Chapitres 4

282 8 1
                                    

Jordan sortit de l'hôtel, l'esprit tourmenté par les mots de Gabriel. Malgré tout, il devait se concentrer sur sa campagne. Il avait des réunions prévues toute la journée, des discours à préparer, et des électeurs à convaincre. Mais l'ombre de leur relation ambiguë planait toujours au-dessus de lui.

Quelques jours plus tard, une nouvelle rencontre était organisée, cette fois-ci pour un débat télévisé sur l'éducation. Jordan se préparait dans sa loge, repassant mentalement ses arguments. Il jeta un coup d'œil à sa montre. Encore quinze minutes avant de monter sur scène. Ses pensées dérivèrent inévitablement vers Gabriel. Pourquoi ce revirement ? Pourquoi ce froid soudain ?

La porte de sa loge s'ouvrit brusquement, et son directeur de campagne entra. « Jordan, on est prêt c'est à toi. »

Il acquiesça, prenant une dernière inspiration pour calmer ses nerfs. En marchant vers la scène, il aperçut Gabriel de l'autre côté du couloir, en grande discussion avec son propre directeur de campagne. Leurs regards se croisèrent à nouveau, et Jordan crut y lire une lueur de regret, aussi fugace soit-elle.

Le débat démarra sous les feux des projecteurs. Les questions s'enchaînaient, et Jordan et Gabriel échangeaient leurs points de vue avec une intensité professionnelle. Pourtant, chaque phrase semblait chargée d'un sous-texte personnel, invisible pour le public, mais évident pour eux deux.

« Monsieur Attal, vous parlez souvent d'investissements dans l'éducation, mais comment comptez-vous les financer sans alourdir la dette publique ? » demanda le modérateur.

Gabriel répondit calmement, en regardant Jordan droit dans les yeux. « Nous devons revoir nos priorités budgétaires, réduire les dépenses inefficaces et investir dans l'avenir de nos enfants. L'éducation est la clé de notre compétitivité future. »

Jordan hocha la tête, respectant l'argument mais prêt à répliquer. « Je suis d'accord sur l'importance de l'éducation, mais il faut aussi une gestion rigoureuse des finances publiques. Nous proposons une approche qui équilibre les investissements en éducation avec des réformes structurelles pour assurer la viabilité à long terme. »

Les minutes passèrent, chaque échange apportant un peu plus de tension. Lors d'un court instant de pause, Gabriel, visiblement agacé, murmura à Jordan, « Pourquoi est-ce que tu continues à me regarder comme ça ? »

Jordan, surpris par la question directe, répondit tout aussi doucement, « Parce que je ne comprends pas pourquoi tu fais ça. Pourquoi cette distance soudaine ? »

Gabriel serra les dents, prêt à répliquer, mais fut interrompu par le modérateur qui annonça la prochaine question. Le reste du débat se déroula sous une tension croissante, chacun des deux hommes luttant pour garder leur calme et leur professionnalisme.

À la fin de la soirée, après que les caméras se soient éteintes et que le public ait quitté la salle, Jordan trouva Gabriel seul, adossé à un mur dans les coulisses. Il s'approcha lentement, déterminé à obtenir des réponses.

« Gabriel, s'il te plaît, parle-moi. Que s'est-il passé pour que tu changes ainsi d'attitude ? »

Gabriel soupira, passant une main dans ses cheveux. « Jordan, ce n'est pas simple. Nous avons des responsabilités, des carrières. Ce que nous ressentons... ce n'est pas compatible avec ce que nous devons faire. »

Jordan secoua la tête. « Mais pourquoi doit-on tout sacrifier ? On pourrait trouver un moyen... »

« Non, » coupa Gabriel, la voix tremblante. « Nous ne pouvons pas. C'est trop risqué. Pour toi, pour moi. Tout ça est une erreur. » Il détourna les yeux, fixant le sol. « J'ai pris ma décision, Jordan. Nous devons rester professionnels. »

Jordan sentit un poids lourd sur son cœur. « Si c'est vraiment ce que tu veux... »

Gabriel hocha la tête, sans le regarder. « C'est ce qu'il faut. »

Jordan acquiesça lentement, la gorge serrée. « Très bien. Mais sache que je ne cesserai jamais de penser à ce que nous aurions pu avoir. »

Gabriel ne répondit pas, laissant un silence lourd s'installer entre eux. Jordan tourna les talons et quitta les coulisses, la douleur de la séparation le rongeant de l'intérieur. Il savait désormais que sa campagne serait marquée par ce sentiment inachevé, cette connexion non résolue avec Gabriel. Et pourtant, il devait avancer, se concentrer sur ses objectifs et ses responsabilités, tout en portant en lui l'ombre d'un amour impossible.

Entre Devoir et Passion: La Romance Secrète de Bardella et AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant