10. Planification

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Esteban,

Dans les locaux de l'usine,

Je suis affalé sur le sofa du loft, le corps pressé contre le dossier. Mon regard est perdu dans l'abîme blanc du plafond. Mon esprit est vide. Mes tripes se tordent, j'ai le souffle court.

Diiing,diiing. Peur. Peur. Ding, ding. Réveille-toi. Saute. Tombe. Plonge. Creuse ta tombe. Creuse leur tombe. Tire. Tire encore. Tire, tire, tire. Garde les yeux ouverts. Regarde ce que tu as fait. Recommence. Recommençons. Sauve Meredith. Sauve-la. Deviens un homme. Mais tu ne pourras pas la sauver. ARCHIBALD. MORT. TUER. MEURTRE. T'as buté ce mec. Putain. Idiot.

La sonnerie de mon téléphone portable me sort de ma paralysie intérieure. J'attrape le smartphone et décroche d'une voix pressante.

Duro, j'écoute.

Monsieur Duro, j'suis l'assistante de Monsieur Martinez. J'ai déposé moi-même les documents demandés. Ils vous attendent dans la boîte postale indiquée.

Parfait. Je vous remercie. Bonne soirée, m'empressé-je de dire avant de raccrocher aussitôt.

Je laisse mon portable retomber sur l'assise du canapé. Je ne peux plus faire marche arrière. Je prends une grande inspiration avant d'expulser l'air de mes poumons dans un silence de plomb.

Je me précipite au sous-sol, afin de me glisser au volant du break de sport noire, une Audi RS6. Je fais vrombir le moteur et cela me procure instantanément une bouffée d'oxygène. J'imagine difficilement ma mère prendre le contrôle d'un tel bolide, je ne lui connaissais pas une pareille passion.

Doit-on réellement te rappeler quelque chose ? Tu ne la connaissais pas, plus. Sombre idiot.

Je me rends dans le quartier résidentiel où Aïden a loué la boîte postale. C'est une boîte aux lettres tout à fait banale, installée sur le bord du trottoir d'une belle maison. Ce n'est pas le genre d'endroit où on irait fouiller.

Je me gare le long du trottoir d'en face, coupe le moteur et reste un instant à observer cette boîte en ferraille qui contient une nouvelle porte de sortie pour Meredith. Je déglutis péniblement, un pincement au cœur s'en suis. Je sors la clé qu'Aïden m'a confiée et quitte l'habitacle.

Aussitôt, la boîte ouverte, je prends l'enveloppe contenant les plans de l'hôpital dans mes mains. Elles tremblent à l'idée que ces plans puissent entraîner de nouvelles victimes dans notre lutte.

De retour à l'usine,

Je presse mes mains sur mon visage crispé par l'angoisse. J'ai prévenu Meredith, Aïden et Elijah. Cette nouvelle étape est cruciale, je tiens notre destin entre mes mains. Je tiens surtout celui de Meredith du bout des doigts. Je suis tenaillé par la peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas assumer ce rôle. Je redoute l'échec, au point de mettre en danger la vie de Meredith plus qu'elle ne l'est déjà.

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent dans un grincement sourd, me sortant de mon errance mentale. Un silence pesant règne dans l'espace du loft, ponctué uniquement par le claquement des talons de Meredith contre le sol. La tension est palpable, comme si une charge électrique traversait l'air.

Ils se dirigent vers le salon où je me trouve. La pièce est décorée avec sobriété, l'esthétique est minimaliste. Assis sur le canapé de cuir marron, je les attends. Mon visage est grave, mes yeux fixés sur leur démarche assurée. Le rôle crucial que je joue dans cette mission pèse sur mes épaules. Finalement, c'est Aïden qui brise le silence en s'exprimant avec un naturel décontracté.

Tu m'as bluffé ce matin ! Mettons-nous au boulot, déclare-t-il en se frottant les mains.

Prends-en de la graine, réplique Elijah en lui donnant une tape dans le dos avant de s'asseoir sur un fauteuil autour de la table basse.

Thècle [DARK ROMANCE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant