Too Busy for Love - ONE SHOT

𝓒𝓱𝓪𝓹𝓲𝓽𝓻𝓮 𝐗𝐗𝐕

Iris

Du bout des doigts, je retrace l'ensemble de son visage. Ses paupières sont closes, ne me permettant pas d'admirer la couleur noisette de ses yeux. Sa peau dorée brille un peu plus que les autres matins, le soleil l'illumine d'une étonnante façon. Les rayons rencontrent le côté droit de son visage, lui donnant un air inaccessible, un peu trop brûlant, chaud. Mon index se pose délicatement sur son nez droit, de profil, on dirait un dieu grec. Bien qu'il le soit aussi de face, et sur tous les angles. Mes doigts descendent un peu plus bas, sur cette bouche pulpeuse. Chacune de ses lèvres demande d'être prise, charnue, légèrement rosé, je me demande comment j'ai pu tenir aussi longtemps loin de lui.

Du plus loin que je m'en souvienne, mon attirance pour lui n'a jamais disparu. Je me souviens encore de notre première rencontre. Le stresse m'avait paralysé devant lui, une lueur avait parcouru ses pupilles. Je sens encore son regard se poser sur chaque partie de mon corps. Il avait fait naître en moi un sentiment que je ne connaissais pas.

Doucement, petit à petit, sans que je comprenne comment, ni pourquoi, Andrea s'est inséré sous ma peau. Il fait battre mon cœur comme nul autre, il me consume mais pas d'une façon douloureuse. Et si ça vient à l'être, il est toujours là, il lui suffit de battre des cils pour que mes maux m'abandonnent. Cet homme, mon mari a toujours les mots justes, bien équilibrés entre gentillesse, respect et amour.

Les deux mains sous ma tête, tournée dans sa direction, je me mets à le regarder mais différemment cette fois. Je ne m'attarde plus sur son physique, bien qu'il soit parfait de l'extérieur, l'intérieur ne lui ressembla pas.

Personne ne peut être parfait, je commence à le comprendre. Toute ma vie, j'ai essayé de l'être aux yeux de mes parents, de mes amis, de lui mais plus les jours passent, moins je pense que cet objectif est atteignable. Doucement, grâce à lui, à Nelly et toutes les personnes qui ont appris à m'aimer, je me fais à l'idée que je ne pourrais jamais tout contrôler. Je ne peux pas deviner les sentiments d'une personne qui découleront de mes actes, encore moins, savoir comment il va réagir.

Alors, plus jeune, j'avais beau travailler à l'école pour être la meilleure, essayer de devenir plus jolie avec les critères de beauté, il me manquait quelque chose de crucial.

Personne n'aime la superficialité.

Et c'est ce que j'étais. Je tairais la vraie moi afin de ressembler plus aux autres.

Nelly, puis Andrea... Ce sont les deux seuls qui me connaissent réellement et je le vois, dans leurs yeux, j'ai fini par briller.

Il ne me permettra jamais de le dire mais cet homme est une bonne personne. Quand il se regarde dans un miroir, il voit peut-être cet enfant qui se sent responsable de la mort de sa mère, mais il ne le voit pas comme moi je le vois. Même endormi, je peux l'affirmer, Andrea est bon et bien plus qu'il ne veut l'avouer. De nombreuses larmes ont coulé avant que je lâche prise. Il ne pourra jamais me donner l'entièreté de son temps et je le comprends, parfois, il lui arrivera de réagir impulsivement mais c'est comme ça. Quand on tombe amoureux d'une personne, ce n'est ni pour le changer, ni pour ruminer sur toutes ces choses qui rendent notre couple imparfait.

À ses côtés, quand je regarde son torse se soulever puis redescendre, dans cette chambre qui est devenue mienne à partir du moment où je me suis étendue sur ce lit, l'apaisement est le seul sentiment que je ressens. Bizarrement, il lui a suffi de poser ses yeux sur moi pour que tous mes doutes s'abandonnent un à un.

Bien que je ne me souvienne pas de ces trois dernières années, je me rappelle suffisamment de la "moi" d'avant. Cette femme qui se souciait sans cesse du regard des autres et d'autant plus de celui de ses parents. Chaque minute, elle se demandait comment attirer leurs attentions, ou même recevoir un peu de considération. Cette Iris qui était prête à faire n'importe quoi, même à devenir secrétaire. Alors oui, ce poste tombait bien, j'adorais le cinéma mais c'était loin d'être le travail de mes rêves. Je sortais à peine de l'école, mes parents me poussaient déjà à me marier, alors j'ai foncé.