BLINDLY

𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟓

Louis

Mais qu'est-ce que je viens de faire ?

Je n'aurais jamais dû faire ça.

Mon cœur tambourine dans ma poitrine. L'angoisse inonde chacune de mes cellules. La sueur perle sur mon front.

Et si elle avait vraiment eu peur. Et si elle avait vraiment cru que j'allais lui faire du mal... la forcer.

Jamais.

Un idiot. Je suis un putain d'idiot.

Je ne peux pas la laisser penser que je suis un agresseur, il faut que j'aille m'excuser, quitte à griller ma couverture. Peu importe. Je la déteste de m'avoir brisé le cœur, mais ce que j'ai fait ce soir, c'était la limite à ne pas franchir.

Parfois, j'ai cette horrible impression que ce rôle, ce masque que je porte quand je suis Miller, prend le dessus. Il m'empoisonne. Il rassemble tous mes mauvais côtés. Tous mes vices sont exacerbés quand je suis dans sa peau. Aussi, l'impression de me perdre dans son personnage me hante.

Il arrive même que j'entende sa voix dans ma tête, comme un diable sur mon épaule qui me chuchote les pires idées.

Les regrets et la honte s'emparent de moi et ne me lâchent plus. Je fonce sur les escaliers et les monte à toute vitesse, ça doit faire cinq minutes tout au plus que je l'ai laissé, j'espère qu'elle est encore dans la chambre et qu'Alec n'est pas revenu.

La foule inonde la maison et c'est difficile de circuler, la musique envahit chaque pièce tant elle est forte. Je revois la fameuse blonde, Rose, qui me détaille avec ses deux amies.

Je ne comprends pas pourquoi elle s'intéresse autant à moi. Peut-être devrais-je lui dire que ce n'est pas réciproque, que je ne suis pas intéressé ?

Je devrais lui dire qu'il n'y a qu'une seule fille qui obsède mes pensées et, ce, depuis dix ans maintenant, j'imagine jusqu'à mon dernier souffle.

La porte de la chambre est enfin à ma portée, j'actionne la poignée, mais elle refuse de s'ouvrir, la panique me submerge et si elle était là-dedans avec un garçon.

Un autre garçon que moi ?

La colère ainsi que la jalousie déforment mes traits, je recule pour prendre de l'élan et fonce de toutes mes forces pour défoncer la porte. Du premier coup, le loquet saute et la voie est libre, mais ce que je vois ne manque pas de me surprendre.

De me briser le cœur.

Aylin avec Pierre, ce garçon de notre classe qui passe un peu trop de temps à la regarder à mon goût.

Qu'est-ce qu'il fait là au juste ?

Mes nerfs sont à vif. L'envie de me jeter sur lui pour lui faire du mal s'insinue dangereusement en moi.

Mais je n'en ai pas le droit.

Elle n'est plus à moi.

Pour mon plus grand désarroi.

Alors que mes yeux détaillent la scène qui se joue devant moi, tout à coup, le temps s'arrête. Je remarque qu'elle a quelque chose sur le coup.

Une marque de suçon.

Je crois que j'ai envie de le tuer.

Comme ose-t-il la toucher comme ça ?

Je refuse que quelqu'un d'autre que moi la touche.

Elle est mienne. Pour le meilleur et pour le pire.

Mon regard passe sur le visage d'Aylin et constate quelque chose de terrifiant. Elle a tout sauf l'air d'être dérangée par ma venue inopinée.