𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟔

7.7K 543 749
                                    

Aylin

Je suis exténuée.

Fatigué même à l'idée de respirer.

Une envie s'empare de moi, celle de tout abandonner.

Mais je refuse de céder à la facilité.

Mon combat n'est pas terminé.

Comme si mon corps était lessivé de toute énergie, il me faut mobiliser toutes mes forces restantes ne serait-ce que pour me lever de mon lit.

Debout en équilibre précaire, je me sens lourde, telle une ancre qui coule au fond de la mer.

Soudain, on me repousse sur le matelas, quelqu'un s'assoit sur moi et ma volonté s'en va.

Pourtant, la peur qui imprègne chacune de mes cellules me donne le courage de pousser un cri de rage.

— Au secou...

Une main se referme sur ma bouche et m'empêche de faire le moindre bruit. Cette main, ce toucher qui m'est si familier.

— Je te retrouverais toujours, Aylin, parce que je te veux.

Pierre.

Non, laisse-moi s'il te plait. Tu m'as déjà assez fait de mal.

Mon esprit est embrumé, mes membres sont paralysés. Piégé, avant même d'avoir essayé de me libérer, je comprends que personne ne me sauvera jamais.

Je sens qu'il commence à se frotter à moi, mais impuissante je reste à sa merci. Les larmes qui coulent aux coins de mes yeux comme seul témoin de ma souffrance. Est-ce qu'un jour j'aurai droit à la délivrance ?

Puis le cliquetis de sa ceinture qui se détache me parvient. Et c'est comme si ce bruit avait signé ma fin. Alors je prie de tout mon cœur. Pour ne plus avoir peur.

Car la mort n'est peut-être pas un si mauvais sort.

« Bats-toi pour tes rêves, toujours. Moi je me battrais toujours pour toi, car tu es le mien »

Louis.

Tu n'es plus là et je n'ai plus envie de continuer de me battre sans toi.

Alors je clos mes paupières abandonnant toutes prières.

« Grande sœur... tu... tu... fais quoi ? »

Ilyas.

Au non, non, non.

Je ne peux pas le laisser !

Réveille-toi, Aylin !

Maintenant !

— Aidez-moi ! hurlé-je sans qu'aucun son ne sorte de ma gorge.

Je décide alors de me débattre comme une bête sauvage pour me libérer. Pourtant, mon corps refuse de m'écouter.

Mon cœur pulse si effrénément dans ma poitrine que j'ai l'impression qu'il va exploser.

— Au secours ! crié-je dans un dernier souffle.

Et soudain, je me réveille haletante. La respiration saccadée par ce cauchemar qui ressemblait bien trop à la réalité. Je ne pensais pas être à ce point traumatisé.

J'ai transpiré, il faut que j'aille prendre une douche.

"Fait de beaux cauchemars Aylin".

Ne t'inquiète pas Miller, c'est fait.

Une semaine que la fête est passée et qu'il m'a raccompagné chez ma grand-mère, pourtant, le souvenir de cette soirée me hante encore. Et elle me colle à la peau comme un tatouage indélébile. Elle m'a marquée pour toujours et à jamais.

BLINDLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant