21. L'arroseur arrosé

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Esteban,

Il est difficile de s'endormir à même le sol, avec la crasse produite par les précédents individus séquestrés. D'autres personnes comme nous, retenues contre leur gré, torturées. C'est là que l'épuisement prend tout son sens, vous ne pouvez plus retenir vos paupières lourdes, la peur s'endort et vous emmène avec elle. Alors que tout semble s'apaiser dans les profondeurs des rêves...

Un puissant jet d'eau glacée me réveille, me saisit et me pousse à reculer dans le coin du cachot. Je peine à ouvrir les yeux, protégeant mon visage avec mon avant-bras. Le molosse est de retour et il tient une lance à incendie entre les mains. Il campe sur ses jambes pour augmenter la puissance afin de projeter mon corps contre le mur de béton.

Debout princesse ! On va se promener ! s'extasie-t-il, en tournant la manette de la lance pour interrompre le flux d'eau.

D'un geste assuré, il me saisit par le bras et me hisse sur mes jambes chancelantes. Le froid s'insinue sournoisement dans mes vêtements, me pénétrant jusqu'à mon essence. Mes doigts s'engourdissent, incapables de protester. Ma peau me brûle, le tissu s'y agrippant fermement. Mes yeux cherchent Meredith, mais ne la trouvent pas. Impossible de penser à autre chose qu'elle.

Où est-elle ? Où est Meredith ? l'interrogé-je, tandis qu'il m'extrait avec force de la cellule, alors que je suis toujours sonné.

Elle est partie jouer elle aussi.

Le bonhomme enfourne un sac en plastique sur ma tête, qui me masque la vue. Le monde s'effondre autour de moi, j'agonise aussitôt d'angoisse, dans un mouvement démesuré, je m'alourdis sur lui. Sa voix rauque m'agresse, m'ordonne de me redresser et d'avancer. Chaque bruit s'intensifie et provoque des spasmes incontrôlés dans tout mon corps.

J'vais mourir, j'vais mourir ici.

Accroche-toi, mon pote. T'es plus fort que ça. Je le sais. Tu le sais.

Je ne cesse de penser à Meredith, à mamie et à ma mère. Ce petit garçon qui a peur du noir, enfermé dans le couloir, assis derrière la porte de la chambre de son père, n'est plus là. Il a grandi et doit continuer de grandir pour devenir un homme fort et courageux. A l'école, je n'étais pas le plus bagarreur, je préférais me faufiler dans la foule et m'éloigner le plus loin possible. Petite Mere', se prenait souvent des trempes par son père qui buvait trop régulièrement de l'alcool. Je peux encore me souvenir de ses doigts enserrant mon bras pour me faire valdinguer sur le trottoir, en m'hurlant de déguerpir. Ce que je faisais lâchement, laissant mon amie se faire punir avec violence.

Dans l'obscurité, j'entends une première porte s'ouvrir, puis une seconde et le type me pousse vulgairement dans une nouvelle pièce. L'odeur est semblable à celle dans laquelle nous sommes retenus. Je n'ai plus la notion du temps et serai incapable de dire que nous sommes déjà le lendemain. Il appuie avec force sur mes épaules pour me forcer à m'asseoir, vraisemblablement sur une chaise. Il tire ensuite mes deux bras à l'arrière du dossier pour lier de nouveau mes poignets et les serrer sans ménagement. Ma gorge déglutit amèrement, sentant le mauvais coup arriver. Sans plus attendre, un torrent d'eau brûlante se déverse sur ma tête, le plastique se cloître contre mon visage. La seconde avalanche bouillante plaque le sac sur mes voies respiratoires, je suffoque de la chaleur, mais également de ne pas pouvoir respirer. Mes bras s'agitent, cherchant la libération, sans résultat. Ma tête se secoue, espérant pouvoir décoller le sac de mon visage, mais j'ai la sensation qu'il fond sur ma peau, qu'il ne fait qu'un avec. Mes poumons s'évertuent à vouloir se soulever, mais l'air ne s'y infiltre pas. Ce n'est pas le moment de mourir et pourtant cela s'avère n'être que la seule éventualité.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 27 ⏰

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Thècle [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant