Examens finaux

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Je pense à Antoine tous les jours. À tous les projets que nous avons faits, qui n'aboutiront jamais. Notre appartement ensemble, dont je rêvais tant... Je devrais me prendre un appartement toute seule.

Mes parents sont déçus de la fin de notre histoire, mais ont, heureusement, très bien pris le fait que je sois bisexuelle. Mais je n'ai jamais eu d'appréhension les concernant : je sais qu'ils m'aiment, sans condition. Qu'ils m'aiment pour qui je suis, en entier.

La douleur de ma séparation avec Antoine est toujours présente, mais une lueur d'espoir m'encourage à avancer : recontacter Anna, une fois mes examens terminés.

Lundi matin, la semaine des examens commence. Je me lève tôt, la tête pleine de théories et de citations. Je prends un petit déjeuner rapide, m'assure de bien m'hydrater et de manger quelque chose de calorique pour la journée. Dans le train, je branche mes écouteurs pour essayer de calmer mon anxiété. Tout va bien se passer.

La première épreuve est en Littérature comparée. J'entre dans la salle d'examen, salue rapidement quelques camarades, puis m'installe à ma place. L'examinateur distribue les sujets et annonce le début de l'épreuve. Je prends une grande inspiration et commence à lire les questions. La nervosité disparaît rapidement, remplacée par une concentration intense. Les heures passent sans que je m'en rende compte. À la fin de l'épreuve, je suis confiante, satisfaite de ma dissertation. Je profite de l'après-midi de libre pour passer du temps avec Julie. Elle me raconte qu'elle a trouvé un boulot en boulangerie pas très loin de chez elle ; que les conditions ne sont pas idéales, mais que c'est mieux que rien, pour le moment. Je compatie avec elle, puis c'est mon tour de lui expliquer tout ce que je n'avais pas pu lui dire les semaines précédentes. Mon baiser avec Anna, ma culpabilité vis-à-vis d'Antoine. Et finalement, notre rupture, et mon coming out à mes parents. Julie n'en revient pas.

Nous sommes assises sur les marches près de sa résidence. Julie, d'abord silencieuse, me regarde avec des yeux ronds, son sac posé sur ses genoux.

— Claire, c'est incroyable tout ce que tu as traversé ces dernières semaines. Je ne savais pas... dit-elle enfin.

Je secoue la tête, un sourire triste aux lèvres.

—Je ne voulais pas t'embêter avec mes problèmes, tu as déjà les tiens... Et puis, j'avais besoin de temps pour comprendre ce que je ressentais. De temps pour savoir ce qu'Antoine voulait, aussi.

— Tu n'es jamais une gêne pour moi, Claire. Je suis ton amie, et je veux être là pour toi, dans les bons comme dans les mauvais moments. Tu aurais dû me parler plus tôt.

Je soupire, sens comme un poids se libérer de ma poitrine. Parler à Julie de tout ça me fait un bien fou. Je me suis sentie si seule, ces derniers temps.

— Merci. C'est juste que... Je me sentais tellement perdue. Tomber amoureuse d'Anna, c'était inattendu. Et puis, la culpabilité par rapport à Antoine... Je ne savais plus où donner de la tête.

Julie hoche la tête.

— Tomber amoureuse, ce n'est jamais simple, surtout quand ça vient bouleverser tout ce que tu pensais savoir. Mais tu as le droit d'être heureuse. Si Anna te rend heureuse, alors tu dois suivre ton cœur.

Je souris, les larmes aux yeux.

— Tu as raison. C'est tellement nouveau pour moi. Mes parents ont été surpris, mais ils m'ont soutenue. J'ai eu de la chance de ce côté-là. Et Antoine... il a été tellement compréhensif malgré tout.

— Tu as des gens qui t'aiment et te soutiennent. C'est ce qui compte.

Oui, je pense. Et c'est tout ce que j'avais besoin d'entendre.

Les jours suivants se suivent et se ressemblent, mais j'ai le cœur plus léger. Chaque matin, je me lève avec la même routine : révisions, petit déjeuner, trajet en musique. Mardi, c'est au tour de Poésie Moderne et Contemporaine le matin, Linguistique l'après-midi. Les questions sont pointues, mais je suis préparée. Encore une fois, je sors de la salle avec un sentiment de satisfaction.

Mercredi, c'est l'épreuve d'Histoire de la Littérature le matin, et Littérature française l'après-midi. Deux matières que j'ai toujours appréciées, et je me sens particulièrement à l'aise en rédigeant mes réponses. La rédaction coule naturellement. Je passe ensuite la soirée à relire mes notes et à m'assurer que je n'ai rien oublié.

Jeudi, vendredi s'écoulent de la même façon, avec les derniers examens qu'il me reste.

En sortant de la salle d'examen vendredi après-midi, je prends un moment pour respirer profondément. C'est fini ! Mon Master est fini, enfin ! Je voudrais hurler pour évacuer toute ma frustration accumulée. Malgré mon retard des derniers mois, j'ai une moyenne générale assez correcte, et tout cumulé, je devrais m'en sortir sans aller aux rattrapages, et peut-être même avec une mention.

Les années de travail acharné, les nuits blanches, les moments de doute – tout cela mène à cet instant. Je verse quelques larmes de joie, de soulagement. Je suis en vacances, et je vais maintenant attendre mes résultats, pour ensuite postuler dans toutes les maisons d'édition de Paris. Je me sens fière de moi, fière d'avoir tenu bon malgré tout.

Je rentre chez moi et m'effondre sur mon lit, épuisée mais heureuse. La perspective de recontacter Anna me donne une nouvelle énergie. Le lendemain, je m'offre une journée de repos bien mérité. Je prends soin de moi, me fais plaisir avec un bon repas, et met aussi un point final à mon roman.

Le dimanche soir, je me sens prête. Je prends mon téléphone et compose un message pour Anna. Mes doigts tremblent légèrement, mais mon cœur est décidé.

Moi : Salut Anna, j'espère que tu vas bien. Je sais que je t'avais dit que je préférais que l'on coupe les ponts, mais j'aimerais te revoir. J'ai pleins de choses à te dire, et je ne voudrais pas le faire par message. Est-ce que tu serais disponible la semaine prochaine ?

Je relis le message plusieurs fois avant d'appuyer sur "Envoyer". Le soulagement m'envahit. Peu importe sa réponse, j'ai fait le premier pas. Je ferme les yeux. Je suis prête.

Quelques heures plus tard, un message apparaît sur mon écran. Mon cœur rate un battement en voyant le nom d'@anna_rcht s'afficher. Je prends une grande inspiration avant de l'ouvrir.

Anna : Salut Claire. Je vais bien, merci. Avec plaisir. Dis-moi où et quand, et je viendrais.

Je ne peux m'empêcher de sourire en lisant sa réponse. L'espoir renaît en moi. Je prends un moment pour réfléchir, puis je tape ma réponse.

Moi : Super ! Que dirais-tu de mercredi vers 14h, au Bois de Vincennes ? La météo annonce enfin du soleil...

L'endroit est parfait. Beaucoup d'arbres, de nature, de coin un peu discret. Avec du soleil, ce sera merveilleux. Et puis, je ne veux pas retourner aux endroits où je vais habituellement. Je voudrais un nouveau lieu, rien qu'à nous. J'attends la réponse d'Anna avec impatience. Quelques minutes plus tard, mon téléphone vibre de nouveau.

Anna : Ça me va. À mercredi alors !

Tout ce que je veux te dire [wlw][TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant