Chapitre 1

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Les hauteurs du château étaient cachées par une brume épaisse en ce début de journée, alors que des corbeaux, perchés sur les murailles, croassaient en observant l'agitation de la cour, témoins discrets des secrets de couloirs et des complots nocturnes... 

En contrebas, les serviteurs foulaient à toute vitesse les pavés grisâtres, préoccupés par leurs tâches, alors que les soldats discutaient ou s'entrainaient, sous le regard des dames de la Cour et des gentilhommes du château. 

Les volatiles au plumage d'ébène s'envolèrent soudainement, dérangés dans leur pérennité par le tir d'un carreau d'arbalète, qui traversa l'entièreté de la cour pour se ficher dans un mannequin de paille, au centre de la cible accrochée à son poitrail. 

Jouant avec son épée en délaissant le mannequin sur lequel il s'entrainait, un jeune homme s'exclama, l'air impressionné: 

- Bien joué petite soeur, c'était impressionnant ! 

Arbalète à la main, son interlocutrice tourna la tête vers lui, agitant ses mèches auburn, héritées de sa mère, un sourire fier aux lèvres. Il reprit, avec un ton connaisseur: 

- Je vais devoir te faire première chevalière du royaume lorsque je serai roi ! Nous aurons besoin de tes talents ! 

- Tu crois que tu pourrais ? Demanda avec enthousiasme la petite rousse. 

- Evidemment, je serai le Roi Caspian X, après tout ! Affirma avec conviction son ainé. 

Trois années les séparaient, mais leurs liens, forgés par une enfance où ils furent privés de leurs parents, dans une Cour où beaucoup ne voyaient pas leur existence d'un bon oeil, ou cherchaient à les utiliser pour leur propre profit, étaient indestructibles. 

Mais leur moment de complicité fut interrompu quand deux soldats arrivèrent dans la cour, l'un d'eux déclarant: 

- Princesse Agnès, le Seigneur Miraz souhaite vous voir. 

Agnès soupira, avant de jeter un regard suppliant à Caspian: 

- Je suis vraiment obligée d'y aller ? 

- Je crains que tu n'aies pas le choix. Répondit d'un air désolé son frère, avant de lui ébouriffer les cheveux. Bonne chance avec le dragon. 

La jeune fille lui fit une grimace avant de se recoiffer et de suivre les deux soldats. Après un passage à travers les couloirs étroits du château, elle entra dans les appartements de Miraz. Ce dernier, à son bureau, paraissait affairé à écrire une lettre. Rendue nerveuse par l'ambiance pesante de la pièce, et par l'aura intimidante du seigneur, Agnès tenta cependant de faire bonne figure et exécuta une révérence. 

- Mon oncle. 

Avec un air agacé, Miraz soupira, avant de poser sa plume et d'observer d'un regard froid sa nièce, demandant d'un ton autoritaire: 

- Que t'ai-je dit, la dernière fois que tu as été appelée en ces lieux, nièce ? 

Après quelques secondes d'hésitation, la princesse finit par répondre d'une petite voix: 

- De ne pas m'entraîner à l'arbalète... 

- Je ne t'ai pas entendu. 

- De ne pas m'entraîner à l'arbalète. Répéta d'une voix plus forte Agnès. Mais Caspian a dit que... 

- Ton frère devrait prendre son entrainement plus au sérieux, tout comme tu devrais comprendre que la place d'une princesse n'est pas dans la cour, à jouer avec une arme. 

Il se leva, s'approchant de sa nièce en continuant, d'un ton sec: 

- Les seuls talents qui te seront nécessaires pour accomplir la tâche qui t'incombe, c'est la beauté, et la fertilité, pour t'assurer un mariage fécond avec un seigneur. 

The Just and The Wise {Narnian fanfiction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant