Chapitre 17

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Mouhamed Djamil Fall

Encore une journée chargée, depuis ce matin, c'est maintenant que j'ai le temps d'aller voir le patient dont Mr Ndiaye m'a parlé. D'après lui, c'est un cas assez particulier. Aucun résultat après ses multiples examens. Et il dit aussi que le précédent traitement du patient lui faisait faire des illusions suivi de crises répétitifs. Une fois l'effet de ces médicaments effectué, il devrait normalement aller mieux. Mais bizarrement, il est resté dans le même état. Le dossier lui semble tellement complexe qu'il est venu demander mon avis dessus. C'est pourquoi je ne peux rentrer sans avoir rencontré le patient en question. Il faut que je le vois, que je puisse étudier ses réactions avant de donner un avis médical. La vie d'un médecin n'est jamais simple. Toujours un challenge, et chaque défit relevé correspond à une vie humaine sauvé. Je récupère mon matériel pour me diriger vers le bureau de monsieur Ndiaye qui était maintenant un ami.
– Ndiaye, mon doyen, on vas voir ce patient dont tu m'as tant parlé, dis je arrivé à sa porte.
–Oui docteur Fall, le cas de monsieur Aïdara me trouble terriblement l'esprit.......
Je continue à l'écouter tout en restant silencieux. Le nom qu'il vient d'évoquer, bien que commun dans notre territoire, me ramenait dans un passé très lointain.
– Et ce qui m'intrigue le plus docteur, c'est que depuis son arrivée seule votre fille a été capable de lui arracher une réaction.
– Comment ça ? Comment connais-t'elle ce patient ?
– Oui doc, en faite c'est monsieur Rachid  Sall qui a fait interner ce monsieur. Et il me semble qu'il est venu à l'hôpital avec votre fille.
– Ah oui, je comprends. Entrons pour voir notre homme.
Le docteur Ndiaye ouvrit la porte et j'entre à sa suite.
– Il s'est assoupi , me dit il en jetant un coup d'œil.
Je m'apprêtais à lui répondre lorsque le visage auquel je fis face me fis perdre l'équilibre.
Une seconde, deux secondes, trois secondes....
Je ne rêve pas c'est bien lui. Comment diable avait t'il pu atterrir ici ? Comment Rachid le connaissait il ? Et pourquoi mon hôpital ?
Dieu voulait t'il me donner un signe ? Peut être qu'il veut me montrer que peu importe le temps que ça prend, la vérité finira par triompher. Que je serais obligé de tout lui dire, me convaincre que je la perdrais pour toujours. J'avais perdu le fil de mes pensées. Haletant, des gouttes de sueur commençaient à perler mon front. De l'amitié nous avions profité pour trahir. Et peu importe nos regrets, nous ne pouvions changer ce que nous avions fait. Je venais de m'en rendre compte. De la vie de Youssouf nous avons fait un véritable cauchemar. Tout ça pour une femme, pour de l'argent.
– Euh monsieur Fall, vous m'entendez ?
– Désolé Ndiaye, répondis je en essayant de me ressaisir. Vous savez quoi, je reviendrai voir ton patient demain. Je me sens trop fatigué.
– Mais......
Je ne l'écoutais même pas finir sa phrase que je lui avais déjà tourné le dos. En cet instant, tout ce qui m'importe ce sont mes vieux démons qui resurgissent alors que j'en ai pas besoin. Si Rachid est proche de lui, jamais je ne pourrai écarter ma fille. Que dis je ? Sa fille ......Il faut absolument que je rentre à la maison. Serrer ma petite lumière dans mes bras est la seule chose qui pourra m'apaiser.
Arrivé dans ma voiture, je bus un trait d'eau de ma bouteille  afin de reprendre mes esprits. J'ai n'eu pas le temps de finir que mon téléphone sonna. Un numéro inconnu.
– Bonsoir.
– Bonsoir cher vieil  ami . Tu reconnais ma voix bien sûr.
–Saïd , bégayais je . C'est toi n'est ce pas ?
– Ah Djamil, ça me va droit au cœur. Même après toute ces années, tu n'as pas oublié le son de ma voix, argua t-il d'une voix sénile.
– Pourquoi tu m'appelles toi ? Que se passes-t'il pour que vous refassiez tous surface d'un coup.
– Ah cher ami, tu ne m'intéresse aucunement. C'est ce vous que tu utilise qui me fait appeler. Je devine que tu as déjà vu Youssef. C'est lui que je veux.
– Quoi ? Tu ne l'as toujours pas laissé en paix ? Que suis je bête, tu es sûrement la raison de l'état où il se trouve. Le travail ne devais duré que trois années, le temps qu'on disparaisse tous. Pourquoi se trouve t'il toujours dans l'état où nous l'avions plongé ?
–Bla-bla-bla , je m'en fous de tes questions. Rend moi juste notre ami et je te laisse tranquille. Je prend très bien soin de lui.
— Toi prendre soin de quelqu'un, peut être quand tu seras en enfer. Tu n'aimes que ta propre personne Said. Laisse moi te dire que Youssef ne bougera pas de mon hôpital et que je le soignerai. J'en ai marre de tes conspirations.
Je m'empresse de raccrocher mon téléphone pour ne plus entendre sa voix de vipère. Cet homme est l'homme le plus mauvais que cette terre ait jamais portée. Tout ceci est de sa faute. Son plan, et moi comme un petit toutou, je l'avais suivi dans ses conneries à l'époque. Mon amour pour Soukeyna m'a poussé à tomber dans le filet de ce diable humain.«Si tu veux prendre le risque que je raconte tout à ta chère fille, essaie de me tenir tête ». Le message qu'il venait de m'envoyer ne me ferait pas découdre. On a assez fait souffrir Youssef, je ne pourrais le laisser dans les mains de Saïd. Pour la dernière fois, je me comporterais en un vrai homme, un vrai ami. La vérité a plusieurs visages, le mensonge n'en a qu'un ! Il n'y a pas de vérité, mais il existe des mensonges évidents. La vérité c'est comme la lumière, aveugle. Le mensonge, au contraire, est un beau crépuscule qui met chaque objet en valeur. J'ai assez profité d'une vie mensongère. Peu importe la réaction de Khadija Noor, elle mérite de connaître la vérité. Aurais je le courage de lui dire, ça je ne saurais le dire. L'heure est venue que je me débarrasse de toute cette mélancolie.......

À ma destinée Où les histoires vivent. Découvrez maintenant