Chapitre 27

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 Après la pénible tempête de fer et de sang qui avait sévit dans les Plaines des Murmures, l'heure était à présent aux pluies d'applaudissements. Installé aux côtés d'Elegast dans l'une des grandes salles du palais féérique, Geoffroy sirotait distraitement son vin en écoutant Morgane saluer le courage des héros tombés aux combats contre les troupes de l'Estotiland.

Malgré la victoire des combattants de l'Esoteria contre les envahisseurs de l'Empire, de nombreuses pertes avaient été à déplorer. Des sacrifices, cependant, qui avaient été nécessaires pour permettre aux licornes, fées, kobolds et autres wulvers qui vivaient en ces contrées de rester libres.

Le chevalier errant laissa ses yeux verts et curieux considérer quelques instants les créatures présentes autour de lui. Pour la plupart, ils avaient été de farouches compagnons d'armes lors de la bataille de la Plaine des Murmures. Intérieurement, le jeune homme était quelque peu confus. Jamais il ne se serait attendu à combattre aux côtés de races étrangères.

C'était en Arduinna qu'il était devenu écuyer puis chevalier. Il avait grandi dans un royaume où les gens étaient plutôt fermés d'esprits. Lui-même, enfant, ne s'était jamais imaginé qu'il en viendrait un jour à batailler parmi des rangs de créatures magiques.

L'ironie était là : sept années plus tôt, il avait connu le goût amer de la défaite en Lémurie entouré d'hommes. Aujourd'hui, il découvrait les satisfactions de la victoire aux côtés de valeureux combattants de différentes races. Maintenant, le chevalier errant se sentait davantage en confiance pour ce qui l'attendait : retrouver Naménielle et Alexandre. Le miroir atlante lui donnerait les pistes qui lui manquaient et il était légitime pour formuler cette requête auprès de Morgane.

Il avala d'une traite le reste de sa coupe de vin – un breuvage harmonieux qui présentait des odeurs de cannelle, poivre et clous de girofle – et attendit quelques instants pour rejoindre la fée aux cheveux roux. Elle s'était isolée des festivités sur un balcon, profitant de la quiétude nocturne. Il se racla la gorge pour s'annoncer. Un sourire se dessina sur le visage de la créature ailée :

- Messire, je me doutais bien que votre cœur n'était pas à la fête.

- Je préfère éviter de m'enivrer plus que nécessaire, se justifia le brun.

- Vous pourriez vous le permettre. Il n'est pas souvent offert aux guerriers de fêter une victoire aussi mémorable contre l'Estotiland.

- C'est justement au sujet de l'Estotiland que je suis là.

- Je vous écoute.

Geoffroy sortit de sa sacoche quelques parchemins grossièrement pliés et abîmés, ceux qu'il avait trouvé sur la dépouille de Calixte. Il y jeta un dernier coup d'œil avant d'affirmer :

- Calixte de Saxemberg-Groclant avait pour instruction d'investir ces terres avec la mission officielle de trouver une certaine Belisama l'Artisane...

Morgane secoua la tête, mi-amusée, mi-agacée.

- Belisama l'Artisane est un mythe... Une métaphore qui loue les qualités des peuples ésotériens pour l'artisanat. Parlez-moi donc de la mission officieuse.

Geoffroy s'avança de quelques pas et souffla :

- L'archichancelier Mordred avait donné à Calixte l'ordre de mettre la main sur... sur le miroir atlante que vous possédez.

Le visage de la fée rousse s'assombrit.

- Mordred ? Si un homme avec autant d'autorité et de pouvoir désire ce genre d'objet, c'est qu'il cherche quelque chose encore plus important que seul ce miroir peut lui indiquer...

L'Alchimie des LégendesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant