Chapitre 47 : Nolan

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Les lumières s'éteignent d'un coup et des cris s'élèvent dans la fosse. Les portables brandis, tout le monde se rapproche de la scène, nous de même. Mon torse se retrouve collé au dos de Jade. Je ne veux plus la quitter. Elle doit se mettre sur la pointe des pieds, je recule un peu, malgré les personnes autour de moi et l'emmène dans mon mouvement. Elle se cale alors et réussit à trouver un angle de vue.

— Merci, me souffle-t-elle.

Je n'ai pas le temps de lui répondre que les notes d'une musique classique, puis de Fatty Boom Boom tonnent dans les enceintes. Là, ça devient le bordel. Je finis d'un trait ma pinte de bière pour éviter d'en mettre partout et propose à Jade de tenir la sienne. Depuis quand je me sens l'âme d'un chevalier ? Je crois que cette nana m'a totalement chamboulé. Et j'en redemande. Elle tente de terminer sa boisson, mais n'y arrive pas et me la tend.

— Bois-là, si tu veux.

Les mains enfin libres, elle se déhanche et nos corps se touchent sans le vouloir. Enfin... hors de question de reculer alors qu'elle se trouve si près de moi. Je ne deviens pas insistant, mais je ne me dévie pas non plus. De toute manière, je ne peux pas, des centaines de personnes m'entourent. La fièvre nous envahit, la chaleur monte, de la sueur perle suinte de nouveau de ma peau, mon rythme cardiaque s'accélère, à l'unisson de tous les autres, et surtout, de Jade pressée à moi.

Le groupe nous enflamme et chaque titre est un pas de plus à notre transe. On chante, on crie à tue-tête, on rit, on danse. La prestation nous époustoufle, quant à la mise en scène, rien à dire : ils ont mis le paquet avec les deux étages, le DJ à l'arrière, sous un décor spatial dystopique.

Lorsqu'enfin la chanson préférée de Jade débute, cette dernière ne peut s'empêcher d'hurler sa joie. Elle se retourne tout en sautant en me lançant un sourire qui ravage tout son visage. Je lui réponds en retour. Dans un geste incontrôlé, ma main vient se glisser sur sa taille et accompagne le rythme de son bassin. Un éclair semble luire dans ses pupilles. C'est face à moi qu'elle danse désormais, et non face à la scène et ses doigts ont agrippé le haut de mon t-shirt. Mon souffle se raréfie alors que nos corps se balance au rythme frénétique de la musique. Pourtant, ce n'est pas un slow, mais nous ralentissons peu à peu. Elle se rapproche de moi et se met sur la pointe des pieds. Mes deux paumes viennent attraper le bas de son dos pour la hisser jusqu'à moi. Nos regards aimantés ne se lâchent pas et je me baisse pour capturer ses lèvres.

Je n'ai pas réfléchi. Une seule seconde. Sa bouche m'appelait, j'ai juste répondu à sa requête muette. Jade réplique avec une ardeur insoupçonnée. Ses doigts accrochent ma nuque pour approfondir notre baiser et là, mon cerveau s'est mis en mode off. Nos langues s'entremêlent, nos corps se pressent l'un contre l'autre, nos mains s'accrochent pour ne pas perdre pied. Une passion telle que je n'ai jamais connue m'envahit. Rien n'est assez. Je veux plus que ce baiser, encore plus !

Au bout d'une minute, nous nous lâchons pour nous observer un instant, puis retrouvons le ballet de nos langues. Nous finissons par reculer, un sourire sur les lèvres, et revenons à la réalité, à cette foule qui se déhanche autour de nous. Un éclair de joie traverse son regard et elle se retourne pour continuer à danser. Son corps collé à moi n'est plus juste une envie, un désir, mais une réalité. Je pose mes paumes sur ses hanches et bouge au même rythme.

De temps en temps, Jade revient vers moi et m'embrasse encore. J'accueille chaque nouveau baiser tel un trophée, un triomphe, une nouvelle bataille de gagner.

Lorsque le concert s'arrête au bout d'une heure quinze – oui, ce n'était pas si long –, j'attrape sa main pour l'emmener avec moi et me poser dans un coin de la salle, sans que personne vienne nous bousculer. Je jette un regard vers Gabriel qui hoche la tête et sort avec la foule. Il a compris et compte nous attendre sur les marches, je pense.

Calé contre le mur, Jade face à moi, je capture de nouveau ses lèvres et nous nous laissons emporter par cet énième baiser.

Mon cœur s'emballe, mon estomac se tord, mon entrejambe se serre dans mon jean et mon cerveau ne pense plus. Je veux me laisser porter par cette félicité. Je rêvais depuis des jours de la goûter. Et mes attentes sont plus que dépassées. Surtout, Jade répond avec la même ferveur que moi. Elle l'a ressenti, ce désir qui nous a étreint, je n'en doute plus une seule seconde.

Quand nous nous séparons enfin, la salle n'est pas encore vidée, il reste bien une centaine de spectateurs, nous allons devoir partir dans pas longtemps. Sans discuter, j'entrelace mes doigts entre les siens et nous marchons vers la sortie. Nous n'avons pas besoin de parler, je crois que nous souhaitons rester dans cette béatitude.

La suite ? Je sais déjà ce que je veux : Jade ne sera pas qu'une fille d'un soir, d'une nuit, ou d'un concert. Je souhaite pouvoir construire une relation avec elle. Et ce, malgré mon statut et mes obligations. Je trouverai un moyen. Nous trouverons un moyen. Si bien sûr, elle le désire.

Lune ArdenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant