𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝐗𝐗𝐗𝐗𝐕𝐈𝐈

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Iris
Italie, un an plus tard

— Tu ne penses jamais à rentrer ?

Assise à notre café habituel, je sirote mon matcha en face de Jaxon. Je manque d'avaler de travers en entendant sa question et alors que je m'apprête à répondre, il hausse les épaules et sourit.

— Laisse tomber, c'était bête.

— Pourquoi tu penses à ça ? posé-je mon verre pour ne pas faire plus de dégât.

D'un geste habile, je fais descendre mes lunettes de soleil sur le bout de mon nez. Nelly avait raison, en porter rend plus confiante.

— Regarde-nous, pointe Jax, nous cherchons le passé dans chacun de nos faits.

Mon regard suit le sien et je tombe dans notre reflet. Habillés comme des européens, longue jupe pour ma part et chemise ouverte pour lui, on se fond parfaitement dans notre nouvel environnement... qui n'est plus si nouveau.

C'est drôle, en douze mois, je ne nous ai jamais réellement regardé. Il est vrai qu'on se trouve tous les deux au café comme j'avais l'habitude de le faire avec Nelly. Je porte ses lunettes, j'ai vraiment l'impression, durant quelques secondes, que l'on s'est juste déporté à l'autre bout du monde. Mais cette pensée ne dure qu'une fraction de seconde car une chose me frappe, et elle est essentielle.

Nous sourions.

Jaxon pose ses yeux sur moi, il me rappelle la couleur noisette de ceux d'Andrea et je me laisse y penser. Les premiers mois ont été durs, que ce soit pour moi ou pour lui. On ne se parlait pas vraiment, nous avions peur de ce que l'autre pouvait penser ou même dire à ceux qui était rester à Los Angeles. Puis, nous avons appris à nous connaître. Nous n'étions plus "le ou la meilleur/e ami/e de...", on a appris à s'apprécier pour ce qu'on représentait l'un pour l'autre.

De vrais amis.

— Tu n'es pas heureux ? me penché-je pour lui arracher un sourire.

Mon épaule bouscule la sienne et il s'éloigne le plus possible. Ses lèvres s'étirent comme je le souhaitais et les miennes font de même.

— Je suis heureux mais ma vie d'avant me manque... je...

— Elle te manque, je comprends.

En douze mois et plein de discussions, nous n'avons jamais évoqué Andrea et Nelly. Pourtant, je le sais, il lui arrive de me regarder quand je porte mes lunettes de soleil, les siennes... Tu peux tenter d'oublier avec ton esprit mais un cœur qui aime te rappelle toujours à l'ordre.

Jaxon a les mêmes yeux d'Andrea. Parfois, je me plonge dedans juste pour ressentir les sentiments qui m'emparaient quand je posais mes yeux sur lui. Mais ce n'est jamais pareil, on ne remplace pas le grand amour.

— Il me manque aussi, avoué-je à demi-mots.

Ma voix est à peine assez forte pour que j'entende la phrase que je viens de prononcer mais je sais que Jax a très bien comprit. Il enfonce son café noir et serré, comme celui qu'Andrea buvait, dans sa gorge sans dire aucun mot. Parfois, parler ne sert à rien.

Mon ami ne parle jamais pour rien dire.

Pourtant, aujourd'hui doit être une exception à la règle.

— Pourquoi tu ne fais rien alors ? Pourquoi tu ne cours pas vers lui pour être enfin heureuse ?

Bonne question.

C'est à mon tour de baisser la tête et de ne pas répondre.

Avant de partir et même les premiers mois, j'avais espoir qu'être à l'autre bout du monde me répare mon cœur. Mais finalement, plus les jours passent, moins je crois que c'est la distance qui m'a sauvé. Je pense simplement que le temps et l'acceptation ont joué leur rôle.

Too Busy for Love - ONE SHOTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant