Chapitre 17 : Will

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 J'essayais de ne pas le montrer devant Nico, mais j'étais vraiment paniqué par son harcèlement.

Il n'avait pas l'air de prendre conscience que ça lui pourrissait la santé. Enfin, si, quand il en parle, il n'est pas bien. Je le vois et le sens. Mais il ne veut pas pour autant en parler ou y mettre fin. Il a trop peur de ses agresseurs. Et c'est pour ça qu'il ne veut vraiment pas que j'en parle. Mais il le faut. Il faut le pousser dans ses retranchements pour qu'il puisse enfin être tranquille.

J'ai vraiment envie de le sortir de cette routine infernale.

Il faut que j'en parle à Annabeth. Elle saura sûrement comment faire, elle.

~~~

Dès que je pus, je demandais à Annabeth :

– Je peux te parler ?

Elle hocha la tête, et je l'emmenais un peu plus loin.

– C'est au sujet de Nico... Il m'a dit qu'il se faisait harceler. Mais il ne veut pas en parler à des adultes. Alors j'hésite à le faire pour lui...

– Il te l'a dit ??

– Oui. Bon, j'ai un peu forcé, mais c'est lui qui a abordé le sujet.

– C'est déjà génial ça ! Je ne pensais pas qu'il te le dirait. Ou au moins pas tout de suite. Moi, je l'ai appris tellement tard. Au bout de trois ans d'amitié.

– Wahou, c'est vrai que ça fait beaucoup. Après, il ne voulait pas que tu le saches...

– Je sais. Un jour, j'ai surpris les agresseurs en train de le frapper et je les ai fait dégager. Avec ma ceinture noire de karaté. Dès que Nico n'était plus à leur merci, il m'a planté... Après je n'ai pas réussi à le joindre ni le voir pendant deux très longues semaines. Il ne venait plus en cours, ne répondait à aucun de mes messages, appels, et sonneries à la porte de chez lui. J'ai eu peur qu'il fasse quelque chose d'insensé. Je n'ai jamais su ce qu'il avait fait durant ces semaines. Je n'ose pas lui demander. Enfin, bref, tout ce qui compte, c'est qu'il te l'a dit, finalement. C'est déjà vraiment un grand pas, il me semble. Mais... pour ce qui est de demander de l'aide à sa place, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée. Je veux dire, s'il ne veut pas de l'aide en question, il la repoussera et ne voudra peut-être plus l'accepter après, quand il sera prêt.

– C'est vrai, tu as raison... Mais comment on fait alors ?

– Justement, j'avais un plan à ce sujet. Mais je ne pouvais pas t'en informer tant que Nico ne t'avait rien dit... Bref, Nico est beaucoup plus facilement influençable par les sentiments. C'est notre seule chance de le raisonner. Alors ce que tu peux faire, c'est essayer de lui en parler un peu tous les jours, et lui dire que ça t'inquiète beaucoup. S'il prend conscience que ça te pèse, il y réfléchira plus, je pense. Le problème, avec Nico, c'est que si ça n'embête que lui, il n'agit pas. Quand je lui dis que j'ai peur pour lui, il me dit juste que je n'ai pas à m'inquiéter, qu'il gère la situation. D'après lui, je le protège trop. Mais... au contraire, j'ai parfois l'impression que ma protection ne lui suffit pas...

– Je vais tout faire pour y arriver, Annabeth. Je veux qu'il soit tranquille. Que ces brutes soient punies. C'est tout ce qu'elles méritent.

– J'espère qu'il t'écoutera...

~~~

La journée fut longue, au poste de secours. Malgré le fait que j'aimais bien ce travail, Nico n'était pas là. Et sans Nico, je me sentais un peu seul. Même si Percy était toujours là, ce n'était pas pareil. J'essayais de ne pas le montrer, mais je crois que Percy a compris. Il me raconta des anecdotes sur sa jeunesse pendant une bonne partie de la journée - il faut croire qu'il y en a beaucoup - pour me changer les idées. Cela marcha plutôt pas mal et on rigola ensemble toute la journée.

À 18h30 tapante, je partais du poste de secours en courant pour rejoindre Nico. Mon petit ange. Cette première journée loin de lui avait été difficile. Je m'étais attaché à lui si rapidement. C'était à la fois mignon et inquiétant. Comment aurais-je fait si Nico ne m'avait pas invité chez lui ? Je serai mort de solitude et de manque. Son absence m'est devenue insupportable. Même si j'adore Percy, une journée en sa compagnie est bien plus longue et moins palpitante qu'avec Nico. Nico est l'âme sœur qu'il me manquait.

Lorsque j'arrive enfin devant chez Annabeth et Nico, il m'attend devant la porte. J'ai envie de l'embrasser sur-le-champ mais il préfère le faire en toute intimité. Je patiente donc jusqu'à ce que la porte soit fermée derrière moi, puis je saute sur ces magnifiques lèvres. Je ne peux pas m'empêcher de passer mes mains dans ses doux cheveux.

Ses mains finissent sur mes joues, pour ne pas me laisser partir.

Vacances à la plage - SolangeloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant