NB Love

Chapitre 20 - Mathieu

Nous nous avançons vers l'entrée, traversant l'immense jardin de la propriété. Je suis toujours admiratif par cette résidence, ses arbres immenses, l'herbe verte, fleurie, ce terrain luisant au fond du jardin qui m'appelle à jouer à chaque fois que je pose les yeux dessus. Monsieur Miller a transformé sa maison en un véritable palace digne du paradis pour tout amateur de basket. C'est incroyable de penser que sa fille ne voulait même plus y jouer, quel gâchis. Si mon père m'avait offert ne serait-ce qu'une seule de ces choses, j'aurais sûrement été plus heureux, et je ne serais pas ici à la recherche d'une solution pour retrouver ma place dans la Ligue professionnelle.

Lorsque j'étais encore parmi les jeunes de la ville, j'habitais à deux pas d'ici, dans la maison de famille des Lewis. Mon grand-père l'avait transmise à mon père à sa mort, et mon père aurait dû me la transmettre à la sienne. C'était le béaba de notre famille, basketteur de père en fils. Cependant, après le décès de ma mère, tout a changé pour lui, il a changé du tout au tout, comme si sa vie s'était envolée avec elle, comme si son essence, le peu d'âme qu'il avait en lui c'était évaporer. Depuis, il a décidé de changer radicalement de vie, et nous avons déménagé dans une immense villa près du centre d'entraînement des Lakers, laissant la maison entre les mains des agences immobilières. Selon lui, je ne mérite pas d'être l'héritier de cette maison, car elle appartient aux hommes forts, aux Lewis. Il a fini par la louer à une famille pour en faire une simple maison de vacances. Une putain de maison de vacances ! Si cette soirée n'avait pas tourné au cauchemar par ma faute, je serais probablement toujours là avec ma mère, dans cette maison, avec mon père. Peut-être aurais-je même eu un frère ou une sœur, j'aurais pu avoir la vie que Miller a eue... Des cris lointains qui se rapprochent me ramènent brusquement à la réalité.

— Hé Matt ? Lewis ! Mathieu ! Me fis sortir de mes pensées, Marco. À quoi tu penses, mec ?

À mes démons, ma mère, le meurtrier que je suis qui a gâché sa vie et la mienne en un virage sur une route étroite ? Oui. Au lieu de ça, je lâche :

— Tu n'aurais pas un conseil à me donner pour apprivoiser le félin qui rode dans cette baraque ? Le connaissant, il va me tomber dessus et je n'ai vraiment pas la force de me battre aujourd'hui. J'ai encore mes contusions liées à mon dernier combat.

Marco se met à rire à la suite de ma question. Qu'est-ce qui l'amuse ? Lucas est autant fou et imprévisible qu'un lion dans une cage, d'autant plus qu'il est en colère et enragé contre moi depuis des semaines. Des semaines qu'il a emmagasinées, cette frustration contre moi, alors oui, il est peut-être totalement hors de contrôle. Passer la porte de chez lui actuellement relève du suicide, même pour moi.

— Je dois avouer qu'elle me fout les jetons aussi quand elle s'y met. Je n'ai aucun conseil pour toi, débrouille-toi, mec. Lâche-t-il entre deux rires. Elle griffe un peu, mais ne mord pas, ne t'inquiète pas.

« Elle ? » De qui me parle encore cette imbécile.

— Offre-lui un truc, peut-être qu'elle s'adoucira.

— Mais de qui tu me parles, Marco ?

— Bah de Miller. Attends, mec, tu me parlais bien de Léa ?

— Je te parle de Diaz, abruti. Quand il est dans cet état, il est ingérable, on ne peut rien lui dire. C'est impossible d'en placer une.

Marco, toujours dans l'excès, ne suit jamais les conversations, il est constamment dans la lune et ne voit jamais le mal nulle part. Vous voyez dans les films, ce gars qui est tout gentil et qui veut toujours aider tout le monde au détriment de son bien-être ? Eh bien, c'est notre Marco international. Beau, drôle, insouciant et surtout complètement perché dans son monde. C'est surement dû au fait, que lui aussi a eu la chance d'avoir une famille plus que parfaite, un père qui possède les trois quarts de l'immobilier de Los Angeles et une mère qui a sa propre ligne de vêtements et de parfums sur le continent.