𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝐗𝐗𝐗𝐈𝐈

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Dix mois avant l'accident


Iris

J'ai toujours voulu avoir mon indépendance. Toute jeune, déjà, je rêvais de vivre seule. Mes parents, Magnolia, rien ne me retenait alors quand Nelly m'a proposé une colocation, j'ai sauté sur l'occasion.

Tous les soirs, nous nous attendions pour manger, regarder notre série ou même parler de nos journées. Nous avions trouvé notre équilibre et je dois avouer que ça faisait du bien. J'avais enfin quelqu'un qui m'apportait de l'attention tous les jours car il ne faut pas croire, être seule à longueur de temps peut être pesant.

J'ai toujours été très indépendante. Je ne racontais jamais mes états d'âme à autrui, cela n'intéresse pas grand-monde et je ne voulais pas accabler les personnes que j'aimais avec mes problèmes. Alors j'ai appris à me taire, à prendre sur moi, serrer des poings et affronter la moindre épreuve sans en parler.

Il y a quelques années, en sortant du lycée, je vous aurais sans doute dit que j'étais heureuse mais ce n'était pas vrai. Mais pas totalement un mensonge non plus. Je ne me rendais juste pas compte qu'un bonheur plus grand existait.

Le premier jour de notre cohabitation, Nelly a écrit une liste de choses à retenir. Comme des règles qu'on était obligé d'appliquer dans cet appartement. Le seul point important était le numéro 1 : "interdiction de pleurer seule".

Je n'avais jamais pleuré dans les bras de quelqu'un d'autre.

Le seul à avoir vu mes larmes, c'était mon oreiller.

La première fois que j'ai pleuré dans les bras de ma meilleure amie et qu'elle m'a réconforté, je me suis demandée comment j'avais fait pour vivre aussi seule auparavant. Tu as beau être entouré par de nombreux amis, il n'y a que ceux qui sont là pour te réconforter qui t'aiment réellement.

Alors oui, Nelly n'avait pas su m'enlever ma peine mais au moins, je n'étais plus seule grâce à elle.

Ça faisait sept ans que je vivais avec ma petite brune. Sept ans qu'à chaque fois que je rentre, il y a du bruit, la télévision allumée et son rire qui résonne jusqu'à mes oreilles. Et au bout de tant d'années, je ne pensais pas être aussi impactée par le silence.

Pour la centième fois de la journée, mes yeux parcourent l'ensemble de la pièce. Blanche et noir, lugubre et sans vie, je n'ai pas l'impression d'être chez moi et pourtant, ça l'est.

Mon nouvel appartement, plus si nouveau car j'habite ici depuis deux semaines, me semble impersonnel. J'ai accroché quelques photos sur le mur, juste au-dessus de la télévision, installé mes rideaux roses pour amener de la couleur à la pièce mais rien n'y fait... je ne serais jamais chez moi.

Désespérée, ma tête retombe sur le divan beige. Loin d'être confortable, j'ai l'impression d'atterrir sur un sol bétonné. Il est peut-être beau mais il ne remplit même pas la fonction principale d'un canapé.

L'extérieur passe mais l'intérieur est pourri.

Ça me rappelle quelqu'un.

Mon téléphone sonne quand une odeur de cramé vient me chatouiller le nez.

—  Mon risotto !

Mon cerveau a à peine le temps de comprendre, que je suis déjà levée et cours à la rescousse de mon plat de ce soir.

— Juste à temps.

Je me débarrasse de la casserole et répartis mon repas en deux assiettes. Heureusement, juste le fond à légèrement brûlé mais le goût n'a pas été impacté.

Too Busy for Love - ONE SHOTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant