Chapitre 7

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12 Octobre 2023.


Les cours sont de plus en plus éprouvants.

J'ai l'impression d'être totalement perdue. Mes camarades sont bien trop intelligents pour moi.

En bref, je suis à la ramasse.

Chaque professeur est plus démoralisant les uns que les autres. Et la motivation a disparu. Il n'y a plus que cette voix maléfique dans mon cerveau.

Lili, assise à côté de moi, dort à moitié sur sa table et ne m'aide pas à me motiver. Elle marmonne, râle contre le professeur qui ne la passionne visiblement pas. Elle ferme les yeux, les rouvre et consulte son téléphone en soupirant. Elle se redresse, se rallonge sur sa table, cachée par son ordinateur et les quatre rangs devant nous.

Elle me jette un coup d'œil, ouvre la bouche mais se ravise aussitôt. Je feins la concentration mais la seule chose dont je rêve, c'est de me tirer d'ici pour de bon. Mais ce n'est pas encore fini.

J'aurais aimé qu'on s'arrête là pour la journée mais le prochain cours, et le dernier, me paraît être le plus dur de tous. Donc celui que je ne peux absolument pas rater.

— Tu comprends quelque chose ? me demande ma voisine à voix basse.

— Pas un mot.

— Ça me rassure ! Je croyais être la seule à ne pas piger un seul mot de ce qu'il raconte. Ça me paraît flou.

— Comme si ça n'avait aucun sens, j'ajoute sur le même ton qu'elle.

Elle se redresse, le dos collé contre sa chaise. Elle croise les bras contre sa poitrine en poussant un énième soupir. Et se répète le même schéma. Elle est intenable lorsqu'elle s'ennuie mais c'est bien la première fois que c'est aussi flagrant.

Notre professeur nous donne notre liberté dix minutes avant la fin, pour que lui ne soit pas en retard à son rendez-vous. Il s'éclipse le premier et je m'autorise à me tourner vers mon amie. Elle a le nez plongé sur son téléphone, écrivant des messages frénétiquement à sa copine.

— Tout va bien ? je demande d'une petite voix.

— Anaëlle est en train de m'énerver, répond-elle en haussant les épaules. Elle voudrait à tout prix que j'aille la voir ce week-end parce qu'on ne s'est pas beaucoup vu ces dernières semaines... Mais elle ne comprend pas que je n'ai pas envie de passer quatre heures sur la route.

— Pourquoi ça ?

— Je suis un peu malade en voiture... Je sais c'est stupide mais ça me fait peur de vomir. Elle m'en veut à cause de ça. Et elle ne veut pas venir à la maison, ce week-end. Donc, encore une fois, on ne se verra pas.

— Nous sommes bientôt en vacances, tu n'auras qu'à la voir à ce moment-là. C'est pas trop grave, si ?

— Apparemment, ça l'est. Je suis un peu d'accord avec toi. J'ai passé la phase de "je veux toujours être avec elle, elle me manque quand je passe trop de temps loin d'elle" mais je n'ai pas l'impression que ce soit le cas pour elle. Elle ne me comprend pas. Laisse tomber, c'est pas grave. Elle va se calmer... On devrait y aller.

Elle balance son ordinateur dans son sac à dos avant de se lever. Je l'imite aussitôt et nous quittons la pièce en silence. Elle ne touche pas à son téléphone lorsque nous traversons les couloirs interminables.

— Peut-être que vous avez passé trop de temps toutes les deux et que maintenant, c'est plus dur pour elle de rester loin de toi, je tente doucement. Il lui faut le temps de s'acclimater.

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