'aurais pas eu l'appeler, lui. Elle aurait été présente pour m'aider à me sortir de ce que je ressentais. Et il n'aurait pas eu besoin de quitter sa salle de classe pour venir me porter secours.
Et maintenant, il refuse de me lâcher la grappe.
Nous sommes assis contre le mur d'un couloir, silencieux, main dans la main. Je n'ai jamais eu autant conscience de sa proximité mais ce n'est pas ce qui me tracasse le plus.
Mon téléphone est posé sur mes cuisses, attendant patiemment l'appel de Léonard.
— Tu dois retourner en cours, je déclare d'une voix enrouée.
— Je ne te laisse pas toute seule. Estéban récupèrera mes affaires à la fin du cours, je m'en fiche. Je ne te laisse pas ici toute seule sans personne.
— Je vais bien, Alistair. Tu ne peux pas rater le reste de tes cours pour rester avec moi. Je te promets de t'appeler si ça ne va pas.
Il se tourne légèrement vers moi sans jamais rompre le contact. Ses yeux posés sur moi ne me donnent plus envie de disparaître.
— On va attendre que ton frère te rappelle pour te donner des nouvelles et ensuite, j'aviserai. Mais en attendant, je reste avec toi, c'est non négociable.
Je soupire, résignée. Il ne sert à rien de me battre avec lui, c'est une tête de mule.
Sa main serre la mienne un peu plus fort chaque fois que l'écran de mon portable s'allume. Et s'il se veut rassurant, le stress qui émane de lui ne m'aide pas du tout. Son inquiétude, encore moins.
— Je sais que tu ne veux pas en parler tout de suite pour ne pas porter malheur à ta sœur, mais on peut discuter pour faire passer le temps, suggère-t-il doucement. On fait comme tu veux.
— Je ne sais pas... J'ai peur de lui porter l'œil quoique je fasse. Je sais que ça n'a rien à voir et que tu vas trouver ça idiot mais avant que Léonard m'appelle, je venais tout juste de rater mon oral. Imagine que ça ait un lien. Imagine que j'ai envoyé ma sœur à l'hôpital sans le savoir.
C'est évident. Tu as envoyé ta sœur là-bas. Tu l'as fait exprès. Tu voulais qu'elle finisse dans un lit d'hôpital. Tu n'as aucun cœur.
— Tu as raison, ça n'a aucun rapport et c'est un peu idiot. Je peux comprendre que tu t'en veuilles, Maya, même si je ne sais pas vraiment pourquoi. Mais tu ne peux pas te blâmer pour une situation dont tu n'es pas à l'origine.
— Comment expliques-tu le peu de temps qui sépare les deux événements ? Je venais juste de m'asseoir quand j'ai reçu le message de mon frère. Ce n'est pas une coïncidence.
— Bien sûr que si. C'est une énorme coïncidence. Ta soeur est à l'hôpital pour des raisons précises qui n'ont aucun lien avec ce que tu as fait juste avant. Pour cette fois, il faut que tu arrêtes de croire que tu es responsable du malheur des autres. Ce n'est pas le cas. Tu n'étais même pas là quand ils l'ont emmené aux urgences. Donc je veux que tu respires et que tu te calmes. Ça risque d'alerter tout le monde et je sais que ma présence est déjà énorme à supporter pour toi.
Je soupire mais réplique, les sourcils froncés :
— Ta présence n'est pas dure à supporter. Finalement, je crois que j'apprécie que tu sois là. Merci, Alistair.

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Memento Vitae
Fiksi RemajaLorsque Maya entre à l'université, l'éducation de son père sous le bras, tout ne peut que bien se passer. Si c'est une façon pour elle d'échapper à l'homme qui l'a élevé, elle ne se débarrasse pas pour autant de tout ce qu'il lui a inculqué : discip...