𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝐗𝐗𝐗𝐕

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Sept mois avant l'accident 


Andrea

Elle est venue.

Pendant un court instant, assis à ma table, j'ai sincèrement cru qu'elle ne viendrait pas. Je l'aurais compris, comme je comprends pourquoi elle m'évite depuis trois semaines.

Vêtue d'une longue robe fleurie, sa beauté rend toutes les autres femmes obsolètes. L'orange est une couleur qui lui va si bien.

Iris avance pour se diriger sur la terrasse du restaurant, là où je me tiens. Je porte le whisky à ma bouche, juste pour avoir assez de courage pour ce qui va suivre.

Tu vas en avoir besoin.

— Monsieur Santos, me salue la rousse.

Je grimace à l'entente de mon nom de famille mais je lui souris tout de même, nous sommes là pour éteindre le feu et non l'envenimer.

— Madame Santos, utilisé-je le même titre.

Une lueur vient raviver le bleu de ses yeux et même si je ne comprends pas ce qu'elle signifie, j'aime beaucoup le sourire timide qui étire ses lèvres.

— Tu vas bien ?

Tu aurais pu faire mieux.

Comme à mon premier date, ou celui d'un enfant de quinze ans, la boule dans mon ventre s'agite dès qu'elle daigne me regarder. D'une manière si élégante, elle goutte à sa coupe de champagne. Sa bouche rencontre le haut du verre et je n'arrive pas à m'en décoller.

Rester éloigné de la femme qui te consume relève d'un exploit. Ces dernières semaines ont sans doute été les pires de toute ma vie. À chaque levée du jour, je savais qu'elle ne m'accorderait aucun regard, ni sourire. Ce sont eux qui m'ont le plus manqué. Inconsciemment, j'avais pris l'habitude qu'elle m'encourage silencieusement à chaque réunion. Depuis qu'elle ne me parle plus, les heures se sont écoulées au ralenti. J'ai besoin d'elle mais je m'en rends compte quand elle me déteste.

— Tu peux arrêter de faire semblant, Andrea ?

Le serveur nous amène les assiettes au même moment. Ses yeux s'arrondissent en comprenant que ce n'est pas une blague, qu'on va réellement dîner ce soir.

— Tu m'as invité pour manger ?

Iris s'apprête à se lever quand je pose mes doigts sur sa main. Elle sursaute à mon contact et je déteste la réaction de son corps.

Il y a trois semaines, quand cette photo a fuité, je n'ai pas réalisé le mal que j'avais fait autour de moi.

Mon père l'a vu et m'a demandé des comptes. Jaxon, même à l'autre bout du monde, m'a pourri la vie en disant que je ne méritais pas, Iris. Il avait raison, j'en ai conscience.

Tous les jours, chaque heure et même chaque seconde, je me demande comment elle a pu m'épouser. Comment arrive-t-elle à me regarder avec tant de tendresse malgré tout ce que je lui fais vivre ?

— Je... je voudrais qu'on parle, la supplié-je.

Ce soir, je ne cherche plus à être plus fort ou celui qui a le plus d'égo. Non, tout ça je lui donne en échange de tout ce qu'elle a à m'offrir. Je sens cet organe battre pour elle, peu importe combien de fois j'ai tenté de l'oublier ou de nier ce que je ressens, mon corps a besoin d'elle.

Tous les matins, je déteste quand je vois qu'elle jette mon café sans même regarder les mots que je laisse dessus. Chaque soir, mon ventre se tord quand je réalise qu'elle est partie, une fois de plus, sans me prévenir. Mais par-dessus tout, je ne supporte plus de voir qu'elle est heureuse loin de moi.

Too Busy for Love - ONE SHOTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant