L'INSOUPÇONNABLE [EN PAUSE]

15 ✰: Payer

L'INSOUPÇONNABLE

MAYRA CHÀVEZ

À Dallas aux Texas, États Unis.

« Que le meilleur gagne », m'a-t-il lancé, désireux de remporter ce défi.

Il vient tout juste de faire un pacte avec le diable en personne. Il n'a aucune idée de ce qui l'attend, mais tant mieux, cela ne fera qu'ajouter à l'excitation. En ce qui me concerne, je vais devoir rester vigilante ; il pourrait très bien utiliser l'un des garçons ou Alzira pour me piéger.

Que la partie commence, mon cher. Une chose est certaine, je ne suis pas prête de le regretter... contrairement à lui, sans aucun doute.

La première étape consiste à éliminer ce colorant. Il s'attaque à mes cheveux, et il sait pertinemment que personne n'y touche.

Je saisis mon portable et cherche comment enlever cette couleur de ma crinière. Pour cela, j'ai besoin de deux citrons et d'un shampooing. Cependant, mon shampooing est imprégné de colorant bleu, donc il me faut un autre produit.

Je me rappelle qu'Alzira a les cheveux ondulés, alors je peux emprunter son shampooing.

Je me dirige vers sa chambre, et devant la porte, je saisis la poignée sans même frapper.

En ouvrant la porte, je l'aperçois... mais pas seule. Elle est accompagnée de... Aran.

Attends, quoi ? Aran !

Mes yeux s'écarquillent.

— Je repasserai plus tard.

— Non, attends Evie, ce n'est pas ce que...

Sa phrase est interrompue par la porte que je referme. Je marche vers ma chambre et me plaque le dos contre la porte. C'est quoi ce bazar ! Depuis quand sont-ils ensemble ? Moi qui me croyais observatrice, je n'ai rien vu, mais ça devait sûrement être le cas avant mon arrivée.

On dirait que je suis une boîte à secrets à ne pas ouvrir, avec toutes les choses que je dois garder pour moi.

Pauvre Lino ! S'il savait que sa sœur a des problèmes de nutrition et qu'elle sort avec son meilleur ami, il perdrait les pédales.

Je pourrais bien me servir de ça, mais je ne le ferai pas, car cela ne concernerait pas que Lino, mais aussi Alzira et Aran. Je ne suis pas aussi méchante que ça. Je sais être mauvaise quand il le faut, mais pas ici.

Je sors de ma chambre discrètement, espérant ne pas croiser les deux tourtereaux. En descendant les escaliers, je trouve Lino qui sort du manoir.

Je me demande où il peut bien aller... Mais tant mieux, il n'est pas dans mes pattes, car je n'ai aucune envie qu'il découvre ce que je lui prépare.

Dans la cuisine, j'ouvre le placard du haut pour essayer d'attraper un bol, mais avec mes 1,61 m, je rencontre quelques difficultés.

Sur la pointe des pieds, je parviens à toucher le bol, mais je n'arrive pas à le prendre. Je vois une main au-dessus de moi saisir le bol en question. Je me tourne vers cette personne qui a sauvé mon précieux bol.

C'est Lino.

— Alors, comme ça, on a besoin d'aide ? remarque-t-il.

— Je ne t'ai rien demandé, à ma connaissance.

Bien sûr, j'avais besoin d'aide mais je ne vais pas le lui dire. Lui donner l'opportunité de me prendre en flagrant délit de faiblesse, non, merci. Cela ne fait pas partie de mes cartes.