Chapitre 27 - Nous

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Jordan n'arrivait pas à en croire ses yeux. Il dût cligner plusieurs fois pour être sûr que ce qu'il voyait était bien la réalité et non pas un énième cauchemar, une énième illusion dont il sortait encore plus brisé à chaque fois. 

Gabriel était bien devant lui, un grand sourire aux lèvres. Il le regardait d'une manière puissante, intense, un regard que Jordan n'avait pas vu depuis des mois et qu'il était sûr de ne plus jamais revoir. 

Il n'avait pas l'air d'avoir dormi depuis des jours et ses cheveux étaient en bataille. Les trois premiers boutons de sa chemise étaient défaits et sa cravate était posée sur le dossier de sa chaise.

L'ancien Premier ministre tenait sa main dans la sienne et le rassurait du regard. Il était tout proche de lui, s'étant levé de sa chaise pour s'abaisser à sa hauteur, au pied de son lit. Jordan pouvait sentir la douce chaleur de son corps se répandre dans le sien, rien qu'à ce simple contact. Jordan sentit un frisson le parcourir, ravivant des souvenirs qu'il croyait perdus.

- Monsieur Attal, vous vous êtes enfin décidé à plier le genoux devant moi ? murmura Jordan 

Gabriel pouffa et secoua la tête. 

- Tu es incorrigible...Mais tu m'as tellement manqué, souffla-t-il.

Jordan sourit, retenant ses larmes de couler. 

Tout son corps semblait engourdi, endormi, comme détaché de son esprit. Mais son coeur, lui, n'avait jamais été aussi vivant. Comme s'il retrouvait des forces auprès de Gabriel. Sa simple présence était plus bénéfique que tous les médicaments et toutes les solutions qu'il avait envisagé depuis des mois. 

Sa simple présence le rendait vivant.

- Comment te sens-tu ? demanda Gabriel d'une voix douce, presque hésitante, comme s'il craignait la réponse.

Jordan inspira profondément, cherchant ses mots. Chaque respiration lui rappelait combien il avait lutté pour en arriver là, pour survivre. 

- Je suis... fatigué, mais heureux, répondit-il finalement. Heureux que tu sois là et que je sois vivant...J'ai déconné.

Le regard de Gabriel se fit plus intense, comme s'il essayait de lire au plus profond de l'âme de Jordan.

- Je ne pouvais plus rester aussi proche et aussi loin de toi en même temps, murmura Jordan. Chaque jour était un supplice. Je...Je n'y arrivais plus, je suis désolé...

Il ferma les yeux le temps de ses aveux. Il détestait être mis à nu de la sorte, honteux d'avoir été aussi faible. Jordan se revoyait, succombant aux larmes, aux pleurs, à l'alcool, à Nolwenn. Ce sentiment de trahison le prit à la gorge en se remémorant ce qui avait failli se passer avec elle. Ce fut comme un nouveau coup porté. Tout lui revenait en mémoire. 

- Gabriel...je..Je..j'ai fait une connerie, souffla Jordan avant que Gabriel ne puisse répondre. 

Il avait besoin de lui dire. 

Il détacha ses yeux de lui, honteux. Il ne savait pas comment lui avouer. Cette vérité s'imposait. Mais comment ? Gabriel le regarda, curieux, attendant qu'il réponde. 

- Je...Nolwenn, l'autre soir. On a, enfin on a failli...

Sa voix se brisa avant qu'il ne puisse continuer. Il avait tant de choses à lui avouer. Toutes ces fois où il avait baissé les bras, où il avait pensé à tout arrêter, à tout refaire. À le laisser reprendre sa vie de son côté pendant que la sienne se détériorait. Son cerveau tournait à mille à l'heure et il avait peur de recommencer à paniquer. 

Gabriel hocha la tête, compréhensif. Il reprit sa main dans la sienne, la serrant un peu plus fort. 

- Ce n'est pas de ta faute Jordan, tu étais seul et tu n'étais plus maître de toi même. Je ne t'en veux pas et je ne t'en voudrais jamais. 

NOTRE FRANCE - Bardella x AttalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant