9. Infiltration

77 13 48
                                    

Esteban,

L'adrénaline violente mes veines alors que je me tiens face à la secrétaire du Dr. Martins, lui offrant l'un de mes nombreux faux sourires. Aïden a piraté son agenda et filtré les appels du cabinet privé du médecin. Il a découvert qu'il exerçait à l'extérieur de l'hôpital, faisant consulter les patients de la liste dans un cadre plus discret, plus intime. La solution idéale pour mettre en action ses plans pour l'Ordre.

Aïden se glisse dans la salle d'attente tandis que je tente une approche vraisemblablement catastrophique pour détourner l'attention de la jeune femme assise derrière un écran d'ordinateur.

— Bonjour mademoiselle, euh, je, euh, je crois que j'ai besoin de voir le Dr. Martins. On m'a dit qu'il, euh, était compétent. Enfin, c'est un médecin...

T'as pas besoin de jouer la comédie. T'es complètement désespéré et paumé, mon pote. On dirait un chien qu'a perdu sa moman... ! Idiot. Blaireau !

— Bonjour. Je vais vous mettre sur liste d'attente. L'agenda est complet pour les trois prochains mois. Tenez, inscrivez vos coordonnées sur ce carnet, annonce-t-elle en me glissant un carnet de notes sur le comptoir de l'accueil.

Mes mains tremblent en cœur. Je fais tomber le stylo sur le sol et me baisse pour le ramasser. Je me marmonne des jurons. Je me sens mal depuis l'extraction de l'hôpital, depuis que j'ai tué quelqu'un. J'ai sans doute besoin de voir un médecin. Non, je ne peux pas voir de médecin, surtout pas le Dr. Martins.

Visiblement, je dois tout de même toucher à la corde sensible de la secrétaire, puisqu'elle se glisse près de moi en s'accroupissant. Ses mains frôlent les miennes, mon regard se plonge dans le sien.

— Vous allez bien ? Vous tremblez ? Venez-vous s'asseoir un peu, s'inquiète-t-elle en me prenant les mains et m'attirant vers l'une des chaises.

Tu joues si bien la comédie, qu'elle a craqué pour tes beaux yeux. Ah bah, non ! On ne fait pas semblant, j'avais oublié. Fragile petite chose que tu es.

Ma gorge se serre un peu plus, bloquant un sanglot que je refuse de laisser s'évacuer. Je me retrouve assis contre ma volonté, bloqué par la jeune femme qui se poste devant moi, posant ses mains sur mes genoux. Ses yeux brillent d'une sincérité gênante. Elle s'inquiète pour ses patients. Elle en est presque émue, alors qu'elle bosse pour une ordure.

— Je vous apporte un verre d'eau, confie-t-elle avant de se relever et se diriger vers la fontaine à eau.

Je jette un coup d'œil à Aïden, assis près du patient que l'on doit dissuader de se rendre à son rendez-vous. Il me regarde avec admiration et étonnement.

— Bien meilleur que certains acteurs, me chuchote le latino avec conviction.

Mon attention se reporte sur la jeune femme qui me tend le verre d'eau fraiche. D'une traite, j'en vide le contenu. Je ne joue pas de tragi-comédie. Je ne vais pas ressortir du cabinet tout sourire.

— Vous vous sentez mieux ? questionne la brune qui dépose de nouveau ses mains sur mes genoux.

Fais un effort. Tu peux le faire. C'est facile.

— Je vais mieux grâce à vous... je mens, posant mes mains sur les siennes.

J'en ai la nausée. Ce n'est pas moi, je ne suis pas comme ça. Mes pensées s'en vont vers Meredith.

— Je vais vous trouver quelque chose à vous mettre sous la dent. Vous êtes vraiment pâle... poursuit la secrétaire dans son élan d'héroïsme.

Je soupire de soulagement, elle disparait pour quelques minutes. Sans bouger la tête, j'observe Aïden du coin de l'œil.

— J'vous assure... Ce médecin est un salopard fini. Il l'a poussé à bout... Mon frère s'est suicidé par sa faute. Il ne l'a pas aidé, pleurniche-t-il avec une volonté déconcertante de faire plier la femme près de lui.

Thècle [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant