Chapitre 19 : Nico

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Ce soir encore, j'attends Will devant la porte. Je sais qu'il va bientôt arriver. La dernière fois, il a même pas mis cinq minutes à débarquer alors qu'il y a dix minutes entre le poste de secours et chez nous.

Tout à coup, je vois une touffe blonde approcher. Comme je m'y attendais, il est encore en train de courir pour me rejoindre. Je le regarde, attendri. Il est tellement beau, et encore plus quand il court : on voit tous ses muscles en action.

Will arrive presque essoufflé. Heureusement qu'il a une bonne forme physique parce que sinon, il s'écroulerait sur notre paillasson.

– Will, dis-je avec un sourire.

– Il faudrait peut-être que tu viennes au poste de secours à la fin de ma journée, comme ça, ça m'éviterait de courir tout le temps, dit-il avec un sourire.

– Mais tu es tellement beau quand tu cours. Et ça entretient le sportif que tu es.

– N'essaye pas de trouver des excuses, j'ai compris : tu en profites pour me reluquer en fait.

– Ouais, comme toi quand je dors.

– C'est pas faux. Tu viens à l'intérieur ? J'ai hâte de t'embrasser.

Après un long baiser, ils se laissèrent le temps de respirer. Et Will en profita pour poser une question.

– Nico. J'ai une question qui me tracasse depuis ce magnifique jour où on s'est rencontré. Mais je ne suis pas sûr qu'elle te plaise.

– Dis toujours. Au pire, j'y réponds pas.

– Bon... Quand je t'ai repêché, ce jour-là, j'ai cru voir des... trucs sur tes bras. Et je n'arrive pas à me sortir ça de la tête.

Will attendait avec un air d'appréhension sur le visage.

Après un instant de réflexion, je répondis.

– Ce n'est pas une question.

– Oui, enfin... t'as compris quoi.

– S'il n'y a pas de question, je n'ai aucune réponse à donner.

– S'il te plaît, Nico. Je m'inquiète pour toi...

– Tu t'inquiètes beaucoup trop. Je n'aurai pas dû te parler de mon harcèlement. Maintenant tu me prends pour une victime, un faible.

– Non Nico, ce n'est pas toi le faible, ce sont ceux qui t'attaquent sans raison qui le sont. Toi, tu n'as rien demandé, ça t'es malheureusement tombé dessus...

Après un silence, il insista :

– Donc... tu ne veux pas en parler.

– Non, il n'y a rien à dire. De toutes façons, en tant que secouriste, tu dois déjà avoir ton avis.

– Mais je veux le tien ! Il m'est beaucoup plus précieux. C'est toi que j'aimerais sauver plus que tous les autres ! Je n'arrive pas à décrypter tous tes mystères. Moi, je pense une chose. Et d'abord, j'aimerais me tromper ! Mais toi, que penses-tu ?

– Je pense... je pense qu'il est trop difficile de répondre à tes assauts. Un jour, il y a un problème, le lendemain, c'en est un autre. Je n'y arrive pas. Et si on est ensemble pour parler de mes problèmes, alors ça va être difficile pour moi mais je préfère qu'on arrête.

– Non !

Will se jette dans mes bras.

– Je ne pourrais plus vivre sans toi, Nico. Tu es mon souffle, mon oxygène.

– Alors arrêtons de parler de ça et profitons de la soirée pour aller à la plage.

– Très bien. Le dernier en maillot a un gage.

– C'est de la triche. Tu es déjà en maillot.

– Alors tu as un gage, répondit-il, le sourire aux lèvres.

– Seulement si tu en as un aussi.

– D'accord.

– Bon je vais me changer et on y va, alors.

~~~

Lorsqu'on arriva à la plage, c'était presque désert. En même temps, à 22h à peine, il faisait déjà nuit.

– Alors, quel est mon gage ?

– Ton gage, Nico, c'est de m'embrasser sur cette plage, maintenant. Tu vois bien qu'il n'y a personne aux alentours.

– C'est vrai.

Je m'avance doucement vers lui, et après avoir jeté un dernier coup d'œil autour de nous, je me lance. Ces lèvres sont encore plus douces que d'habitude, et je ne regrette pas d'avoir osé franchir le pas : l'embrasser aux yeux de tous, quand bien même il n'y a personne. Ça me fait du bien de pouvoir assumer, pour une fois.

– Maintenant, à toi de faire ton gage. Tu dois... faire vingt pompes avec moi sur ton dos.

– Mais c'est pas juste, ton gage était beaucoup plus agréable !

– Bon bah tu dois me masser le dos alors ?

– Ah ! C'est déjà mieux.

– Très bien, maintenant que tu as choisi ton gage, on peut s'allonger ?

Je riais en l'observant.

– Je ne te masse pas maintenant ?

– Non, à la maison. Là, il pourrait y avoir des gens.

– Ok.

On se tenait la main, mais j'avais envie de plus : le serrer dans mes bras. Mais mon cerveau m'interdisait de le faire. Cette confrontation intérieure devait me faire grimacer car Will me posa la question.

– C'est juste que... j'ai envie de me blottir contre toi, mais il y a encore des gens. Cette ville ne s'endort donc jamais ?

– Le soir, les gens aiment bien venir voir les artistes sur le remblais... En général, il n'y a plus rien à minuit. Donc il va falloir attendre au moins deux heures encore.

– Rooh. C'est trop long.

– Sinon... on peut quand même se faire un câlin, mais les gens nous verront...

Après un instant de réflexion, je laissais mon cœur décider pour moi, et me réfugiais dans l'étreinte protectrice de mon copain. Will, mon copain.

Vacances à la plage - SolangeloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant