𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝐕

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Andrea

Le plus drôle dans toute cette histoire : jamais je n'aurai imaginé me marier un jour. Les mots de mon père, sur sa donation, sont donc vrais.

"Je te donne l'opportunité d'être aimé par quelqu'un de bon. J'espère que tu ne feras pas l'erreur de prendre n'importe qui, une femme se choisit. Sans ta mère, jamais je n'aurais fondé la plus grande entreprise de cinéma. Jamais tu te serais découvert cette passion que tu aimes tant. Alors je sais, tu aimes me contredire et nous n'avons jamais vraiment été proches. Mais s'il te plaît, Andrea Santos, écoute ton vieux père pour une fois. Penses à ta mère."

Ces dernières phrases m'arrachent un rictus malgré moi. Peu importe ce que je pourrais dire, ces deux personnes sont les seules qui font battre mon cœur de pierre. Ils ont toujours été là, à n'importe quel moment.

Mes yeux s'attardent sur "Nous n'avons jamais été proches." et je sens ma poitrine se resserrer. Marc Santos semblait toujours trop occupé pour s'occuper de sa famille. Entre son travail et ses problèmes médicaux, je ne me rappelle pas avoir passé un seul moment avec lui. Pourtant, c'est avec le cœur lourd que je pense à tous ces souvenirs que nous avons loupés. Pour rien au monde, je changerai mon histoire, mais si je le pouvais, je demanderais juste encore un peu de temps avec mon père. J'aurai aimé le connaître, parler avec lui. Malheureusement, je me suis rendu compte de cela trop tard. La vie est bien faite, toujours une belle mascarade.

On te donne ce que tu ne veux pas, on t'enlève ce que tu souhaites.

Bizarrement, ce sont ces mots qui m'ont poussé à réfléchir à sa proposition. Quand je la vois passer les portes du Cinemundial, dans son pantalon tailleur et sourire aux lèvres, je me demande où cela va nous mener.

Du haut du vingtième étage, adossé à la rambarde de la mezzanine, j'arrive à voir ses épaules rentrées et sa tête légèrement baissée. Iris Jones ne ressemble en rien à une femme fatale. Pourtant, ses nouveaux vêtements lui en donnent l'air.

Cet air qui me manque quand elle s'approche de moi.

D'aussi haut, j'arrive à voir tous les regards se poser sur elle. Malheureusement, sa tête s'enfonce davantage dans son trench, ne voyant pas quel regard ils lui portent tous. Si elle pense faire tâche, la vérité en est tout autre à mes yeux. Ils l'envient tous. Chaque femme présente rêverait lui ressembler tandis que chaque homme se demande pourquoi elle a réussi et pas eux. Comment peut-elle douter alors qu'aucun employé ne brille autant elle ?

La couleur rousse de ses cheveux brille avec le soleil qui les illumine. Sourire aux lèvres, elle traverse le hall, en faisant claquer ses talons. Sa tête bouge dans tous les sens. Peu importe le nombre de fois qu'elle traverse cette entrée, elle le fera toujours de la même manière. Avec les mêmes yeux, ouverts en grand, comme si quelque chose de nouveau allait apparaître. La joie qui se lie sur son visage pourrait impacter n'importe qui.

Quand vous croisez ce genre d'inconnu, vous vous demandez pourquoi votre vie n'est pas pareille. Aussi enjouée...

De tout évidence, elle ne porte pas le même point de vue pour sa propre vie. Cela est triste... pas le fait de ne pas être mariée.

Alors que ses yeux remontent le long de la mezzanine, ses iris bleus rencontrent les miens. Son sourire s'efface immédiatement tandis que ses pieds accélèrent la cadence.

Tu veux jouer à ce jeu-là ?

— Iris Jones.

Sans que je comprenne ce qu'il se passe, ma bouche a déjà articulé son prénom.

Too Busy for Love - ONE SHOTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant