Chapitre 10

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ABIBATOU DIOP (Mme Sall)

Trentes années de mariage, trentes années d'ignorance. Mais que faire, c'est moi qui ai décidé qu'il en soit ainsi. Des regrets ? Je n'en ai pas. C'était le prix à payer pour faire vivre ma famille dans l'opulence. Et pas seulement ça, j'en avait marre de la voir briller comme une étoile. On était toujours ensemble, mais on ne voyait qu'elle, tant qu'elle était là, j'étais destinée à être son ombre....
Je remettais le pan de mon «tagal » qui pendait, essayant de balayer ainsi mes pensées. Aujourd'hui, j'ai pris la ferme décision d'aller voir mon fils dans son lieu de travail. Depuis qu'il a quitté la maison familiale, je ne l'ai pas revu. Il m'appelle rarement et c'est à peine si on discutait sérieusement. S'il adopte ce comportement avant même d'être marié, comment sera t-il quand ça sera le cas ?
Mon fils est ma seule lumière dans ce tourbillon ténébreux. Je ne laisserai personne l'éteindre, même pas lui. Il est le fruit de cet amour, un amour éphémère, mais qui a quand même existé. Ou du moins qui existait de mon côté. Je suis sûr qu'il m'a aimé. Que si elle n'était pas revenue dans nos vies, qu'on serait heureux ensemble avec notre enfant. Mais hélas, elle rôdait toujours dans mes pattes, aspirant tout ce qui m'était due.
Après m'être parfumée, je descendis, demandant au chauffeur de me mener à Techcorporation. Et heureusement pour moi, la circulation était assez fluide. C'est rare qu'en début de semaine qu'on ne soit pas confronté aux embouteillages de Dackar. C'était à se demander si toute la ville était véhiculée.
Quelques minutes après, on était arrivé. Je descendis avec prestance de ma voiture, attirant tout les regards. J'entre et me dirige à l'accueil. Comme c'est la première fois que je viens ici, je ne pouvais savoir où se situe le bureau de Rachid.
– Bonjour Mme Ndiaye, saluais je en lisant le nom affiché sur le badge accroché à son cou.
– Bonjour, en quoi puis je vous aider ?
– Au fait, je suis là pour voir monsieur Sall.
– D'accord je vois. Avez vous pris rendez-vous avec lui ?
– Oui bien sûr ; mentis je, sachant que si je disais la vérité, qu'on ne me mènerait jamais à lui.
– Il n'a pas encore de secrétaire, donc je pourrais pas vérifier. Afin d'éviter toute mésentente, je vais moi même vous accompagner pour m'en assurer.
– Pas de problème.
Elle fit un signe de main à un de ses collègues pour qu'il la remplace et on se dirigea vers l'ascenseur qui nous mène au quatrième étage. Les locaux de l'entreprise étaient vraiment trop beaux. On pouvait tout reprocher à mon mari, sauf le manque de goût. Arrivé là bas, je remarque que cet étage était constitué de deux pièce. Et l'un des bureaux était ouvert, il n'y avait personne. J'en déduis donc que l'autre était celui de mon fils. Avant que la dame n'ait le temps de toquer, j'ouvrais la porte.
– Mais madame,.....
Le reste de sa phrase mourut dans sa gorge, on était toutes les deux stupéfaites par la scène qui se déroulait sous nos yeux. Mon fils, Mouhamed Rachid Sall, entrain d'embrasser avidement une femme dans son bureau.
– Noor, appela la jeune dame qui était à mes côtés.
Ils sursautaient tout les deux, surpris par notre présence.
– Ramatoulaye Loy déf fi , (Que fait tu là ) , dit cette dernière. Et elle a l'audace de l'ouvrir.
Plus je la regarde, plus je reconnais les traits de son visage. Celui ci ne m'était pas inconnu.
– Ma , tu tu es là depuis quand ? demande mon fils
_ Assez longtemps pour voir comment tu passes tes heures de travail.
– Je te le jure, ce n'est pas ce que tu crois......
Je ne l'écoutais plus. Je venais de mettre un nom sur la propriétaire de ces traits de visage. Comment ai je pu hésiter, commencerais je à oublier le visage de mon ennemi. Mais ça ne peut être qu'une simple coïncidence. Le destin ne peut se permettre d'être si cruel avec moi. Il ne peut pas mettre sur la même route nos enfants, c'est impossible. Je sortis de ma léthargie en entendant les brimades de Rachid envers l'agent de l'accueil.
– Vous, ne vous avais je pas précisé de ne plus entrer dans mon bureau sans pour autant toquer. Vous venez de signer votre renvoie soyez en sûr.
– Tu ne vas pas la renvoyer, c'est moi qui suis entrée et elle m'a suivi; dis je en prenant sa défense. Retournes à ton poste madame, quelqu'une sera renvoyée aujourd'hui mais pas toi. Laissez nous seul.
Je continuais toujours à fixer cette fille, comme l'autre, elle avait cette rare beauté, je n'en reviens pas de leur ressemblance. Elles sortirent, nous laissant Rachid et moi seuls.
– Ma laisse moi t'expliquer s'il te plaît.
– J'en ai pas besoin. Donc ceci explique le fait que tu aies insisté pour quitter la maison. Tu ne veux pas qu'on te surveille c'est ça ? Tu vis avec cette fille Rachid ? Amo béne diom (aucune vergogne), tu te fous en l'air en plein milieu de travail.
– iiiiii yagui wakh gros mots d ( tu dis des gros mots ). Assis toi, je t'emmène de l'eau pour te calmer.
– Je ne blague pas Mouhamed Rachid. Écoute moi bien : One dagay dakh khalé bi, two dagay dakh khalé bi, three dagay dakh khalé bi (tu la renvois ) ; c'est compris ?
–Ma, je peux pas faire ça, papa péterait un de ces câbles et en plus elle fait bien son travail.
– En quoi ton père est il mêlé à cette histoire ?
– Avant de prendre service, il m'a certifié de ne jamais m'en prendre à sa protégée Khadija Noor Fall. Je n'ai pas encore compris pourquoi, mais j'essaie.
Quoi ? Donc c'est vraiment sa fille. Saïd ne peut pas me faire ça. Comment il a pu jeter mon fils dans la gueule du loup? Sa fille avec mon fils, non c'est impossible. Je vois celui-ci me regarder bizarrement, il faut que je me reprenne avant qu'il ne se doute de quelque chose.
– Bon en attendant que je règle cette histoire avec ton père, éloigne toi d'elle. Je m'en vais et passe dîner avec nous, c'est un ordre.
Je sortis de son bureau et quitta l'immeuble très rapidement. En furie, j'avais beaucoup de choses à dire à mon cher mari.

Khadija Noor Fall
Une erreur, voilà comment il appelait notre baiser. Je tombais des nues. Curieuse, j'étais restée à la porte pour écouter et j'ai pu entendre tout ce que mère et fils ce sont dits. Décidément, cette dame après ses œillades bizarres, veut carrément me faire renvoyer. Mais, ce qui me fait le plus de mal ce sont les mots de Rachid. Moi qui commençais à l'apprécier, à trouver en lui une échappatoire, me voilà rappelée à la triste réalité. Je sais que c'était inattendu, mais de là à taxer ceci d'erreur c'est vraiment méchant. Et le pire, c'est que j'ai apprécié. J'ai aimé sentir ses douces lèvres se mouvoir contre les miennes. Sentir la chaleur de sa langue chercher refuge chez la mienne, avant de mener cette danse endiablée qui nous a coupé le souffle.
Mais jamais il ne le saura, je m'en fais la promesse. Tu veux jouer Mouhamed Rachid Sall donc jouons.
C'était l'heure de la pause, mais je n'irai pas à la cafétéria. Ramatoulaye risque de me manger toute crue et je ne pourrais pas supporter ses débits de paroles. Je mangerais quand je rentrerai....
Le reste de la journée était vite passé. Je rangeais mes bagages rapidement avant qu'il ne vienne me chercher pour qu'on rentre. Comme on habitait le même quartier, j'ai accepté qu'il me dépose par flemme de conduire. Donc je serais obligée de prendre un taxi pour regagner ma maison.
Très rapidement je fermais mon bureau et quittais l'entreprise, me cachant non seulement de Rachid mais aussi de Ramatoulaye. J'avais réussi à éviter l'un mais l'autre est une plaie, elle est toujours là peut importe les dispositions qu'on prend.
– Wa boy fo daw dieum akh koy daw (tu cours où comme ça et de qui te caches tu ?)
– De personne Rama, je m'en vais chercher un taxi, ma voiture est en panne.
– En panne ? T'es sûr ? Tu crois que je t'ai pas vu te faire déposer par le patron ce matin et cerise sur le gâteau, on vous surprend entrain de lolou nonou.
– Je ne veux pas en parler.
– Aller miss raconte tout à tata Rama. Je ne comprends plus rien, rien que le vendredi tu disais le détester et aujourd'hui lundi vous vous aimez ; c'est bizarre.
– On ne s'aime pas, c'était un accident nuance. Et j'ai trouvé un taxi. À demain , m'empressais je de m'engouffrer dans celui ci, pour fuir la discussion.
Sacrée Ramatoulaye, tant que je ne lui aurais pas tout raconté, elle ne me laissera pas en paix .
J'étais déjà loin quand mon téléphone sonne. C'était lui, cherchant sûrement où j'étais. Je laissais sonner dans le vide, la tête sur le vitre, admirant le paysage. Dakar is very beautiful.

      Fin du chapitre......................................................

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