Too Busy for Love - ONE SHOT

𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝐗𝐗𝐗𝐗𝐕

J'ai hésité à poster... mais je me suis dit que les plus tardifs apprécieraient.
Bonne lecture 🧸

...

Iris

Le monde est vaste. Si vaste que tu peux te poser sur un banc, observer les gens affluer autour de toi, et te rendre compte que personne ne ressent les mêmes émotions.

Prenons l'exemple de la petite fille qui mange sa glace au soleil, elle sourit si intensément qu'elle pourrait éblouir le papi qui la regarde, juste en face. Lui aussi se délecte d'une douceur sucrée mais son sourire n'est pas le même. Il se demande, tout autant que moi sans doute, pourquoi cette glace que nous mangeons tous les trois, n'a pas le même effet sur elle mais surtout sur nous. Qu'a-t-elle de plus, ou de moins, qui la rend si heureuse ?

La petite fille dégage tellement de joie comparé à ce vieux monsieur, comparée à moi.

Si je me mets à nous opposer, il y a tellement de choses à dire. Des ressentis, des expressions, nos comportements, rien que nous trois montrons qu'on ne ressemble en rien aux gens qui nous entourent. On ne ressent jamais les émotions de la même manière.

Pourquoi ?

Parce que Dieu ne réserve pas le même parcours à tout le monde. Du haut de ses dix ans, la petite fille rêve tranquille. Aucun cauchemar ne vient envahir ses pensées comme nos démons nous consument, le grand-père et moi...

Un rire résonne et je regarde cette femme. Toutes mes pensées noires disparaissent car elle vient les éradiquer d'un mouvement de cheveux. Elle est éblouissante, captant non seulement mon regard mais celui de tout le monde. Dans ce petit parc, autour du glacier, chaque personne mange sa glace dans le silence sauf elle. Alors oui, la petite fille aspirait à l'innocence, à l'envie de retourner là où la vie était facile, mais tout à coup, ce n'est plus mon souhait.

Je veux être comme cette femme.

— Pourquoi sommes-nous à l'hôpital ? Il y a plus joyeux...

La question de Nelly me laisse perplexe quelques secondes. Mais seulement quelques secondes. Je sais très bien pourquoi nous sommes là, enfin... pourquoi je suis là.

Il y a peu d'endroits comme celui-ci, où chaque personne a un point commun : l'envie de vivre.

Si nous regardons plus attentivement la petite fille, le grand-père ou encore cette femme, nous remarquons qu'ils portent tous ce vêtement affreux... la fameuse blouse de l'hôpital. Alors oui, je suis d'accord avec Nelly, beaucoup d'endroits sont plus divertissants que celui-ci et pourtant, c'est ici qu'on apprend les plus belles leçons de vie.

L'enfant, je la connais très bien. À chaque fois que j'ai rendu visite à Laelia, je l'ai vue attendre sa glace et s'en délecter comme si elle n'en mangeait pas une tous les jours. À la même heure, le glacier fait sonner sa cloche et cette petite fille est sa première cliente. Son sourire est toujours aussi radieux, elle ne se plaint jamais de sa maladie, même quand elle doit rentrer à cause de ses poumons défectueux. Rien ne l'empêche d'assouvir son besoin de glace, même pas un temps catastrophique. La jeune enfant s'accroche à son but et je trouve ça magnifique.

Le grand-père, son histoire est légèrement différente. À ma première visite, il n'était pas seul, sa femme l'accompagnait toujours. Dans l'incapacité de bouger, il ordonnait à sa femme de rester assise et lui ramenait une glace toujours différente. Au début, il a fait le tour des parfums, puis quand ils étaient tous écoulés, il en mélangeait deux pour qu'elle croit que c'était encore des nouveaux. La femme n'était pas dupe mais pour lui et le sourire véritable de son mari, elle ne disait rien. Ils formaient un couple super, jusqu'au jour où elle est partie. Durant de nombreuses semaines, il n'est pas sorti dans le petit parc de l'hôpital, jusqu'au jour où il a décidé de le faire en sa mémoire. Depuis, il est toujours là et regarde cette petite fille. Parfois, il sourit et se retourne, exactement là où se trouvait sa femme. Ce sont les moments les plus tristes et pourtant, il ne loupe pas un seul jour pour perdurer leur tradition.