Chapitre 9 - Léa

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        Allongé sur mon lit, du moins je crois, je sommeille paisiblement. Je me sens profondément détendu, aucun cauchemar à l'horizon, comme si mes craintes et mes tourments s'étaient volatilisés. Je me sens... bien, et cela m'insuffle une sensation de légèreté que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. J'ai enfin pu dormir une nuit complète, sans qu'un seul cauchemar ne vienne me hanter, sans qu'une seule peur ne m'assaillisse. C'est surement dû aux faits d'avoir joué, peut-être que l'univers m'a enfin libéré, car j'ai finalement osé jouer.

Hélas, mon sommeil étant léger, des voix réussissent à y pénétrer. Je crois distinguer les murmures de Richard et de ma mère, tout près de moi. Je m'efforce de dissimuler ma tête sous ma couverture, espérant les repousser et poursuivre ma nuit, mais en vain, ils persistent. Quelle ironie que, pour une fois où je parviens à sombrer paisiblement, ils arrivent à interférer avec ma quiétude, et ça même dans ma propre chambre.

Attends, dans ma chambre ? Qu'est-ce qu'ils foutent dans ma chambre ?

J'essaie tant bien que mal de les ignorer, mais mes oreilles réussissent à percevoir mon nom parmi les bribes de leurs voix. Intrigué, j'essaie de tendre l'oreille, intéressé par leurs conversations.

— Regarde comme ils sont mignons. J'ai toujours cru qu'elle avait un faible pour Marco, ces deux-là ne se quittent jamais depuis tout petit. Cependant, ce jeune homme ne me semble pas si mal non plus.

— Je reconnais ce jeune homme, c'est Mathieu Lewis, un ami d'enfance de Lucas et digne héritier de la prestigieuse lignée des Lewis. Je ne savais pas qu'ils étaient de retour dans le quartier, Lucas ne m'en avait pas parlé. Il est sûrement venu lui faire une surprise.

— C'est le fils de Nicolas et Maléna Lewis ? Maintenant que tu le dis, la ressemblance est frappante avec Maléna. Néanmoins, dans mes souvenirs, leur fils arborait une chevelure blonde et des yeux clairs, tel un ange, à l'image de sa mère. Pas châtains et ténébreux. Et puis, après la tragédie du décès de Maléna, ils ont quitté le quartier, non ? Mais alors d'où ils se connaissent tous les deux ?

— Je ne sais pas du tout, elle ne t'a pas parlé de lui cette dernière semaine ?

— Absolument pas. Tu sais que nos familles ont rompu tout lien depuis bien des années et elle ne daigne jamais me faire part de ses affaires de cœur, ni même me les présenter. C'est comme si elle gardait tout ça dans un jardin secret.

Mais de quoi parlent-ils, quel garçon ? Ils sont devenus complétement fous ou quoi, moi ramener un garçon ici, sur quel mur ils se sont tapé le crâne encore, depuis quand je ramène un... Oh non ! Lewis ! Je me réveille en sursaut, mon regard se posant devant moi, sur un torse imposant, drapé d'un marcel blanc. Je tente de me libérer, mais ses bras me retiennent fermement dans mon dos. Je suis prisonnière de cette étreinte, bloquée contre ce torse solide et... affreusement confortable. Mon corps était comme pris au piège, incapable de se libérer. C'est à la fois étrange et agréable.

— Mais pousse-toi de là, abruti ! M'écriai-je en repoussant Lewis, cherchant à me libérer. Du moins j'essaie.

Mathieu émerge lentement de son sommeil, encore plongé dans un demi-sommeil. D'une main caressante, il effleure délicatement son visage, chassant les mèches indisciplinées qui s'y trouvent, avant d'ouvrir les yeux. À cet instant, où son regard se pose sur moi, il découvre avec stupeur derrière moi, que mes parents nous observent, enlacés l'un contre l'autre. Pris de panique, il se lève avec précipitation, me lâchant ainsi en plein vol. Je m'écrase lamentablement sur le sol, mes fesses rencontrant la dure réalité terrestre du monde maudit où je vis.

NB LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant