𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝐗𝐗𝐕𝐈𝐈𝐈

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Andrea

Mon téléphone sonne, je regarde l'appel se terminer sans y répondre. Mes oreilles obstruent le moindre bruit, dont la voix de Jaxon qui n'arrête pas de résonner. En face de moi, mon vieil ami m'explique à quel point avance notre dernier projet. Cela fait une semaine qu'Iris a trouvé la solution pour le décor, quatre jours qu'on est rentré du repas de chez ses parents et autant que je me questionne.

Mon doigt appuie une nouvelle fois sur l'écran, comme à chaque fois qu'il s'éteint depuis une heure, et j'admire le sourire qui se dresse sur ses lèvres. Je ne lui ai pas avoué, au cœur du Brésil quand elle a décidé de changer mon fond d'écran, que je ne ferai rien d'autre que le regarder toute la journée. À vrai dire, je ne pouvais pas en être sûr mais je connaissais déjà mes sentiments. Ancrés depuis des mois, il n'y a qu'elle qui n'est pas au courant.

— Tu penses encore à elle ?

La question de Jaxon me fait lever les yeux dans sa direction. Le coude posé sur le fauteuil, sa main soutient sa tête. Un sourire radieux étire ses lèvres, lui aussi il l'a toujours appréciée.

— Je n'arrive pas à me la sortir de la tête, haussé-je les épaules.

— Tu lui as dit ?

Son visage se renferme légèrement. Son sourire s'efface, ses sourcils se froncent, l'ambiance devient tout à coup trop pesante. Le soleil qui perçait les fenêtres disparaît immédiatement et une froideur se fait sentir.

— Je sais...

— Alors, tu ne lui as pas dit.

Sèchement, Jaxon me coupe dans mon explication. Enfin... dans ma tentative. J'allais essayer de défendre l'indéfendable... moi.

— On en a assez de lui mentir pour toi ! Tu n'es pas tout seul dans cette histoire !

Sa voix se fait plus forte, il tape du poing avant de se lever et je me recule légèrement. L'impression que mes épaules pèse une tonne, je me trouve clouer au fond de mon fauteuil, incapable de bouger.

Incapable, tout ce que je n'ai jamais été.

— Elle ne me pardonnera jamais, tenté-je de me justifier.

— Tu sais quoi...

Par-dessus son épaule, Jaxon ne prend même pas la peine de se retourner dans ma direction. Ses yeux me tordent l'estomac. La tristesse mais surtout la déception me frappent en plein visage.

Je vais finir seul.

— Tu l'as perdue le jour où tu l'as abandonnée. Elle t'aimait mais tu as préféré fuir tes sentiments... La vie t'a donné une seconde chance mais tu n'es même pas capable d'admettre tes fautes.

— Je l'aime !

Ces trois mots franchissent mes lèvres avant que je puisse les ravaler. Le visage de Jaxon recule de quelques centimètres, comme si je venais de lui mettre une claque.

Wow.

Je n'aurais jamais cru qu'il me regarderait un jour avec cette expression.

— Bien mon pote... j'espère que tu lui as répété assez de fois pour qu'elle oublie la vérité.

— Je ne peux pas lui dire.

Si un regard pouvait tuer, ce serait le sien. Le venin qui s'apprête à sortir de sa bouche va faire mal.

— Nelly le fera.

Trois mots et mon monde s'effondre sous mes pieds. Mon téléphone vibre au même moment, je vois son sourire, ses yeux, ses cheveux, la brillance qui émane d'elle. Portée comme une princesse, au milieu des enfants, mon regard est porté sur elle et je souris, car c'est la seule chose que je peux faire auprès d'elle. À ce moment-là, j'en avais oublié la réalité, celle qui stipulait que j'étais un mensonge.

Too Busy for Love - ONE SHOTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant