RUN AWAY | jaeyong

chapitre 21

Le noir n'allait pas au teint de Jaehyun, ne à celui de sa mère, de son père et ses frères. Cette couleur allait bien mieux à la chère mère de Chittaphon et ses longs cheveux de jais qui essuyait ses nombreuses larmes avec un tissu brodé du nom de son fils.

Jaehyun se demandait si le noir allait à la famille de Johnny. Ils étaient tout le temps occupés, jamais disponibles et ce, même pour l'enterrement de leur propre fils. Le brun se devait de rester de marbre face à cela, ne pas exploser car les Suh avaient trop de travail pour se mettre en pause. Jaehyun et sa famille avaient fait leur maximum pour venir à ce funeste moment. Ten avait été pendant des années le meilleur ami du brun, ne le laissant jamais seul comme il pouvait souvent l'être. Le perdre était un événement tragique, une fêlure dans son âme et sur son coeur qui n'était pas prête d'être réparée.

Pourtant, ses maux furent consolés par l'homme à ses côtés. Taeyong avait pris la peine de venir, de s'habiller en noir de la tête aux pieds et de coiffer ses cheveux. Cette nouvelle couleur avait beaucoup plu au plus jeune mais, étant en plein deuil, il ne se sentait pas capable de lui dire en face. Le bicolore regardait le sol, pleurant à chaudes larmes dans un silence religieux. Il jouait avec ses doigts, il se rongeait la peau des lèvres pour se taire. Il ne voulait gâcher cette cérémonie qu'il aurait préféré éviter, comme pour tout au monde. Personne n'aime les enterrements, surtout pas Taeyong.

Celui qui était sur le point de se noyer dans ses larmes était Jongin. Jaehyun ne l'avait jamais vu autant pleurer de sa vie. Johnny était plus qu'un collègue pour lui, il était son ami et celui qu'il préférait de loin. Ils étaient la version plus âgée de Ten et Jaehyun. Ces pertes mettaient tout le monde à mal. Aujourd'hui était un jour funèbre.

Le prêtre de l'église de Yeosu récitait des prières que personne n'écoutait. Taeyong était énervé par la présence de cet homme saint. Si Dieu existait vraiment, s'il était si bon que ça, il n'aurait jamais emporté Chittaphon et Johnny dans cet accident. Aucune divinité ne pouvait se désigner comme telle en prenant la vie de plus de cents personnes. Ils étaient des parents, des frères et des sœurs, des amis et des amants. Ils avaient tous une vie avant ce crash, une vie prise tragiquement.

Taeyong détestait la religion, l'idée que les gens se faisaient du bien et du mal à cause de celle-ci. Non, Dieu ne cherche pas à les tester. Non, Dieu ne veut pas qu'ils fassent amis en partageant le pain et le sel. Dieu n'était pas bon. Il volait le bonheur aussi vite qu'il l'avait diffusé sur Terre.

Une dernière fut citée sur les tombes vides. Le prêtre embrassa son chapelet, souhaitant que le Christ ait pitié de leurs âmes et les accepte au paradis. Il salua toutes les familles, les quelques personnes présentes sans oublier le bicolore qui se força à relever la tête pour lui souhaiter une bonne journée dans le confort de la vie chrétienne.

— Que Dieu vous bénisse, termina le vieille homme en quittant le cimetière.

— Qu'il aille se faire foutre...soupira Taeyong, continuant de pleurer autant que son silence le voulait.

Il ne connaissait ni Johnny ni Ten depuis longtemps mais, un mois lui avait suffit pour s'attacher. Le noiraud l'avait toujours écouté et soutenu, ils avaient beaucoup rigolé et avaient même partagés des soirées à papoter pendant que leurs deux amants dormaient comme des loirs. Pour le bicolore, le thaïlandais et l'américain étaient la définition de l'amour. Ils avaient attendu si longtemps pour être ensemble sans qu'ils n'aient de problèmes, sans que la différence l'âge les impacts. Et, alors que c'était le moment pour eux d'enfin vivre au jour le jour, deux passagers de l'avion n'en avaient pas décidé ainsi.

Selon l'audio de la boîte noire et l'enquête encore en cours, ce n'était pas une attaque terroriste. Il s'agissait de deux faux stewards qui étaient là pour faire une tuerie de masse. Vengeance, révolte, connotation politique ou encore un coup de folie, personne n'était en mesure de le dire pour le moment.