Espoirs déçus

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Je me prépare avec une nervosité qui me colle à la peau. Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec Anna pour l'exposition-événement sur la naissance de l'impressionnisme en 1874, au Musée d'Orsay. Ce n'est pas juste une sortie entre amies. Du moins, je veux croire que c'est plus que cela. Je repense à son message de la semaine dernière : "que tu oublies ton flop d'hier 🙃 pour que tu retentes". Est-ce une invitation à faire le premier pas ? Je suis persuadée que oui. Tous les indices pointent vers ces affirmations : elle aime les filles, elle me drague, je pense que je lui plais. J'ai du mal à envisager cette possibilité, car je ne crois pas avoir déjà plu à une femme auparavant : mais tous les indices sont là, n'est-ce pas ? Julie pense comme moi. Et dans la semaine, j'en ai même reparlé avec Bertrand, qui était d'accord avec Julie.

Je passe un temps fou dans la salle de bain, focalisée sur mes cheveux. Ils doivent être parfaits. Chaque mèche est brossée et recoiffée plusieurs fois. Je choisis une tenue décontractée mais élégante, quelque chose qui dit "je me suis préparée" sans en faire trop. Je jette un coup d'œil nerveux par la fenêtre : heureusement, miraculeusement, il fait beau. La pluie et l'humidité aurait fait boucler mes cheveux n'importe comment, et aujourd'hui, je les veux disciplinés.

Il est encore tôt, mais je ne veux pas prendre le risque d'être en retard. Cette fois, je veux être ponctuelle. Je sors enfin de chez moi, le cœur battant, espérant que la journée se passe bien. Je prends le métro une demi-heure en avance.

En arrivant à quelques rues du musée, je ne sais plus où je dois aller exactement. Je sors Google Maps et tente de suivre le petit bonhomme. Puis, j'entends derrière moi : 

-Non, tu n'y arriveras pas en allant de ce côté...

Je me retourne. C'est elle ; c'est Anna.

-Salut Anna ! Le bonhomme de Google ne me montre jamais la bonne direction, dis-je, essayant de cacher mon stress.

-Salut ; oui, ce doit être la faute du bonhomme, ce n'est pas du tout toi qui a du mal à te localiser...

-Hé !!

Nous rions toutes les deux. J'adore l'entendre rire. Elle me dit alors : 

-J'ai faim, je voulais manger un bout, mais tout est fermé, on dirait. 

-Ah, c'est vrai, on est dimanche...

Je bégaie un peu, je cherche mes mots. 

-Peut-être qu'on trouvera quelque chose après l'expo ? Je lui dis.

Elle sourit et accepte. Nous nous dirigeons vers l'entrée du musée, où une petite file d'attente s'est déjà formée. Nous avons trente minutes à tuer avant l'ouverture. On se met rapidement à parler de nos familles respectives, puis de nos vacances.

-Et toi, tu pars en vacances bientôt ? 

Je parle vite, essayes de masquer mon stress. Je m'en veux de ne pas réussir à être plus naturelle, plus éloquente. Je voudrais lui plaire, mais je ne sais pas comment faire. Je voudrais avoir l'air sûre de moi, mais je me sens maladroite.

-Oui, je pars avec quelques amis dans le sud.

Je ressens une pointe de jalousie en l'entendant parler de ses nombreux amis. Régulièrement, elle m'apprend qu'elle va partir à tel endroit avec a, puis que b viendra passer le week-end chez elle, puis qu'elle sortira avec c... Moi qui pensais qu'elle avait besoin d'amis sur Paris, il se trouve que finalement, elle a déjà beaucoup de monde, des amis et connaissances éparpillés un peu partout en France. Je suis heureuse pour elle, naturellement : mais c'est vrai que je ne peux m'empêcher de me demander où est ma place, dans tout ça.

Tout ce que je veux te dire [wlw][TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant