Encore une fois, quand je me réveille, Will m'observe.
– Tu ne t'en lasseras jamais ?
– Non. Tu es tellement beau.
– Franchement, je ne sais pas ce que tu me trouves. Je suis maigrichon, pâle comme la mort et j'ai toujours les cheveux ébouriffés. Qu'est-ce qu'il y a de beau là-dedans ?
– Quand tu es allongé comme ça, tu as une tête d'ange. Vraiment.
Je suis tellement étonné par cet aveu que j'en reste bouche bée.
– Tu n'as pas l'air d'en avoir conscience.
– Non. Il n'y a que toi pour me trouver intéressant et me complimenter. Et Annabeth.
– Tu n'as pas d'autres amis ?
– Tu n'as pas encore vu mon côté asocial. Annabeth est ma seule amie. Enfin, je veux dire, la seule à tenir assez à moi pour s'accrocher.
– Comment ça ?
– Je... n'ai pas trop envie d'en parler.
– Tu es sûr ? Je pourrais peut-être t'aider.
Il avait le visage grave. Son expression n'avait jamais été aussi sérieuse. On était loin à présent de ses sourires permanents.
– Je suis bien, là, dans tes bras. Je n'ai pas envie de parler de ça... même s'il le faudrait peut-être.
– Je t'aime Nico. Que risques-tu en t'ouvrant à moi ?
– Rien. Mais ce n'est pas une question de confiance. Loin de là. C'est juste que je suis faible... Physiquement et mentalement. Et... Bon, je finirais par te le dire, donc autant le faire maintenant... J'ai fait une grosse dépression. Et c'est pour ça qu'Annabeth ne m'a pas laissé le choix pour venir en vacances ici.
– Oh. Et tes amis t'ont laissé t'en sortir seul ??
– Je n'arrivais plus à leur parler, ils ne comprenaient pas mon mal-être. Mais Annabeth a persisté, elle. Elle m'obligeait à sortir au moins trois fois par semaine et venait beaucoup squatter chez moi pour que je pense à autre chose.
– Mais qu'est-ce qui a déclenché ta dépression ?
– ... C'est vraiment pas glorieux...
Il me serra plus fort, me donnant un peu de courage. Je lâchais, avant de pouvoir m'en empêcher :
– Je me fais harceler... Et c'est pas la première fois.
Will avait l'air choqué.
– Et... c'est mentalement ou physiquement ?
– Comme tu peux le voir, je ne suis pas très costaud. C'est facile pour eux, de me donner des coups. Et encore plus facile de me balancer des insultes. Ils ne jouent pas qu'avec mon mental, ça ne leur suffit pas, il faut que je subisse les deux à la fois.
– Nico... C'est horrible. Tu as essayé d'en parler à un adulte de confiance ?
– Déjà à toi, c'est compliqué. Annabeth le sait uniquement parce qu'elle m'a vue me faire tabasser. Je n'aurai jamais voulu lui dire sinon.
– Il faut vraiment que ça cesse. Ça ne peut pas durer. S'ils sont capables de te taper, qu'est-ce qui les arrêtera quand ils seront énervés ? Si un jour, ils te donnent des coups plus fort ?
– Arrête de stresser Will. Ça n'arrivera pas. Ils s'arrêtent parce qu'ils ne veulent pas me tuer. Et il n'y a aucune raison pour laquelle ils continueraient jusqu'à ce que mort s'ensuive.
– Nico. C'est important là. Je pense comme toi qu'ils ne te tueront pas. Enfin, j'ose l'espérer. Mais ce n'est pas la question. Ils dégradent ta confiance en toi, ta santé mentale et tu reçois des coups ! Ce n'est pas normal ! Tu dois absolument en parler. Et si ce n'est pas toi qui le fais, je le ferai.
– Will, non pitié. Je ne veux pas... tu ne peux pas...
– Je le ferai, que tu le veuilles ou non, pour ton bien.
– S'il te plaît... ne t'en mêle pas. Ils pourraient mal le prendre... Je suis déjà assez amoché.
– C'est en ne disant rien que tu tends le bâton pour te faire battre. Une fois que tu l'auras dit, ils ne pourront plus t'atteindre.
– Tu n'en sais rien ! Le proviseur pourrait ne rien mettre en place, et s'ils apprennent que j'ai parlé...
– Ils n'ont aucune raison de l'apprendre, et si ton proviseur ne fait rien, c'est de la non-assistance à personne en danger. Il risque de la prison pour ça. Et franchement, quelle personne saine d'esprit ne t'aiderait pas ? D'ailleurs, pourquoi Annabeth ne fait rien ?
– Je le lui ai interdit. Et elle respecte mon choix, elle.
– Et bien moi, je n'accepte pas qu'on dégrade ta santé. Quand on retournera à New York, tu seras débarrassé de ces brutes.
– Comment peux-tu en être certain ?
– Ils seront virés de ton établissement, je pense. Et je pourrai rester avec toi après ? Pour être sûr qu'ils ne t'approchent pas.
– Tu peux venir chez moi, si tu veux. Mes parents n'existent pas.
– Comment ça ?
– Ma mère est morte quand j'étais petit. Mon père, lui, n'est jamais là, et quand il est là, il ne fait pas attention à moi.
– C'est horrible. Tu n'as pas de chance. Ça me conforte dans mon idée. Il te faut de la compagnie.
– Mais toi, comment vas-tu faire avec ton job de secouriste ?
– Je vais l'assumer auprès de toi. Ça me semble déjà être une grande mission. Non, sans rire, je ne sais pas. Si ça se trouve on habite pas si loin l'un de l'autre. Ce serait un miracle dans une aussi grande ville mais on peut toujours espérer.
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Vacances à la plage - Solangelo
RomanceNico sort juste d'une dépression. Annabeth, sa seule amie, l'oblige à l'accompagner pour des vacances à la plage.