Chapitre 5

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Mouhamed Djamil Fall

Le regret est là plus grande tragédie de la vie. Tel un parasite, elle pourrit notre existence. Il devient ce petit feu qui nous consume petit à petit.Une innocence volée, une mère trahie, une enfance mensongère....La fougue de la jeunesse nous a envahi, perdant nos valeurs et assombrissant notre futur. Mais, cette paire paire d'œils charbonneuse me fît oublier la raison de ma venue. Certes, la vérité du temps révèlera toujours la réalité des choses surtout des gens. Je ne pourrais point le nier. Cependant, je suis incapable d'embraser cette lueur qui crépitent au fond de ses yeux. Je refuse de laisser la lueur qui illumine ma vie s'éteindre. Peu importe ce qu'elle pense elle restera aujourd'hui et à jamais ma lumière, ma fille. C'est égoïste, car c'est seulement en lui donnant de l'amour que j'espère effacer mes dettes d'antan...
-Papa je peux savoir ce que tu fais là à cette heure ? En plus j'aurais vraiment pas dû laisser le double de ma clé chez vous.
-Sama lére, je t'ai apporté à manger. Je sais que nul n'était ta mère personne n'arrivait à te faire manger sainement.
- Pa, tu n'es pas là pour qu'on discute de pluie et de beau temps n'est-ce pas ? On a tout les deux mieux à faire.
- Je peux comprendre que tu m'en veuilles Noor. Mais jeter tes invités dehors, c'est pas bien ma chérie. Déposes tes bagages, prends ton bain , et viens faire de ton vieux père ton fervent serviteur.
- Mais Pa, demain je dois ..
- Khadija Noor Fall, tu sais bien qu'il est nécessaire qu'on ait cette discussion.Tu as quinze petites minutes.
Elle fit la tête avant de se diriger vers sa chambre claquant fortement sa porte pour me faire comprendre son mécontentement.
Je pourrais tout supporter. Que ne ferait je pas pour ma fille. Ma fille oui, bien évidemment qu'elle l'est. Même si on ne partage pas le même sang . J'ai vu grandir cette petite, je l'ai vu rire, pleurer, hurler, danser. Je l'ai chéri de tout mon être. Je lui ai appris à marcher, ses premiers mots, son premier jour d'école. Tout l'amour que Soukeyna avait refusé de recevoir de ma part, je l'ai donné à sa fille, notre fille.
Les quinze minutes étaient écoulées. Elle revient démaquillée et dans une tenue plus confortable. Je pus apercevoir ses cernes sur son visage clair. Mais je préférais ne pas en parler pour le moment. Nous prîmes le dîner et nous posions dans le salon calmement. Chacun ruminant ses propres pensées.
-Vingt cinq ans d'existence, commença Khadija, vingt cinq années que je vivais avec vous. Pourquoi m'avoir caché une vérité si grave Pa ?
- Ce fut également vingt cinq ans de bonheur, d'espérance, de lumière. Au vu de ta réaction d'aujourd'hui, il me semble pourquoi on dit que toute vérité n'est pas bonne à dire ma Noor.
Tu sais chez ta mère, ils t'avaient appelé Khadija. C'est moi qui ai ajouté ce Noor pour marquer la lumière que tu représentes pour moi.
-    Ton silence a été une véritable déception pour moi . On était si proche. Plus proche de toi que de mère Keyna. J'aurais préféré entendre la vérité de ta bouche que de voir yaye accumuler ses dernières forces pour me la dire.
-    Je sais. Mais ce n'était pas ma vérité. Ta mère attendait le bon moment pour t'en parler. Et je n'avais pas le droit de la devancer.
-    Ça a été un supplice pour moi de perdre ma mère. Mais encore plus de savoir que je n'étais pas une Fall.
-    Ne redis plus jamais ça. Tu es et tu resteras une Fall toute ta vie. Parce que jamais je ne cesserai d'être ton père Khadija.
-    Et excuse moi mon Buur pour mon comportement de ces derniers jours, je n'aurais jamais dû rejeter tout le tort sur toi.
-    C'était légitime et je comprends.Aller viens dans les bras de ton père.
Elle se blottissait contre moi et j'en oubliais toutes les souffrances du monde. La famille ce n'est pas seulement le sang. C'est aussi ces personnes qu'on aime du plus profond de notre cœur, sans savoir le pourquoi. Ces personnes qui illuminent nos vies par leurs sourires. C'est ça la famille.
Elle soulève sa tête et me fait face. À des milliers de kilomètres je pouvais sentir venir la question fatale. Cette question dont je ne pourrais lui donner la vraie réponse.

-    Papa, dans le passé, as-tu connu mon père biologique ?

KHADIJA NOOR FALL

À cet instant, le temps était suspendu aussi bien pour lui que pour moi. Je le vis triturer ses doigts hésitant à me répondre.
- Peu importe la dureté, je veux juste la vérité Pa,  lui dis je en prenant ses mains.
- Je ne l'ai jamais connu malheureusement.
Mes épaules s'affaissent. Une autre déception. J'aurais aimé le rencontrer rien qu'une fois. Lui parler,  lui  poser des questions.
-Ma chérie, tu m'as vraiment manqué ces derniers jours. Ne t'avises plus à bouder ton vieux père.
- D'accord père Fall. Legui meune ga gnibi nak. Demain je dois aller au travail. Et avec Hulk vaut mieux que je ne sois pas en retard.
- Je vais pas te déranger encore plus. Je t'attend ce week-ends à la maison. Tu vas tout me raconter.
- Okay. Fais attention sur la route je t'aime.
- Au revoir ma lumière.
Et c'est ainsi qu'il prit congé. Faut croire que je ne pouvais pas lui en vouloir plus longtemps. Il a toujours été là pour moi. J'ai toujours tout partagé avec lui. Et son amour a été mon plus grand ancrage dans ce monde. Il est l'heure pour moi d'aller au lit. Après cette journée, je mérite une bonne dose de sommeil.

Narrateur externe

Père et fille étaient arrivés à se retrouver. Leur affection pour l'un et l'autre n'était  plus à l'ordre du jour. Ils s'aimaient et ça même Soukeyna n'avait rien pu y changer. Khadija venait encore de renouveler innocemment sa confiance à son paternel. Mais, celui-ci a sans nul doute omis certaines choses qui seraient vraiment importantes pour notre héroïne. Lui comme nous, savons que même si la vérité prend les escaliers, elle finit toujours  par arriver. Avoir menti à sa fille pour ne pas perdre son amour, semblait juste pour le vieux Fall. Comment réagira celle-ci à l'aube d'une nouvelle vérité acquise. Le temps nous le dira.....

À ma destinée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant