A comme Amour, A comme Antoine

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Dès que j'arrive, Antoine me tend les bras, affiche ce si beau sourire qui me fait craquer à chaque fois : 

-Claire ! 

Je me réfugie contre son torse. Il m'embrasse avec passion, et mon cœur danse de bonheur.

-Joyeux anniversaire à nous, mon amour, me chuchote-t-il dans le creux de l'oreille.

Bien sûr, qu'il se rappelle. Antoine est parfait. Comment aurait-il pu oublier ? 

Moi aussi, je me rappelle parfaitement le jour de notre rencontre. C'était au début de ma troisième année à la fac de lettres. Je venais de quitter un cours de littérature comparée et je me dirigeais vers la bibliothèque pour terminer une dissertation. En cherchant une place libre, je l'avais aperçu, assis à une table près de la fenêtre, plongé dans un livre. Il avait l'air tellement concentré que j'avais hésité avant de m'approcher.

Finalement, je m'étais assise en face de lui, avait tiré la chaise le plus silencieusement possible pour ne pas le déranger. Puis, il avait levé les yeux et nos regards s'étaient croisés. Ses yeux étaient d'un noir incomparable. D'une intensité que je n'avais jamais connue auparavant. Je m'étais sentie rougir, et c'est là qu'il m'avait souri pour la première fois. 

Ça avait été le coup de foudre immédiat. Antoine avait le plus beau sourire au monde. C'est niais, je sais, mais pourtant : deux rangées de dents blanches et droites, encadrées de lèvres un peu boudeuse, et de deux fossettes de part et d'autre. Et ses yeux qui se plissaient me faisaient complètement fondre. 

Là, au milieu de la BU, j'avais ressenti comme une explosion de papillons dans l'estomac. Nous avions commencé à discuter, d'abord de nos études, puis de nos passions respectives. Il s'était avéré que nous partagions un amour commun pour la littérature et le cinéma. Cette première conversation avait duré des heures et, avant de partir, il m'avait proposé de nous revoir pour travailler ensemble.

Quelques semaines plus tard, il y avait eu cette fameuse soirée étudiante. C'était l'une de ces fêtes un peu chaotiques, où l'alcool coulait à flots et où la musique résonnait jusqu'à tard dans la nuit. Nous étions tous rassemblés dans l'appartement d'un couple de classe, Cléa et Thibault, qui venaient tout juste d'emménager ensemble. Antoine était là, bien sûr. Nous avions passé une grande partie de la soirée à nous épier de loin en silence, en discutant avec nos amis respectifs. 

Puis, vers la fin de la soirée, alors que la moitié des invités étaient déjà partis, quelqu'un avait proposé de jouer au jeu de la bouteille. Je m'étais sentie légèrement nerveuse, mais l'ambiance était trop joyeuse pour refuser. J'avais déjà embrassé quelques garçons au lycée, rien de bien sérieux. Je m'étais dit, si en jouant, je tombais sur un garçon pas très beau, ce n'était pas très grave, car ce ne serait pas mon premier baiser. Ce ne serait même pas vraiment un baiser d'ailleurs, seulement un effleurement des lèvres. Et puis, j'avais espéré fortement que la bouteille tomberait sur Antoine. C'était surtout ça, qui m'avait motivé à me joindre au cercle. 

Nous nous étions tous assis en tailleur par terre, la bouteille posée au centre. Le jeu avait commencé, provoquant des rires et des exclamations à chaque tour. Mathieu avait embrassé Leïla, Leïla avait embrassé Bertrand, Bertrand avait embrassé Aïcha, Aïcha avait embrassé Paul. Et Paul, m'avait embrassé moi. Paul n'était pas mal, même si un peu trop macho à mon goût. En tendant mes lèvres vers les siennes, j'avais guetté la réaction d'Antoine, qui avait détourné les yeux.

Puis, ça avait été à mon tour de faire tourner la bouteille.

J'avais marqué un petit temps, pour réfléchir. Si je la lançais à la bonne vitesse, si j'avais le bon geste, je pouvais tomber assez facilement sur Antoine, puisqu'il était assis juste en face de moi. La bouteille n'avait besoin que de faire des tours complets. Mais je ne devais pas réfléchir trop longtemps : mon lancé ne devait pas sembler calculé. Alors, j'avais fait une petite prière et fais tourner la bouteille.

Elle avait tourné rapidement, avait ralenti progressivement jusqu'à pointer vers... Antoine. Mon cœur avait raté un battement, et j'avais pu voir une lueur amusée dans ses yeux. Du désir aussi. J'avais retenu mon souffle. Il s'était penché vers moi, et avant que je ne puisse réfléchir, ses lèvres avaient trouvé les miennes. Ce baiser, bien que rapide et impulsif, avait été doux et électrisant. J'avais senti une vague de chaleur m'envahir, et tout autour de nous avait semblé disparaître.

Après ce baiser, nous étions restés assis là, nos regards échangés, un sourire complice aux lèvres. La soirée avait continué, mais quelque chose avait changé entre nous. Plus tard, alors que la fête touchait à sa fin et que les derniers invités commençaient à partir, Antoine m'avait pris la main et nous étions sortis ensemble. Nous avions marché dans les rues désertes, parlant de tout et de rien, mais avec une nouvelle proximité.

Ce soir-là, il m'avait raccompagnée jusqu'à ma porte. Avant de me laisser rentrer, il m'avait embrassée à nouveau, cette fois avec plus de tendresse et de certitude. C'est ainsi que notre relation avait commencé, dans la simplicité d'un jeu d'étudiants, mais avec une connexion qui semblait déjà naturelle.

Dès ce jour, j'avais commencé à griffonner des cœurs avec des A un peu partout dans mes cahiers. A comme Amour, A comme Antoine.

-Je t'ai préparé une surprise, pour l'occasion, continu Antoine, moi toujours dans ses bras.

-Quelle surprise ?! Je demande, surexcitée.

-Si je te le disais, ce ne serait plus une surprise ! Tu devras patienter !

Antoine me donne un baiser sur le front, puis me fait un clin d'œil.

Je suis au comble du bonheur.

Tout ce que je veux te dire [wlw][TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant