𝐂𝐇𝐀𝐏𝐈𝐓𝐑𝐄 𝟏𝟕

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Louis

— Voilà, tout en douceur. Je t'ai préparé des petits pois et une omelette, l'avertis-je tout en la mettant en position assise sur son lit. J'espère que tu as faim !

La voir sourire suffit à me détendre et m'apaiser. Et rien que pour ça, je souris moi aussi. Il n'y a qu'avec elle que je peux être moi-même. Sans filtre, sans faux semblants, sans masque.

En sa présence, Miller, ainsi que cette partie de ma personnalité que j'exècre ne peut pas prendre le dessus.

Elle est tout pour moi.

Elle est tout ce qu'il me reste.

— Merci Louis, souffle-t-elle plus faible que jamais. Et oui, je meurs de faim.

Rien qu'à l'observer, mon cœur se serre. Ma joie se perd. Y a-t-il encore de l'espoir ? J'ai de plus en plus de mal à y croire. Pourquoi la vie me fait-elle autant souffrir ? Parfois, j'ai juste envie d'en finir. Comme une boucle sans fin, la douleur se retrouve irrémédiablement sur mon chemin.

J'espère que tu me pardonneras un jour maman.

Moi je ne me le pardonnerais jamais.

Jamais.

Je remplis la cuillère de petit poids et l'avance vers sa bouche. Concentré, je prends soin de ne rien renverser, même si à force, c'est devenu une habitude.

Et j'aurais préféré ne jamais la prendre.

Selena ne travaille pas le dimanche. Heureusement, j'ai envie de dire. Elle aussi a le droit d'avoir une vie privée et de se reposer.

J'aime les dimanches. Ce sont les seuls jours où je suis seul avec maman. Et j'aime cette solitude qu'on partage à deux. Ces moments rien qu'à nous. Ce sentiment de sécurité. Comme si plus rien de mal ne pouvait nous arriver.

On s'est promis de ne plus jamais inclure qui que ce soit dans notre duo.

— Tu ne vas pas courir aujourd'hui ? me demande-t-elle, surprise que je sois encore là.

Courir.

Il s'agit d'un passe-temps que j'affectionne tout particulièrement. Aussi, est-il vrai que depuis un mois, je cours chaque matin, sans pour autant comprendre la raison.

Si tu sais très bien pourquoi, me souffle cette infime partie de moi, celle-ci même que je déteste plus que tout.

Oui, je le sais.

Au fond de moi, je désire être celui qui aidera Aylin lors de ses compétitions d'athlétisme. Cependant, je suis déjà inscrit au club de boxe. Et étant donné qu'on ne peut pas cumuler deux sports, cela s'avère être un problème de taille.

Un instrument ainsi qu'un sport maximum. L'établissement Rivera favorise la qualité à la quantité, je suppose.

Mais je ne baisse pas les bras pour autant.

Jamais, quand il s'agit d'elle.

Qui sait, peut-être que pour une fois le destin sera de mon côté. De plus, les courses me ramènent à de doux souvenirs, ceux qui ont forgé notre relation au lycée. Lorsque nous foncions tête baissée dans la ville, main dans la main, et que même le vent qui fouettait notre visage sous la pluie battante ne pouvait pas nous entraver.

La douceur de sa peau me manque. La chaleur de la paume de ses mains m'entaille un peu plus le cœur chaque fois que j'y pense. Et, le son de sa voix devient l'ultime coup de glaive en pleine carotide. Je ne peux plus la serrer dans mes bras, je suis incapable de l'embrasser.

BLINDLYOù les histoires vivent. Découvrez maintenant