Khadija Noor Fall"La prière est pour le croyant une prescription à des moments déterminés". (IV, 102)15.
Je ne pouvais m'empêcher de repenser à ce verset après avoir fini ma prière. Comment ai je eu le courage de la délaisser ? Une fois rentrée, je servi un au revoir à Rachid avant de monter rapidement les escaliers. Une fois dans ma chambre, je fis face à mon tapis que j'avais nonchalamment rangé dans un coin. Après cette journée riche en émotions que j'avais passé, j'avais vraisemblablement besoin de consolation . Qui pourrait mieux nous réconforter que notre seigneur. Mais, avec tout ce temps que je n'ai pas rempli mes devoirs envers lui, fera t-il preuve de clémence à mon égard ? En ces temps où je lui ai tourné le dos m'écoutera t-il ? En me posant ces questions je me rappelais des paroles de ma mère «peut importe ce que tu feras, demande lui pardon sincèrement et il te pardonnera. Allah est certes le très miséricordieux ». Ainsi, je me débarrassais de tout mes affaires avant de pénétrer dans ma salle de bain afin d'accomplir mes grandes ablutions.Habillée de mon bobou de prière, j'étais mon sadjada (tapis). Kou khamoul figa dieum dagay délou figa djougué wone (si tu ne sais plus où tu vas tu retournes d'où tu viens).Deux rakats, quatre rakats ,......je ne savais plus le nombre d'unités de prière que j'avais accompli. En essayant de trouver la repentance, je m'étais trouvé . Ressentant une plénitude sans faille, j'étais plus légère qu'une feuille volante. Notre relation avec Dieu est vraiment inexplicable. Elle est ce fil qui nous maintient debout, qui nous empêche de crouler sous la dureté de la vie d'ici bas. Et peu importe le nombre d'erreurs que nous ferons, il nous suffit juste de demander pardon et il nous sera clément. Après mes prières je ne me changeais pas et allais me mettre au balcon pour prendre un peu d'air. Quelques minutes plus tard, je vis un taxi se garer sous notre porte et une jeune dame svelte avec un teint noir brillant y descendre. C'était Ramatoulaye; la montagne n'est pas venue à elle, elle est donc venue à la montagne. Ma relation avec celle ci est vraiment particulière. Elle, depuis les cinq années qu'on a passé à Techcorporation ensemble, me considère comme sa meilleure amie. Moi, bien que je l'apprécie beaucoup, j'avais toujours des réserves par rapport à elle. Je ne prenais pas la peine de descendre, je savais que Nana allait la faire monter. Ils la connaissent tous. À chaque fois que maman me reprochait le fait de ne pas avoir des amis, j'amenais toujours Rama le weekend suivant pour lui prouver le contraire.
– Toc toc, entendis je . Entre, je suis au balcon Rama wakhouu(parleuse), la charriais je.
– Boy,yagui dokhale , sa mourou seytané bi nak pour lane la (tu vas bien, ton voile de satan là c'est pourquoi ? )
– lép pour sa papa tak ma comme imam la Kay (juste pour que ton père me marie puisque c'est un imam )
– Effrontée vas.....
–Sinon quel bon vent t'amène, tu es venue pour moi ou pour ton crush ?
– Devine. Qui es ce qui m'a fui toute la semaine pour juste éviter mes questions ? Toi ou mon crush qui ne s'intéresse même pas à moi ?
– Ce n'est pas ce que tu crois, c'est juste que.....
– Je suis venue directement du boulot pour qu'on aie le temps de parler. Donc, n'essaie pas de résumer et raconte moi tout.
– Bon laisse moi me changer et amener quelques choses à grignoter.
– Okay girl, je t'attends ; me dit elle en s'installant sur mon lit
Je descends à la cuisine pour trouver Nana qui s'y affairait comme toujours.
–Coucou Nana, tu prépares quoi pour le dîner ?
– Du couscous marocain ma chérie, comme tu aimes.
– J'en ai déjà l'eau à la bouche. Bon je suis juste venue chercher de quoi grignoter.
– Regardes dans le placard à biscuits et prend une bouteille de jus dans le frigidaire.
– D'accord, et Cheikh il n'est pas encore rentré du boulot ?
– Non, ces temps ci, il a beaucoup de travail à l'hôpital. Avec ton père ils rentrent un peu tard aujourd'hui.
– Oui c'est vrai. Je monte, si t'as besoin d'aide n'hésite pas à m'appeler Nana.
– Tu viens juste de rentrer, reposes toi c'est mieux.
– Comme tu veux chef , lui dis je en sortant de la cuisine.
Aujourd'hui, je ferai l'effort de tout avouer à Ramatoulaye. C'est vrai qu'elle aime raconter les potions, mais elle n'est pas assez folle pour raconter ma vie dehors. Et moi j'ai besoin de l'avis d'une autre personne sur ce que je ressens pour lui. Il fallait que j'en parle à quelqu'un. Et je trouve qu'elle est la personne idéale.
– Je suis là, allume la télé et la Clim s'il te plaît.
– Wep. Tu as amené quoi à tata Rama.
– Juste des biscuits et du jus, dis je en m'installant à ses côtés.
J'inspirais un bon coup d'air pour avoir le courage de me lancer.
– Tout d'abord je suis désolée d'avoir été distante avec toi toute la semaine, surtout après les remontrances de Rachid.
– Ey way ndaw samba maintenant ce n'est plus Mr Sall mais Rachid, djank niveau bi Yég n'a nak (le niveau est élevé hein ). Blagues à part, Noor, je suis ton amie. C'est vrai que je suis un peu tête en l'air parfois voir même toujours, mais je veux que tu saches que je suis là pour t'écouter peu importe le moment. Tu sais en ces cinq dernières années qu'on s'est côtoyé, j'ai toujours été celle qui bénéficiait de ton écoute. L'amitié c'est comme l'amour,ce n'est pas seulement en un seul sens. Tout les deux parties doivent faire des efforts. Peu importe ce qu'il se passe parle moi et j'essaierais de trouver des solutions avec toi. Si je ne connais pas les sources de tes problèmes, je ne pourrais pas t'aider.
– Je vais parler avec toi sincèrement. C'est ta manie de raconter les histoires des autres qui met une certaine barrière à notre relation. Tu ne nieras pas mon affection pour toi sinon tu ne saurais pas le chemin de ma maison familiale. On dit souvent que kilay indile mo lay yobou (celui qui te raconte la vie des autres,racontera la tienne dés que tu auras le dos tourné). À part ça je n'ai aucun problème avec toi. J'aimerais juste que tu essayes de changer cet aspect de ton comportement et moi j'essaierai de changer ce qui ne te plaît pas non plus chez moi. Je vais plus m'ouvrir à toi mais je ne veux en aucun cas entendre ma vie dans les recoins de la rue.
— Je t'ai entendu y'a oustaza ....Bon maintenant je t'écoute.
Je lui racontais alors comment Rachid m'avait fait la misère toute une semaine,ses excuses, sa disponibilité, je lui expliquait tout sauf mon baiser avec lui. J'avais fais exprès de sauter cette partie car c'était vraiment gênant pour moi. Je n'étais pas une pro dans ce domaine. La dernière fois que j'avais eu un copain c'était au lycée. Et c'était juste au téléphone qu'on se captait. Comme j'avais peur des représailles de mère Soukeyna, on ne se voyait qu'à l'école. Ce qui nous avait valu le nom de couple scolaire.
– ey way li Yeup khew na fi (tout ça est arrivé ) , tu as sauté la partie la plus croustillante le ˆMouah Mouah ˆ, me dit Rama en haussant les sourcils.
–C'était juste un accident.
– Je ne te demande pas comment s'est arrivé, mais plutôt qu'est-ce que tu as ressenti quand vous vous êtes embrassés.
Rien qu'en me rappelant de ce moment, je ressentais des palpitations au cœur. Je sentais des papillons virevolter dans mon bas ventre. Ce moment restera gravé dans ma tête. Mon premier baiser, je ne pourrai me débarrasser de ce souvenir.
– C'était magique, lui murmurais je.....
– oh ma goe est amoureuse, je vais pleurer. Passes moi des mouchoirs s'il te plaît.
– Arrêtes de dramatiser, Daga eupeul nak (tu vas vite en besogne )
–Khana khamo may docteur love, adouna bi ma fi tewal cupidon. Mbeuguel dama koy guiss, té ioe akh Mr Sall deguene beugueunté , manam déguéne am coup de foudre (tu ne sais pas que je suis docteur love, la secrétaire attitrée de cupidon. L'amour, je le vois, toi et le patron vous vous aimez, c'est ce qu'on appelle le coup de foudre ma chérie).....
– Ane Ka kangado (tu es folle ) , lui répondis je dans ma langue maternelle.
– Akh ioe d (toi aussi) . En tout cas pense à ce que je t'ai dit. Et si tu trouve la plus petite véracité dans mes dires, ne laisse pas ce beau étalon te filer sous les yeux, chope le. Il est déjà dix neuf heures, je vais rentrer avant que ma mère ne me tues avant l'heure.
– Tu peux rester jusqu'à demain non ? Comme ça je pourrais passer voir ton père.
– Mais je n'ai pas aviser Hulk bou djiguéne (femme ). A moins que tu l'appelles toi même pour lui dire. Parce que moi, je n'ai pas ce courage.
– Bon d'accord, passe ton téléphone, je vais lui parler.
Ramatoulaye faisait partie d'une modeste famille. Elle vivait en pleine banlieue dakaroise lui valant son addiction au "cas". Depuis qu'elle m'avait amené chez elle et que j'avais fait la connaissance de ses parents, ces derniers m'ont directement apprécié. Parfois, je leur envoyais de l'argent ou des cadeaux parce que j'avais aussi de l'affection pour eux. Surtout pour son père particulièrement. Ce dernier la première fois qu'il m'a vu m'a tellement dévisager que j'en étais gêné. Après les salutations, il n'avait cessé de me poser des questions, me certifiant que je ressemblait à une de ses vieilles connaissances. Je lançais l'appel, le téléphone sonna quelques minutes avant que Tata Dior ne décroche.
– Ramatoulaye Ndiaye fo nék, adjouma daga Dane téla watie d (Ramatoulaye, où est ce que tu té trouves ? Les vendredis tu descends tôt non ? ), attaqua t-elle directement.
– Salam tata, c'est pas Ramatoulaye, c'est Noor.
– Ah ma petite toubab, tu m'as laissé maintenant. Comment te portes tu ?
–Je vais bien Tata. Ne t'inquiète pas demain, je passerai à la maison. Et c'est pourquoi même je t'appelle. Ramatoulaye est avec moi, je lui demandais de rester dormir ici puisqu'il commence à faire tard. Comme ça on viendra ensemble.
– Fallait même pas te déranger à m'appeler, tant qu'elle est avec toi, je suis tranquille. Elle ne fera pas de bêtises. Fall Ndiaga yarame, ioe Lo def nonou la sama dome dji (tout ce que tu fais est bon mon enfant).
– D'accord, merci Tata pour la confiance. Salue tonton Ndiaye de ma part.
– Pas de soucis ma chérie. Aller bisous
– Je n'en reviens pas que mes parents t'aime plus que moi, lance Rama dès que je pose le cellulaire.
– Ne sois pas jalouse, tout le monde m'adore. On se change et on descend. Papa et Cheikh doivent être rentrés.Cheikh
Nous voilà enfin rentrés mon parrain et moi. Aujourd'hui on a eu une journée tellement chargée à la clinique. Moi cheikh tidiane, j'ai toujours rêvé de devenir un grand médecin. Mais je n'ai jamais su que c'était un métier si fatiguant. Ces jours ci, les malades semblent venir de partout. Se plaignant des services médiocres qui leur sont octroyés dans les hôpitaux publics, ils migrent vers les cliniques privées. Surtout que les nôtres sont les moins chers de Dakar. Se soigner est devenu un privilège que tout le monde ne pouvait plus se permettre. Dans les centres hospitaliers, l'efficacité n'est plus d'actualité, ne parlons même pas de l'amabilité. On ne peut gérer une souffrance devant un médecin aigri, qui n'a même pas le plus petit sourire pour nous décharger. Les cliniques quant à elles, disposent peut être d'un personnel médical plus professionnel, mais leur prix sont si exorbitants, que la population rechigne à l'idée d'y aller pour se soigner. C'est là que j'admire vraiment mon parrain. Il a fait de telle sorte que le billet des tickets ainsi que la prise en charge des patients soit le plus léger possible. C'est pourquoi chaque jour nos malades ne faisaient qu'affluer augmentant notre temps de travail. Malgré la fatigue, j'aime soigner les gens. Noor refusant de suivre les pas de son père. Ce dernier était aux as en m'entendant dire que je voulais être un médecin. Comme toujours, dés que je rentre je passe à la cuisine pour faire un bisou à ma mère. Cette dame de fer. On lui a tous demandé de trouver une aide pour la cuisine mais elle refuse tout le temps, attestant que tant qu'elle vivra on ne mangera que sa nourriture dans la maison.
– Comment va la femme de ma vie ? Lui demandais je en lui faisant un bisou.
– Je vais bien mon petit prince. Et ta journée à toi ?
– Fatigué mais Al Hamdoulilah.
– C'est bien donc et ton parrain ?
– Je pense qu'il est directement monté dans sa chambre. Je garais la voiture. Khadija n'est pas rentré? J'ai pas vu la voiture de Rachid au parking.
– Si, elle est au salon.
– D'accord j'y vais. Rère ba gui khégn nekh (le dîner sent trop bon) , dis je en partant.
Dans le couloir, j'entendais des éclats de rire. Noor ne doit pas être seule donc....
–Salut les filles, saluais je en me rendant compte qu'elle était avec sa copine Ramatoulaye.
Cette dernière qui était entrain de danser sur un son de mbalakh reste figée dans ses gestes comme si elle avait un fantôme devant elle.
– Cheikhou, tu es rentré depuis quand ? me demande Noor.
– Je viens juste d'arriver. Ndiaye Diatta no déf (Ndiaye ça va ? )
– ça va Al hamdoulilah dit elle d'une petite voix.
– Bon continuer à danser, moi je vais me rafraîchir avant le dîner.
J'entends Khadija la charrier....je sais depuis longtemps que cette fille a le béguin pour moi. Dama gentle si khalé nak (je suis trop bg). Mais je ne lui ai jamais rendu la perche. Mon cœur restera fermé pour toujours. La seule femme que j'aime m'est interdite. Elle est comme ma sœur, je n'aurai jamais le courage de lui avouer ce genre de sentiments. Je sais qu'un jour viendra où j'aurai besoin d'une femme pour fonder ma propre famille. Mais pour le moment, je refuse et mon cœur reste fermé.FIN DE CHAPITRE......................................................
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Bisous mes bbewssssss🫀😘
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À ma destinée
RandomTic tac, la roue tourne. Il y'a de ces moments où j'aimerais rejoindre Saturne. Aimer, est ce synonyme de mentir ? Si oui, je prie de ne jamais le ressentir. Comme un nouveau né, J'apprends une nouvelle chose chaque journée. Ai je droit au bonheu...