RUN AWAY | jaeyong

chapitre 19

Jaehyun ferma la porte derrière lui. Il s'adossa à celle-ci, entendant les bruits de la voiture partir. Les bruits étaient de plus en plus lointains, laissant le brun seul avec ses sentiments ruinés et son cœur brisé. Il ferma les yeux, se demandant encore s'il n'avait pas fait un mauvais rêve.

Il se sentait vraiment très mal d'avoir réagi comme il l'avait fait. Ce n'est que maintenant qu'il regrettait et il savait que c'était bien trop tard. Il était lâche. Lui qui avait toujours aimé provoquer sa famille pour leur montrer qu'il pouvait vivre sans eux et ce qu'ils pensaient, il avait fini par se mettre avec eux contre celui qu'il aimait. Il était déçu de lui-même.

Il était tombé bien bas. Autant dans ses actes avec Taeyong que maintenant. Les fesses sur le sol froid, le carrelage nettoyé il y a quelques heures par Ten. Trop tard. Tout était trop tard maintenant. Il était passé à côté de sa vie tout le long de celle-ci pour faire plaisir aux deux hommes qui la lui avait gâchée. Jaehyun était devenu une pâle copie de lui-même. Il était leader d'une équipe de football, premier de sa classe, une tonne de filles à ses pieds avec un bel avenir devant lui. Mais, lui, il voulait devenir photographe, vivre dans un petit appartement de banlieue avec Taeyong. Il voulait la belle vie avec Taeyong.

Il s'y voyait déjà. Il voyait le noiraud sur leur petit balcon entrain d'entretenir les fleurs qu'il lui avait offert pour son anniversaire, des orchidées pour fêter le mois de juillet. Sur ce balcon, il y avait beaucoup de plantes en tout genre partout. Mais, les préférées de Jaehyun étaient celles que Taeyong passait du temps à embellir, car il le faisait tellement bien qu'elles ressortaient bien plus que les autres. Il voyait déjà la guitare du plus vieux, qu'il lui avait gentiment offert, posé sur le canapé - alors que le brun lui avait dit des quantités innombrables de fois de ne pas le faire - avec des partitions griffonnées sur une feuille d'imprimante. La même imprimante dans laquelle quelques uns des nouveaux clichés du cadet étaient entrain de sortir. Sur cette même imprimante, une assiette sale était posé, juste à côté du canapé. Partout sur les murs mal repeint, les photoshoot de grandes stars du mannequinat comme Jung Hoyeon, Yoon Jujang, Cha Eunwoo, Lee Jeno et meme Chittaphon Leechaiyapornkul.

En parlant du loup, on en voit la queue. Alors que Jaehyun avait caché son visage dans ses bras pour penser à sa vie vaine avec Taeyong, l'homme de ménage le trouva au sol, celui qu'il venait de nettoyer.

— Jaehyun ? Tout va bien ?

Comment Ten pouvait prétendre ça ? Il était sur le point de pleurer à chaudes larmes, et ça se voyait.

Voyant que le plus vieux ne répondait pas, le noiraud vint s'asseoir à ses côtés. Lui aussi avait entendu la valise de Taeyong rouler sur le sol du haul, les graviers et la voiture partir. Ils étaient probablement les deux seuls à savoir pour son départ. Ten n'en avait parlé à personne, c'était bien trop tôt pour ça. Puis, c'était dans ces moments là qu'il devait jouer son rôle d'ami. Depuis des années ils se connaissaient, il ne pouvait pas le laisser tout seul dans sa tristesse.

— Taeyong était pas à sa place avec nous, tu l'sais aussi bien que moi, essaya de réconforter le cadet en frottant le dos du brun. T'as été parfait avec lui mais c'est peut-être pas le bon moment.

— J'suis dévasté Ten...c'est de ma faute s'il est parti...j'suis pas assez bien pour lui.

Chittaphon se contenta de frotter son dos, posant son regard sur son corps recroquevillé sur lui-même. Il n'avait que rarement vu Jaehyun aussi fermé et triste. Il fallait dire qu'il n'était jamais heureux quand il était ici, avec sa famille à Yeosu. Son père, ses frères et leurs exigences l'avaient tué, rongeaient jusqu'à la moelle. Lui, il voulait juste aimer celui qu'il voulait, qui l'avait tant aidé pour convaincre sa famille de son indépendance, qui était finalement tombé pour lui. Certes, Chittaphon ne connaissait pas toute l'histoire, mais il en connaissait assez pour savoir qu'aussi belles qu'elles étaient, toutes les histoires avaient une fin.