Chapitre 50 : Jade

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Nolan me scrute quelques instants. Est-il mécontent ? Souhaite-t-il tout arrêter ? À cette perspective, mon cœur se resserre. Je ne le veux surtout pas ! Alors qu'on a tant avancé dans notre relation. Mais il doit comprendre que c'est impossible entre nous. Définitivement.

Je suis une guépard-garou. Lui, un loup-garou. Nous sommes tous deux destinés à des futurs opposés. Il deviendra le chef de sa meute, se trouvera une luna avec qui il aura des enfants et ainsi, pourra perpétuer le sang des loups.

Quant à moi, je dois devenir la plus grande interprète de ce monde. J'ai envie de lier toutes les communautés et continuer l'œuvre de mon grand-père. Je me fiche de ma descendance. En revanche, je veux transmettre quelque chose aux générations futures. Je ne le pourrai pas si je me mets en couple avec lui. Être ensemble serait très mal vu. On pourrait même nous chasser. Et alors quoi ? Nos avenirs seraient bloqués. Nous ne pourrions rien envisager pour la suite. C'est triste, mais c'est ainsi. On ne peut aller à l'encontre de notre destin...

Nolan doit comprendre. J'imagine qu'il a dû réfléchir des centaines de fois à nous et ce que tout ceci signifiait. Il ne m'a pas embrassé parce que c'était le moment, la veille. Non, je suis sûre qu'il y a pensé plus d'une fois. Mes rencontres avec lui ces dernières semaines me sont désormais plus claires. Il désirait ce rapprochement. Tout autant que moi !

Il finit par se râcler la gorge et me détaille, toujours son corps surplombant le mien.

— En es-tu sûre ? me souffle-t-il.

J'entrouvre la bouche. Que veut-il dire ? Qu'il m'aime ? Que moi-même, je l'aime, mais que je ne le sais pas encore ? Mon cœur s'affole. Je ne sais pas...

— Je sais qu'entre nous deux, c'est impossible, mais...

— Tu m'apprécies un peu trop pour ton propre bien, le coupé-je. C'est ça ?

— En effet... je t'aime beaucoup, Jade. Mais... au fond, tu n'as pas tort. C'est juste que... je souhaiterais tellement que tout ceci, mon statut, mes responsabilités, ne viennent entraver notre relation. Je veux dire... ne peut-on pas juste profiter ? Tout simplement ? Sans avoir à penser aux risques ou aux conséquences ?

— Mais tu ne peux pas !

L'oppression dans ma poitrine se renforce. Je suis obligée de le repousser pour me réinstaller sur une chaise. Un peu de distance entre nous me semble indispensable. Nolan saisit et s'assoit à côté de moi. Nos corps ne se touchent plus, que ce soit nos mains ou nos genoux. Et c'est beaucoup mieux ainsi.

— Je le sais tout ça, soupire Nolan.

Son regard triste me percute. J'ai presque envie de balayer mes résolutions et de le prendre dans mes bras, mais je me retiens.

— Que tu me remettes les idées en place... je dois dire, ça fait mal. Parce que... dans cette histoire, c'est moi qui aie le plus à perdre, n'est-ce-pas ?

Je ne le contredis pas. C'est vrai.

— Alors, d'accord, finit-il par souffler. Ne mêlons pas nos sentiments à cette histoire. Mais... je ne veux pas que ça s'arrête maintenant, alors qu'on a à peine commencé !

— Je n'ai jamais dit que je voulais qu'on arrête ! m'indigné-je.

Du soulagement traverse son visage, j'attrape alors sa main libre et la serre.

— Pas de sentiments, mais beaucoup de rapprochements, et peut-être plus !

La perspective semble le ravir : il me tire par le bras pour que je m'installe sur ses cuisses. J'adore cette position, moi sur lui.

— Et si tu me donnais un léger aperçu de ce rapprochement que tu me promets, susurre-t-il.

Je pouffe de rire.

— Je vois qu'on est devenu soudain sérieux par ici, plaisanté-je.

— Quand ça parle de sexe, je suis toujours très sérieux ! me confie-t-il, un large sourire sur les lèvres.

Je décide de capturer sa bouche afin de retirer cette confiance qu'il semble arborer. Ça m'agace et en même temps, c'est tout lui. J'ai fini par apprécier sa manière d'être. Sa nonchalance et sa prétention cachent finalement une très grande sensibilité. C'est ce Nolan-là qui m'attire, celui qui est prêt à me faire plaisir sans rien demander en retour. Celui qui pense toujours à moi, malgré le poids de ses responsabilités et tout le travail qui pèse sur ses épaules. Celui qui ose et qui ne se ferme à aucune possibilité. J'ai compris ce que j'étais pour lui : cette liberté qu'il recherche tant, lui qui se retrouve enfermé. Et notre relation, même si elle ne va pas loin, lui permet de se libérer de ce carcan. Je placerai mes sentiments sous scellé, ils ne sortiront pas. Je ne veux pas souffrir. Mais au moins, je veux profiter de lui, comme lui de moi.

Notre baiser devient plus intense, plus approfondi, plus passionné. Cette fois, ses mains osent soulever mon haut pour glisser sur la peau de mon dos. Ses caresses trop tendres me rendent folles. Je recule pour attraper l'une de ses paumes et la placer carrément sur un sein.

— Touche-moi ! lui ordonné-je.

Il retient le sourire qui veut s'étirer sur son visage et commence un doux palpage. Quand son index et son pouce pincent l'un de mes tétons pointés, je ne peux réprimer un léger gémissement. Je rapproche mon bassin du sien et me frotte à lui, en ressentant très clairement son excitation pour moi. Cette fois, c'est lui qui pousse un léger râle. Un, partout !

Nous reprenons nos baisers sous des caresses aussi languissantes et qu'émoustillantes, sans pourtant aller plus loin que des touchers. Nous sommes tout de même en plein milieu d'une bibliothèque et même si la pièce nous permet d'être à l'abri des regards, nous ne sommes pas seuls. De plus, j'ai l'intime conviction que, tout comme moi, Nolan n'a pas envie que notre première fois se déroule ici, dans un lieu aussi confortable, bien qu'excitant, vu l'interdit que l'on pourrait franchir.

Lune ArdenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant