Chapitre 8

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Masquant du mieux qu'elle pût sa nervosité, Agnès se prépara pour l'attaque nocturne: elle troqua sa robe, abimée par son périple à travers les forêts et rivières de Narnia, contre un pantalon sombre et une chemise, couverte par d'épais morceaux de cuir servant à la protéger des coups d'épée. Elle noua ses cheveux auburn en une tresse serrée, et choisit une arbalète légère ainsi qu'une épée narnienne. 

Alors qu'elle tentait de nouer à son avant-bras un brassard de cuir, Edmund, la voyant en difficultés, vint lui apporter son aide, en lui disant à voix basse: 

- Je sais que votre frère n'approuve pas le plan de Peter, mais c'est notre seule chance de prendre Miraz à revers... 

- Et si Lucy avait raison ? Si notre seul espoir était Aslan ? 

- Vous avez entendu Trompillon. Aslan les a abandonnés quand nous sommes partis, il les a laissé être pratiquement exterminé par les Telmarins. 

- Un pan de l'histoire de mon peuple dont je ne suis pas très fière. Avoua la princesse en soupirant. 

- C'est pourquoi ce soir, nous avons la possibilité de changer les choses, et de rétablir la paix. 

Edmund termina d'attacher le brassard, en offrant à la petite rousse un sourire rassurant. Ce fut à cet instant que Peter vint à leur rencontre, leur annonçant leur rôle: 

- Les griffons vous emmèneront sur les tours, d'où vous donnerez le signal aux Narniens d'attaquer, une fois que nous aurons levé la herse. Edmund, tu as toujours ta lampe-torche ?

Alors qu'Agnès bloqua sur le mot "griffon", ayant cru mal comprendre, Edmund sortit de sa sacoche un objet de métal semblable à une lanterne. 

- Bien sûr ! 

- Bien, alors allume-la et éteins-la pour nous signaler que la voie est libre, et fais de même quand nous nous serons assurés que nos troupes peuvent entrer dans le château. 

- Tu peux compter sur nous ! 

- Bon courage... 

Après leur avoir jeté un dernier regard, l'air confiant, Peter se dirigea vers les Centaures, alors qu'Agnès se tourna vers le jeune roi, lui demandant avec incrédulité: 

- Il a bien dit "griffon", n'est-ce pas ? 

- Ah, c'est vrai que vous n'en avez jamais vu ! S'exclama Edmund en souriant. Venez, je vais vous les présenter. 

Ils se rendirent alors à ce qui ressemblait à un mélange entre une écurie et une volière: des stalles avaient été construites, donnant sur l'extérieur, alors que des Narniens s'affairaient à étendre de la paille au sol et à porter des seaux d'eau ou de nourriture. 

La petite rousse vit alors une grande silhouette ailée, et laissa échapper une exclamation de surprise. 

- Oui, je sais, ils sont impressionnants. Lui lança Edmund avec un grand sourire. 

Devant elle se dressait une créature imposante, presque irréelle: un corps d'aigle, comprenant un bec puissant, de grandes ailes et des serres, était greffé à l'arrière-train d'un lion, avec des pattes arrières musclées et une queue bougeant dans tous les sens, le griffon sentant l'agitation croissante des Narniens. 

Sans aucune crainte, Edmund s'approcha de la bête, incitant Agnès à faire de même en lui prenant le poignet. 

- Ils ne sont pas méchants, bien au contraire, regardez... 

Il guida la jeune fille jusqu'au griffon, ce dernier observant la Telmarine de ses grands yeux d'ambre, un chant mélodieux s'échappant de son bec. Le Roi Juste leva la main d'Agnès, et la posa sur les plumes de bronze de la créature. Elle sentit alors son coeur battre à vive allure, alors qu'elle caressa pour la première fois un griffon. 

The Just and The Wise {Narnian fanfiction}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant