Depuis une demi-heure déjà, nous sommes là, allongés sur le gazon du Gladys Park, à l'exception d'Evan, partie juste après le match. Comme toujours il reste de son côté, mystérieux presque fantomatique. C'est dans sa nature d'être aussi distant et peu sociable et à vrai dire, ça n'a pas l'air de déranger grand monde.
Étendus dans l'herbe, le vent soufflant sur les arbres autour de nous, nous rions, les muscles encore endoloris par l'effort précédant. Marco s'amuse à faire des lancées de ballon au-dessus de sa tête, le rattrapant à chaque fois avec une précision absurde, tandis que les autres bavardent sans but précis. Le soleil décline doucement, et le ciel se pare de teintes orangées. Les bruits de la ville semblent lointains, presque effacés et un sentiment de paix flottent dans l'air. Je me sens bien, vraiment bien. Ici, entourée de mes amis, sur ce terrain de basket, avec cette fille qui, sans que je sache trop comment, a pris une place importante dans mon quotidien.
Au départ, pourtant, elle m'insupportait. Vraiment. Je ne pouvais dire un mot sans qu'elle m'envoie sur les orties, comme si tout ce que je disais méritait un de ses nombreux commentaire. Et bien que d'ordinaire, l'opinion des autres m'indifférait, avec elle, c'était différent. Ça m'agaçait, et pire, ça me frustrait. Elle trouvait toujours quelque chose à redire sur tout. Alors, forcément, j'ai commencé à la provoquer, juste pour voir jusqu'où je pouvais la pousser. C'était jouissif ! C'était comme si elle exerçait ce pouvoir sur moi, ce truc qui fait que toute mes convictions et mes envies sont balayer d'un seul geste.
Et finalement, maintenant, avec le recul, je me rends compte que c'est devenu quelque chose que l'on partage. Et que ça m'amuse plus que ce que je l'aurai pensé. Elle est devenue malgré moi la seule figure féminine de ma vie capable de m'exaspérer autant qu'elle m'apaise, simplement par sa présence. Je ne sais même pas ce que c'est réellement, on passe du temps ensemble, parfois plus que ce qu'il faudrait mais ça s'arrête là, rien n'a réellement changer. Elle me passe un savon dès qu'elle en a envie et arrive même à trouver des raisons pour m'envoyer paitre alors qu'il n'y en a pas. C'est comme si elle communiquer que par la haine. Alors, ce n'est ni une amitié, ni tout à fait autre chose. C'est un truc à part..., c'est notre truc à nous.
— Eh les gars, vous vous souvenez des conneries qu'on faisait gamins ? Lance Lucas, un sourire nostalgique étirant ses lèvres. Me ramenant ainsi auprès d'eux.
— Je crois que mes moments les plus gênants remontent à cette époque. Confie Giovanna, un sourire à la fois nostalgique et intrigant sur les lèvres. Vous vous souvenez de ce prof de maths, M. Barnet ? Celui qui portait toujours ces jeans moulants... ça lui faisait un cul tellement sexy. Miam. J'étais tellement accro à lui que je faisais exprès d'être nulle en maths juste pour avoir des cours particuliers. Il venait souvent chez moi pour m'aider, et dans ma tête, on avait vraiment un bon feeling. Alors, un jour, j'ai pris mon courage à deux mains et je lui ai écrit une lettre d'amour...
Les autres retiennent un rire, suspendus à son récit.
— Et bien figurer vous qu'il m'avait répondu. Continue-t-elle. Il a dit que j'étais très mignonne et qu'il était flatté... mais que j'étais bien trop jeune pour lui.
Elle poursuit en secouant la tête, comme si elle revivait cet instant.
— Ça encore, je l'aurais encaissé. Je suis jeune, c'est vrai, et je suis mignonne. Mais ensuite, il a ajouté que, de toute façon, c'était trop tard parce qu'il était déjà amoureux de ma mère. Je vous jure que j'ai été traumatisée ! Depuis ce jour, j'ai toujours eu d'excellentes notes en maths, juste pour ne plus jamais avoir à croiser ce prof en dehors des cours.
Les rires éclatent autour de moi, et je me surprends même à rire à mon tour, l'imaginant, toute petite, avec une déclaration écrite en lettres maladroites et réalisant que son béguin était devenu le petit ami de sa mère.

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NB Love
Roman d'amour« M'aimer a été sa bouée de sauvetage, mais l'aimer provoquera mon naufrage... » Léa Miller et Mathieu Lewis partagent plus qu'une passion pour le basket : tous deux sont les enfants de légendes sportives rivales et hantés par la perte d'un parent...