8. Extraction

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Esteban,

Nous marchons, le pas lourd, l'esprit brouillé, à l'extérieur de l'hôpital. Ma main est entrelacée avec celle de Meredith, ma bouée de sauvetage dans cette vague de chaos et de violence. Près de nous, Elijah scanne les alentours, tel un rapace guettant sa proie. Un véritable combattant protégeant les siens. Il est loyal, il m'impressionne.

Tout juste le seuil de l'établissement franchi, nous nous engouffrons dans le fourgon d'Aïden, moteur rugissant impétueusement. Nous devons déguerpir avant que d'autres malfrats de l'Ordre ne nous tombent sur la soie.

L'adrénaline circule incessamment dans mes veines. Mon regard se penche sur Meredith. Son teint a pâli. Son visage est marqué par la stupeur. Sa main moite force le contact avec la mienne, elle cherche désespérément le réconfort.

Je viens de tuer un homme. Un être humain en chair et en os, pas une fichue cible en carton qui ne se rebiffe pas. Je me revois appuyer sur la détente, bloquant mon épaule pour maîtriser la portée du tir. Mes muscles s'étaient contractés, me préparant à vider mon chargeur sur cet enfoiré. Le bruit sourd du coup de feu retentit en boucle dans ma tête. Je frissonne d'effroi, ce qui interpelle Meredith.

— Tu m'as sauvé la vie, Este', me rassure-t-elle, sa voix à peine audible.

Assise sur la banquette à l'arrière, près de moi, elle se tourne légèrement de biais, ses yeux remplis de compassion. Elle parait si forte, si calme. Son assurance est palpable. Une aura de guerrière s'émane d'elle. Je me sens si petit, si faible à ses côtés. Elle ne mérite pas de me voir si fébrile.

Elle a des burnes, la petite. Qu'est-ce que tu veux ?

Mes pensées me reviennent, mais étrangement, elles ne m'ont pas manquées. J'ai cette petite voix qui me rabaisse, me pique sans cesse. Elle veut me faire craquer. Elle souhaite que je m'avoue vaincu, que je défaille littéralement. Je lutte contre elle. Il est hors de question que je lui donne raison. Elle n'aura pas le dernier mot.

— Je... Je l'ai tué... essayé-je d'articuler tandis que mes cordes vocales menacent de me lâcher.

— C'est exact. T'as buté ce fumier. T'as des burnes Duro, me gratifie Elijah de sa voix rauque et imposante.

Il est assis sur le siège passager à l'avant. Je remarque seulement qu'il n'a pas accordé de boutade à Aïden. Cela me manquerait presque. Ma petite voix en réclame.

Foutez-vous sur la gueule, j'aime ça. Je veux dire que ça nous permettrait d'arrêter de chouiner intérieurement. Tu fais chier Esteban !

— J'ai envie de te dire que je suis fier de toi. Je suis fier de toi, Esteban, me félicite Aïden tout en me regardant dans le rétroviseur central.

Je n'ose rien dire. Comment peut-on être fier d'avoir assassiné un type ? Je suis déboussolé. Je viens de mettre les pieds dans le plat et bien comme il faut. Je suis incapable de parler. Tout semble être banal pour eux.

Le fourgon file à vive allure, nous éloignant de l'hôpital et des sbires de l'Ordre. Ils sont sans doute sur nos traces. Je serre la main de Meredith un peu plus fort, cherchant refuge dans sa chaleur et sa robustesse face à la situation.

Elijah enserre la poignée de peur au-dessus de sa tête avec sa main droite. Ses yeux se rivent sur Aïden qui conduit. Ses pupilles se dilatent, son regard se fait un peu plus sombre.

— Tu comptes nous garder en vie ? Non, parce que si c'est pas le cas je te déboite à l'arrivée. On va se retourner comme un pot de yaourt à la vitesse où tu vas ! grogne-t-il méchamment.

Thècle [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant