Chapitre 15

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Mouhamed Rachid Sall

Flânant dans mon appartement, j'étais pris par mes réflexions. Tantôt je me posais dans le salon, tantôt je me mettais au balcon espérant l'apercevoir. Ce dîner avec mes parents m'avait vraiment chamboulé.
Dés que je suis entré dans la maison, j'ai fis  face à la mine renfrognée de ma mère et à un visage un peu plus souriant que d'habitude de mon père.
– Rachid mon filston, comment ça va à l'entreprise ? attaqua directement ma mère dés que nous nous mîmes à table.
– Tout se passe très bien maman. D'ailleurs papa, je suis entrain de discuter avec nos fournisseurs canadiens. Peut être que d'ici quelques semaines, je serai là bas pour finaliser le projet.
– C'est excellent, répondit il. Il faut vraiment que tu parviennes à signer avec eux.
– Pour cela ne t'inquiète pas Saïd, mon fils est un as du métier. Et tes employées filston, tu les embrasses bien, finit ma mère avec un regard sarcastique.
– Ma, tu vas pas remettre ça sur la table, je t'ai déjà expliqué ce qu'il s'est passé. Tu veux gâcher notre dîner en famille aimante, lançais je sur le même ton.
– Bien sûr que non mon chéri. Je pensais que ton père était au courant de tes petits écarts de conduite au bureau, mais en voyant sa surprise on dirait que non.
Et là je sus que ma mère venait de lancer les hostilités dans ce charmant dîner. Parce que aujourd'hui, je n'allais aucunement me laisser engueuler ni par elle, ni par mon cher paternel.
– Et dis moi Abi , qui ton fils embrassé au bureau? Pourquoi ne m'as-tu pas rapporté ça la dernière fois quand tu étais venu te plaindre ? Laisse moi deviner, Rachid tu ne fricotes pas avec Khadija j'espère bien ?
– Papa, je ne fricote pas avec elle,et c'est le cas qu'est ce que ça peut vous faire ,répondis je tout court en gardant mon calme.
– Il ment Saïd, je l'ai trouvé en plein lavage de bouche avec la fille de cette pute qui m'a pourrie la vie.
Dés que ces mots sortirent de la bouche de mère Abibatou, mon père lança l'assiette devant lui au sol. D'un geste rapide, il se leva de sa chaise et tenu cette dernière par le col.
– Oses encore traiter Soukeyna Sow de pute et tu atteindra vraiment le degré de ma folie. N'oublies jamais de quoi je suis capable. Si tu doutes encore de ma méchanceté, vas demander des nouvelles de ton cher khaliloulah. Et entre nous, on sait vraiment qui est la vraie pute.
En un instant, je crus qu'il avait oublié ma présence. Ses yeux brillaient tellement de colère que la pièce était envahie par une aura sinistre. Il lâcha enfin sa femme, qui reprit ses esprits petit à petit, des larmes au coin de l'œil. Mon cœur de fils se serra, voir ses propres parents s'échanger des mots aussi durs, ça ne réjouit le cœur d'aucun enfant d'ailleurs. On rêve tous d'avoir une famille unie. Un papa et une maman qui s'aiment; des frères et des sœurs, qui nous fatiguent. Moi, on ne m'a donné rien de tout ça hélas.
– Et toi sale garnement, gardes à l'esprit que Khadija Noor Fall, n'est et ne sera jamais une femme pour toi . Tu peux me prendre au mot cher fils. Travailles avec elle, mais ne t'avises surtout pas de créer un quelconque autre lien avec elle.
Sur ces mots, il quitta la salle à manger, nous laissant ma mère et moi seuls.
– Tu sais man, je suis ton fils, mais je vais me permettre de te donner un conseil aujourd'hui. Quittes cet homme, si tu veux être un temps soit peu heureuse dans ta vie; met fin à ce mariage ou que dis je à cette farce. Je n'ai jamais compris ton choix de rester dans cette maison sans amour ni tendresse. Et la prochaine fois, si vous comptez m'inviter pour m'engueuler, prévenez moi à l'avance. Comme ça je ne prendrais pas la peine de venir jusqu'ici. Je m'en
vais.
Je lui avais fait un bisou au front avant de sortir à mon tour. J'espère qu'elle vas sincèrement médité mes propos. Arrivé à la maison j'essayais de joindre Souleymane pour vider mon sac, mais il était injoignable. Donc, j'avais finalement laissé mes pensées en silencieux pour me sauver dans les bras de Morphée.
Me voici le lendemain, tasse de café en main ruminant les sous entendus de la discussion d'hier.
Avec Jules qui ne répondait pas au téléphone, je n'arrivait pas à passer à autre chose. Il fallait que j'essaie de comprendre cette histoire entre mes parents et Khadija. Elle semble ne même pas les reconnaître, mais eux par contre en savent trop de sa vie. En parlant de ma belle maure, elle m'avait laissé des messages mais je n'avais pas pu lui répondre ne voulant pas qu'elle s'aperçoive de mon trouble. Saïd se fourre le doigt dans l'œil s'il se croit capable de nous séparer. Mon histoire avec Khadija Noor Fall vient juste de commencer et ne risque pas de finir de si tôt, je le sens. Je pris mon téléphone et lançais l'appel.
– Allo, c'est qui ? lance t-elle
– Oh, Khadija. Tu piétines mon cœur, en une soirée tu as effacé mon numéro, dis je en dramatisant.
– hahaaaaa, rit elle en éclat. Mais non , c'était juste pour voir ta réaction. Te laisser aussi jouer un peu ton petit sketch. Sinon, tu vas bien ? Depuis avant-hier on s'est pas parlé.
– Il faut que je te fasse rire plus souvent. Comme dit le docteur Fall, ton sourire illumine le monde. Oui, je rend grâce à Dieu. J'étais juste chez mes parents. Et toi qu'as-tu fait de ton samedi ?
– Rien de particulier. J'ai juste passé la journée chez Ramatoulaye. Avec ses parents qui me réclament toujours, je ne pouvais y échapper cette fois ci.
– Ah donc, c'est vraiment ton amie. J'aurais dis non.
– C'est vrai qu'on a des personnalités différentes, mais c'est quand même mon amie. Au fait, elle m'a quasi forcé à organiser un petit brunch demain. Tu viendras n'est ce pas ?
– Souma gnowé lomay fay (si je viens, que sera ma paie ? )
– Lo beug rék nay diam Sall ngari lam toro (tout ce que tu voudras ),répond t-elle d'un ton taquin.
–Faudra assumer tes propos ma belle, donc demain si Dieu le veut, je serai là.
Je senti des vibrations sur mon oreille, je regarde l'écran et vois qu'un numéro inconnu m'appelle.
– Noor, j'ai un appel en bas. Je te rappelle dans quelques minutes. C'est bon pour toi ?
– Oui y'a pas de soucis, je dois même aller faire des courses. Donc on se capte après.
Je raccroche rapidement pour prendre le deuxième appel.
–Salam aleykoum, entendis je à l'autre bout du fil. Je reconnaîtrai cette voix rauque parmi mille et une autres voix.
– Jules espèce d'idiot, pourquoi diable ne répond tu pas à mes appels? Mais, attends, tu m'appelles avec un numéro du Sénégal, dis je en regardant le numéro qui affiche à l'écran. Ne me dis pas que tu as voyagé sans me prévenir.
– Rachid respire, et au moins répond à ma salutation avant de gueuler. Pour répondre à tes questions, oui je suis au pays depuis hier. Et s'il te plaît passe moi ton adresse. Je dois te voir, c'est assez urgent.
– Si c'est pour ne pas que je te fasse chier que tu prend cet air sérieux, tu te goures mon vieux. Je t'attend ici d'un pied ferme. Je te l'enverrai par message.
– On en reparle après. D'accord, je me met en route dés que tu me l'envoies.
– A tout à l'heure faux frère.
Je lui envoie un message avant de déposer mon téléphone sur la table. Il faut que j'arrange un peu l'appartement avant qu'il n'arrive.

À ma destinée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant