Gabriel ne broncha pas sous le coup de l'invective cinglante de Jordan. C'était mérité. Peut être qu'il n'aurait pas dû. Peut être que c'était déplacé.
Mais bordel, c'était un débat et ils étaient au bord d'une bascule historique de la vie politique française, en faveur du RN. Gabriel ne pouvait pas s'y résoudre, jamais. Il fallait employer tous les moyens, quitte à passer pour un connard.
Mais au fond de lui, la culpabilité le tiraillait de plus en plus, surtout quand il voyait Jordan perdre pied. Il savait que d'ici quelques heures, voire minutes, il se retrancherait derrière son armure. Mais il ne l'avait jamais vu comme ça. Au fond de lui, il haïssait le président du RN, il en était intimement convaincu. Et c'était réciproque.
Jordan se pinçait les lèvres et recula de quelques pas, s'étant rendu compte qu'il était vraiment très proche de son adversaire. Bien trop proche.
- On se tutoie maintenant ? s'étonna Gabriel, après quelques secondes de silence, essayant de reprendre ses esprits.
Il réajusta sa manche pour empêcher ses mains de trembler, sans quitter Bardella des yeux. Lui s'était appuyé contre la rambarde et croisait désormais les bras contre sa poitrine.
- Ne fais pas semblant, asséna Jordan sèchement en balayant son excuse d'un revers de la main. Pas avec moi.
Les deux hommes se connaissaient depuis des années et se respectaient, du moins c'est ce que Jordan croyait, à tort. Au fil du temps, ils avaient fini par se tutoyer en privé. Gabriel accusa le coup.
- Donc ? À quoi est-ce que tu joues ? répéta Jordan
- C'est un débat Jordan. C'est normal que j'attaque. Sinon, autant te donner directement les clés du pouvoir, maugréa le Premier ministre.
- Pas comme ça, répliqua le jeune homme. Est-ce que j'ai osé t'attaquer sur Séjourné ? Sérieusement ?
Bardella retenait encore ses coups. Il n'en revenait pas que son adversaire se soit abaissé à des attaques pareilles. Il avait tout le champ libre pour attaquer le programme, le RN, les partis pris, tout. Mais sa vie privée, là il ne s'y attendait pas.
- Mais j'ai raconté n'importe quoi, tu le sais très bien, pourquoi prendre la mouche pour ça ? souffla Gabriel.
Il se passa la main dans ses cheveux. Il fallait qu'il apaise la situation, avant que quelqu'un ne surprenne leur conversation, ce qui pourrait être dévastateur pour les deux camps.
Jordan ne répondit pas et regarda ailleurs en soufflant. Gabriel haussa un sourcil.
Il avait raison. Il n'en revenait pas. Il avait visé juste.
Impossible.
Quelque chose dans ce qu'il avait dit était vrai. Et Jordan avait complètement perdu son sang-froid. La situation était impensable.
- C'était de ça dont tu parlais tout à l'heure ? Quand tu m'as dit que je devais profiter du calme ? Tu comptais m'insulter devant la France entière ? demanda Jordan en retournant à la charge.
Son visage ne trahissait plus aucune émotion. Jordan avait endossé sa carapace. Déjà. Il n'avait pas fallu attendre longtemps. Pour combien de temps encore, il n'en savait rien. Mais c'était sa seule arme aujourd'hui et sans elle, il ne savait pas comment tenir. Il devait se protéger coûte que coûte.
Et anéantir ce Premier ministre arrogant et insultant qui avait osé ce que lui même n'aurait pas osé.
- Non. Enfin, pas vraiment, rectifia Gabriel.
- Ne me mens pas. C'est tellement loin du comportement d'un Premier ministre, tellement loin de toi, souffla le président du RN en s'éloignant de la rambarde.
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NOTRE FRANCE - Bardella x Attal
FanfictionJordan Bardella caracolle en tête dans les sondages et est en passe de remplacer Attal au poste de Premier ministre. Débat après débat, confrontation après confrontation, les deux hommes se connaissent parfaitement. Ils occupent les plateaux depuis...