Chapitre 24 : Nolan

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Je me donne plusieurs claques mentales avant d'arriver aux abords de la Lune Ardente. Cette fois, je hoche juste la tête vers Madame Louvois, qui arbore un sourire en coin, comme si elle avait déjà deviné vers où je me dirigeais. Non, ce n'est pas possible, ce doit être dans ma tête.

À la chambre 26, je donne un coup à la porte, et là encore, Jade met du temps à m'ouvrir. Est-elle en train de dormir ? Ou en pleurs ? Je l'ai laissée tout à l'heure par défaut, mes responsabilités prenant le dessus, mais maintenant, c'était peut-être une mauvaise décision. N'importe quoi, Nolan ! Ton rôle d'alpha est plus important que tout !

Jade finit par entrouvrir la porte. Même constat que ce matin, peut-être en pire. Son visage est chiffonné, ses cheveux partent dans tous les sens et si la gravité de la situation n'était pas celle qu'elle était, j'aurais pu sourire : là, je retrouve la petite Jade de mon enfance.

— Nolan ? Que fais-tu là ? s'étonne-t-elle.

— Tu as mangé aujourd'hui ou pas ?

Le sourcil haussé, elle réfléchit quelques instants, comme si elle sondait sa journée. Elle est vraiment en vrac pour ne pas s'en rappeler. Quand elle secoue la tête, je lui montre mon sac à dos et lui propose de sortir.

— Euh... je crois que je vais rester dans la chambre...

— Tout le monde doit assister au discours du directeur.

Après un soupir épuisé, elle décide d'attraper une veste et de me suivre. Elle ne semble plus avoir la force de discuter avec moi. Mon cœur se comprime à cette pensée. Je l'emmène jusqu'à un banc, sous quelques arbres. La température est plutôt agréable et au moins, aujourd'hui, il ne pleut pas. Pendant quelques instants, elle avise le sandwich que je lui ai donné, dans ses pensées, puis croque dedans. Moi aussi, je mange, mon estomac de plus en plus grondant.

— Tu as appelé ton père ? lui demandé-je.

— Oui.

— Il a contacté les parents d'Olivier ?

— J'imagine.

Je ne sais pas pourquoi j'enchaîne les questions, mais je déteste le silence entre nous. De là où nous nous trouvons, des étudiants traversent les divers chemins pour se rendre d'un bâtiment à un autre, mais je remarque que la plupart se dirige vers l'amphithéâtre. En avance, ils veulent certainement se placer aux premières loges. Pour ma part, je ne dois pas arriver en retard, mais mon statut m'obliger à rester auprès de mon père ou m'asseoir devant. JMes membres y veilleront.

Mon regard parcourt les environs pendant que je mâche mon bout de sandwich. Je suspends soudain mon geste : à une vingtaine de mètres, j'aperçois trois voitures blindées de l'armée se garer sur le parking. Les passagers en sortent et vu la rapidité dont ils se placent, nous n'avons pas affaire à des civils, mais bien à l'Escouade de la Nouvelle Lune. Habillés de leur uniforme réglementaire, vêtements kakis, plastrons et couvre-chef, ils ne portent pas d'arme, juste un sac à dos chacun. Je reconnais immédiatement mon oncle Vincent, le seul à ne pas être vêtu comme le reste du groupe : il porte son uniforme officiel de cérémonie. Je pense qu'il a dû passer au château avant de se rendre ici. Son visage fermé ne présage rien de bon. Il discute quelques secondes avec son équipe, puis celle-ci se déploie dans le campus. Seuls deux loups-garous restent à ses côtés et là, mon estomac se contracte. L'un d'eux s'est retourné et nos regards se sont connectés : Gabriel.

— Mais ce ne serait pas... commence Jade, à côté de moi.

Lorsque mon frère nous avise, il discute quelques instants avec mon oncle, qui me fixe. Puis, Gabriel prend notre direction.

Lune ArdenteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant