L'INSOUPÇONNABLE [EN PAUSE]

3 ✰: La Sorciere

L'INSOUPÇONNABLE

MAYRA CHÀVEZ

18 heures à Dallas au Texas, aux États Unis.

Aujourd'hui est un jour décisif, celui que j'attends avec impatience depuis un mois et demi. J'ai décidé que le moment était venu de commencer ma mission.

Je suis excitée, presque comme une enfant qui a reçu un nouveau jouet. Mais ce n'est pas un simple jouet, c'est mon jouet. Ce soir, je vais déployer mes atouts : séduire ne sera qu'un jeu d'enfant.

J'ai décidé de me consacrer toute la journée à mes préparatifs. Affalée sur mon canapé, encore en pyjama, je me lève et me dirige vers la salle de bain. Il me faut une bonne douche, et je m'occupe de mes cheveux avec mon shampooing au monoï. Après m'être lavée, je sors de la douche et enfile mon peignoir, attachant mes cheveux avec une serviette en microfibre — il est essentiel de prendre soin de mes boucles.

Dans ma chambre, je cherche une robe pour ce soir; rien ne me plaît. Alors, je pars en quête d'une nouvelle robe. Je suis vêtue d'un short en jean, d'un bandeau blanc, d'une veste en jean et, bien sûr, d'une paire de Converse blanches.

J'enlève la serviette qui maintient mes cheveux; quelle pagaille ! J'applique ma crème coiffante et je me brosse les cheveux, débutant par les pointes, avant d'ajouter un peu de mousse et de les laisser sécher à l'air libre.

Je prends mon sac et mes clés, puis je sors de l'appartement. De bonne humeur, j'opte pour la marche plutôt que le taxi; le centre commercial n'est qu'à quinze minutes à pied.

Le soleil brille aujourd'hui dans le ciel; il n'y a pas un jour sans lumière dans cette ville. Tout le monde ici sourit, malgré les difficultés liées aux activités de ce cartel qui pèse sur la population. En marchant, je croise une famille heureuse ensemble; cela me fait envier un peu cet amour. Je m'imagine ce que c'est de recevoir autant de tendresse. Il me reste encore dix minutes de marche; oui, je sais que je suis lente, mais j'aime profiter du moment, d'autant plus par un temps aussi agréable.

***

Après quinze minutes de marche, j'arrive enfin à ma destination. Dans un magasin, je cherche une belle robe, mais rien n'attire mon œil. Certains diront que je suis difficile, mais je m'en moque; leur opinion, je l'entends d'une oreille et la laisse sortir par l'autre. Je quitte le magasin et me dirige vers le suivant.

Toujours rien. Il me reste un magasin; peut-être y trouverai-je mon bonheur. En franchissant l'entrée, je découvre un tas de robes magnifiques, mais laquelle me plaira vraiment ?

— Bonjour, madame. Avez-vous besoin de quelque chose en particulier ?

Je me retourne vers la vendeuse. Quelle chance elle a de tomber à ce moment-là.

— Bonjour, oui, de vous.

— De moi ? demande-t-elle en désignant sa personne de l'index.

— Oui, il me faut une robe, mais je ne sais pas laquelle me conviendrait.

— Avez-vous des préférences ? me demande-t-elle.

— Pour tout vous dire, non. Vous savez quoi, je vous donne carte blanche.

— Carte blanche ?

— Quoi, vous n'êtes pas capable de me dénicher la robe parfaite ? Je sais que je peux me montrer méfiante envers les autres, mais j'ai décidé de vous faire confiance, n'est-ce pas ?