Chapitre 25

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La guerre. Ce mot était à présent sur toutes les bouches parmi les habitants du Palais de la Fée Morgane. Ces dernières semaines, de nombreuses escarmouches avaient opposé les Avoués de la Sainte-Triade aux forces de l'Empire qui sévissaient dans la région. Les combats et les crimes perpétrés par l'Estotiland avaient amené de nombreux réfugiés à s'établir à proximité de la résidence de l'Illustre.

Morgane avait passé de nombreuses nuits à écouter les rapports de ses éclaireurs et à consulter ses conseillers. Les nouvelles étaient toujours plus accablantes. En effet, les forces impériales se rapprochaient de façon presque irrésistible de la place forte. Calixte de Saxemberg-Groclant, leur commandant, ne semblait reculer devant aucune bassesse pour imposer la terreur de l'Empire. Nombreux avaient été les massacres commis contre des villages de Kobolds, des clans de Wulvers et quelques malheureux nomades de Lémurie.

Geoffroy avait remarqué que de nombreux exilés passaient chaque jour les portes du sanctuaire pour prêter allégeance à la Fée Morgane. À n'en pas douter, la mobilisation des populations de l'Esoteria devant la menace imminente de l'Empire gagnait en importance. Toutes ces créatures semblaient déterminées à ne pas laisser une puissance étrangère et autoritaire semer le chaos dans leurs contrées.

Le jeune chevalier errant, peu habile avec les stratégies militaires et les tactiques de guerre, s'était contenté de rester éloigné des interminables réunions que Morgane tenait avec Elegast et ses fidèles disciples. L'aventurier aux cheveux bruns avait encore préféré s'entraîner avec Bayard malgré ses réticences pour ce qui était de monter à cheval. Au fil des jours, Geoffroy et Bayard étaient progressivement devenus complices. Une camaraderie que l'Arduinnien n'avait pas anticipé entre lui et un animal. Mais Geoffroy n'avait pas tardé à comprendre que Bayard était plus qu'un destrier. C'était avant tout un être exceptionnel qui avait été le compagnon du légendaire Maugis.

Maugis. Geoffroy s'était souvent surpris à repenser au héros de son enfance avant de s'endormir le soir. Si seulement il avait écouté les conseils de l'enchanteur-ermite, il ne serait sans doute pas fait piéger par Mordred. Le monde avait perdu l'un des hommes les plus braves. Et la bravoure, le jeune aventurier devrait bientôt y recourir. S'il voulait avoir une chance de gagner l'entière confiance de Morgane et d'ainsi avoir la permission d'accéder au miroir atlante, Geoffroy allait devoir montrer ce qu'il valait sur le champs de bataille.

L'imminence de cet affrontement se faisait de plus en plus oppressante et le chevalier errant était anxieux à cette idée. Il avait certes passé de nombreuses heures à s'entraîner sur des mannequins avec Vérité, sa nouvelle épée, mais il n'en demeurait pas moins inquiet. Son expérience dans les combats n'était pas aussi fabuleuse que celle de Maugis. Du haut de ses vingt-sept ans, le chevalier errant n'avait encore jamais pris part à d'importants combats. Il gardait un goût amer de cette expédition en Lémurie lors de laquelle le prince Eric d'Arduinna avait été massacré par les Nagas.

Aussi, Geoffroy s'était souvent demandé à quoi pouvait ressembler une lutte au corps à corps contre les armures enchantées de l'Empire. Il entendait souvent autour de lui que ces êtres contre-nature ne ressentaient ni peur ni douleur. Les survivants qu'il avait rencontré lui avaient dressé un portrait bien morbide de ces êtres qui – à n'en pas douter – étaient animés par une magie des plus mystérieuses.

Celui que certains surnommaient l'homme-dragon s'était ainsi entraîné avec acharnement durant des heures, tant à l'épée qu'au cheval. Il avait prié avec dévotion la Déesse Dendria. Morgane avait détecté l'anxiété du jeune aventurier. La fée avait ainsi tenté de le rassurer par rapport aux défis qui l'attendaient. Avec sagesse et patience, elle avait essayé de le mettre en confiance pour les épreuves à venir.

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