Chapitre 21 : Nolan

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TW : sang, meurtre, description de corps


Un poids à mon bras m'interpelle alors que je découvre le corps d'Olivier, le guépard-garou, allongé sur le sol, les vêtements déchirés, comme s'il revenait de sa course de la pleine lune, le regard vide, la bouche entrouverte, le corps couvert de sang. Je vois ses intestins sortir de son estomac et me retiens d'aller dégueuler. D'ailleurs, j'entends des hauts le cœur parcourir quelques-unes des personnes entassées autour de moi.

Toutefois, je ne peux pas continuer mon inspection, car une main m'agrippe si fort que je me retiens de tomber. Mon visage se tourne et je remarque Jade en train de s'écrouler au sol. Je la rattrape par réflexe avant qu'elle ne chute. Le visage blême, elle a dû voir Olivier. Merde... elle est sûrement choquée parce qu'elle le connaissait. Ou à cause du corps. Nous sommes tous choqués.

Je ne peux pourtant pas m'occuper d'elle, j'ai plus urgent à faire. Même si je veux m'assurer qu'elle va bien, nous sommes face à un meurtre, il va sans dire et il faut que je prévienne autant les autorités que mon père. Une chevelure rousse attire mon attention. Asia !

— S'il te plait, l'appelé-je, occupe-toi de Jade.

Elle met quelques temps avant de focaliser son attention sur moi, comme choquée. Qui ne le serait pas ? Puis, elle finit par comprendre et hoche la tête pour se précipiter vers Jade. Elle la remet debout et l'emmène un peu plus loin. OK, au moins, ça, c'est réglé pour le moment. J'irai la voir un peu plus tard. Je sors immédiatement mon portable de la poche et appelle mon père.

Je lui explique la situation et il me donne ses instructions. J'intercepte Jeremy et Alec, sûrement réveillés par cette agitation. D'ailleurs, je remarque de plus en plus de monde autour de nous. Ce n'est pas bon, pas bon du tout... Plus il y aura de personnes sur la scène de crime, plus il sera difficile de trouver le coupable. C'est ce que vient de m'expliquer mon père.

— Repoussez les gens, leur demandé-je. Nous devons créer un périmètre de sécurité. Qu'on ne s'approche pas du corps !

Je crie cette dernière phrase à tue-tête. Les gens reculent enfin. Puis, j'appelle la police, mes yeux rivés sur le corps meurtri du pauvre Olivier. Pourquoi ? Comment ? Je n'ai aucune réponse, mais ça ne présage rien de bon pour la Wolf Academy. Pour tous les étudiants, à vrai dire. Sommes-nous en danger ? Je ne l'espère pas. Pourtant, le guépard-garou n'est plus de ce monde. Un assassin se trouve parmi nous.

***

Avec mon père, nous nous trouvons dans une salle, à proximité de la scène de crime. Le corps a disparu depuis longtemps, emporté par une ambulance. Une zone de sécurité, gardée par des policiers, a été mise en place pendant que la police scientifique relève les empreintes à plusieurs dizaines de mètres à la ronde. Certains membres parcourent même le campus et les abords de la forêt pour trouver des indices. Comme je le pensais, beaucoup trop de personnes se sont retrouvés autour du corps. Il sera difficile de révéler quoi que ce soit.

Deux enquêteurs nous dévisagent autour de la table où nous sommes installés. Ils me posent un tas de questions. Le problème, c'est que je n'ai pas beaucoup de réponses à leur fournir. Je ne suis arrivé que bien après que le corps a été trouvé par les étudiants.

— Savez-vous qui est arrivé en premier sur les lieux ? me demande l'un des officiers.

— Je crois que c'est Thomas, un de nos premiers années. C'est lui qui a donné l'alerte. Il attend en compagnie de son mentor et de quelques-uns de mes loups.

— Vous a-t-il dit pourquoi il se trouvait sur les lieux à une heure aussi matinale ?

— Aucune idée, je n'ai pas eu le temps de l'interroger sur le sujet. J'étais aussi perturbé que les autres.

Mon père, à mes côtés, a croisé les bras et me fixe. Pas besoin qu'il ne parle ou qu'il émette un son pour comprendre qu'il désapprouve mon attitude. Selon lui, j'aurais sûrement dû m'acquitter de cette tâche. J'aurais bien aimé l'y voir : passé le choc, il a fallu que je m'occupe de la foule, des questions, de la police ensuite... Quand aurais-je pu questionner Thomas ? Je n'ai été au courant de son intervention que lorsque Carla et quelques autres de mes loups sont venus pour me parler de l'état critique dans lequel se trouvait la mangouste-garou : assis à même le sol, les mains sur la tête, il faisait une crise de panique.

Ma jambe tressaute sous la table. Comme je n'ai rien à apporter aux autorités, j'aimerais m'éclipser au plus vite. J'ai laissé Jade avec Asia, mais avec tout ce qui s'est passé en une heure, je n'ai pas eu le temps de la retrouver. Je veux m'assurer qu'elle va bien. Peut-être Asia l'a-t-elle raccompagnée jusqu'à son dortoir ?

Encore quelques questions auxquelles je n'ai pas de réponses avant que les deux policiers ne décident de me relâcher.

— Puis-je vous parler quelques instants ? demande mon père à leur intention.

Je comprends, seul à seuls. Les deux officiers acceptent. Lorsque je me lève, mon père m'interpelle.

— Attendez-moi dans le couloir, j'ai à vous parler aussi.

J'ai presque envie de jurer, mais me retiens à temps. Et moi qui croyais pouvoir m'éclipser en évitant une remontrance... Sa sollicitude de la veille semble avoir disparu vu le regard sombre qu'il me jette...

Les poings serrés, le ventre noué, je sors de la pièce et m'adosse contre un mur. Jeremy et Alec qui attendaient accourent vers moi.

— Alors ? me demande Alec.

Je hausse les épaules et leur résume succinctement mon interrogatoire.

— Je pense qu'ils vont questionner d'autres personnes. Thomas est-il en état de leur parler ?

— Il va un peu mieux. Samuel, son mentor, s'occupe de lui.

— Et vous avez réussi à trouver Teddy ?

— Pas encore, répond Jeremy. Mais il doit avoir dormi dans la chambre de l'une de ses conquêtes.

— Il faut que vous le trouviez au plus vite ! Il était le mentor d'Olivier, il sait peut-être quelque chose. Allez-y !

Sans attendre, mes frères me quittent pour alpaguer d'autres loups et s'atteler à la mission sans broncher. Je ne leur ferai pas confiance pour leur divulguer mes plus noirs secrets, en revanche, ils sont très efficaces quand on leur donne des ordres précis. Ils trouveront Teddy.

Je dois patienter encore cinq minutes avant que la porte ne s'ouvre. L'un des officiers hoche vers l'un de ses subordonnés à quelques mètres.

— Allez me chercher Thomas Santini, s'il vous plait.

— Peut-il subir votre interrogatoire avec son mentor, Samuel ? demandé-je. Il était en état de choc il y a encore quelques temps, je pense que ce serait préférable.

Mon père sort de la pièce et fronce les sourcils, mais il semble approuver ma requête.

— D'accord, accepte le flic.

Lune ArdenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant