L'Alchimie des Légendes

Chapitre 31

 Les cloches de la Tour Blanche retentissaient dans la capitale impériale. L'alerte était donnée. Une prisonnière s'était échappée. De nombreux Silenciaires se dirigeaient vers le donjon, armés de faux de guerre et d'épées. De dizaines de groupes d'armures animées marchaient au pas de course vers la prison, bousculant les rares passants et autres camelots qui avaient été assez téméraires – voire inconscients – pour s'attarder sur leur chemin.

Tandis que ces êtres de métal, habités par une magie infâme, avançaient dans les ruelles étroites de Londragon, trois personnages bien singuliers détalaient à toutes jambes dans les entrailles de la ville : une enchanteresse tout juste libérée de ces chaînes, un chevalier errant et un marchand disgracié. Naménielle, Geoffroy et Alexandre étaient parvenus à rejoindre les catacombes.

Il leur avait fallu croiser le fer pour enfin atteindre ces tunnels où la mort était reine. Dans leur dos retentissaient les hurlements morbides et sinistres des loups des cryptes qui les poursuivaient. Geoffroy tenait fermement la main de Naménielle dans la sienne. Celle-ci, par moments, trébuchait maladroitement sur un fémur ou un tibia gisant dans cet endroit lugubre. Pour le chevalier errant, il était inconcevable d'être à nouveau séparé de la magicienne. Maintenant qu'il l'avait retrouvé, il ne la quitterait plus, même si pour cela ils devaient faire face à des légions entières de sbires impériaux.

À présent, leur objectif était de quitter au plus vite ces sous-sols. Pour aller où ? Le plus loin possible de la capitale. Cela restait une certitude. Une fois dans les rues de Londragon, il leur faudrait retrouver Bayard et fuir.

- Nous ne sommes pas passés par là ! cria Geoffroy tandis que le trio arrivait à un croisement.

- Je pense que dans la précipitation, nous avons dû nous égarer ! pesta Alexandre.

Les grognements derrière eux se faisaient de plus en plus proches.

- Fichtre ! grogna Alexandre. Nous sommes dans le purin jusqu'au cou ! Inutile de s'attarder et improvisons ! Par là !

Ils empruntèrent un chemin au hasard, espérant que cela les mènerait à l'extérieur de ces tristes galeries.

- Courage, Ménie, souffla Geoffroy à Naménielle. Nous serons bientôt sortis !

- Cela faisait longtemps que je n'avais plus autant couru, admit la blonde.

- Tu seras libres, nous serons libres !

- Je crois que ces marches nous mèneront vers la liberté que nous cherchons ! fit Alexandre avec enthousiasme.

Il désigna de son index le large escalier qui se trouvait au bout du tunnel. Celui-ci menait vers deux lourdes portes en chêne. Des ornements représentant le Roi Arthur combattant un dragon étaient gravées au-dessus de ces dernières.

- Je ne sais pas où ça mène, marmonna le chevalier errant mais il semblerait que nous n'ayons pas le choix.

Alexandre, qui tenait fermement sa rapière en main, s'osa à gravir les marches. Il se figea un court instant devant cette entrée imposante, entourée de flambeaux, de gargouilles et autres sculptures étranges.

Il écrasa son pieds plusieurs fois contre l'un des battants. Avec la force et la magie qui habitaient ses bottes de sept lieues, les verrous finirent par céder.

- La voie est libre ! s'exclama-t-il.

- Parfait ! fit Geoffroy enthousiaste. Dès que nous aurons trouvé une sortie pour rejoindre l'extérieur, il ne nous restera plus qu'à rejoindre Bayard et mettre les voiles.

- Bayard ?! demanda Naménielle confuse. Le cheval-fée ?

- Une longue histoire... Je t'expliquerai. Viens !