NOTRE FRANCE - Bardella x Attal

Chapitre 7 - Tentations

Le président du Rassemblement National reprenait ses esprits dans le taxi qui le ramenait chez lui. Ses émotions en avaient pris un sacré coup. Quand Attal lui avait proposé cette entrevue, il s'attendait à quelque chose de plus...professionnel.

Or, ce qui avait failli se passer était tout sauf professionnel.

Il ressentait une attirance pour Gabriel Attal et c'était impardonnable. Il avait longtemps tenté de le nier. C'était impossible. Pourquoi lui ? Pourquoi fallait-il que son coeur jette son dévolu sur celui qu'il lui était interdit de fréquenter ?

Il ne comprenait pas comment ça avait pu arriver. La campagne était trop violente pour les deux hommes, peut être. Leurs émotions et leur bon sens étaient salement amochés. Jordan avait bien cru que le Premier ministre allait lui sauter dessus tout à l'heure. Le pire était qu'il ne savait pas dire s'il aurait résisté ou pas. Cette pensée le terrifiait. Il n'était plus vraiment maître de lui même.

Son téléphone vibra dans sa poche. Pour la première fois, il pria pour que ce soit tout sauf un message du Premier ministre. Il pu souffler quand il vit le nom d'une journaliste de France 2. Elle proposait une nouvelle date de débat entre lui et le Premier ministre, cette fois avec un représentant de l'alliance de la gauche. Jordan se ressaisit.

Il accepta immédiatement la confrontation et en informa ses équipes, qui visiblement étaient déjà au courant. À cause de son rendez-vous avec Attal, il avait visiblement raté pas mal de choses. Depuis deux semaines, l'actualité était effrénée. Deux minutes à fermer les yeux et il pouvait rater l'alliance Lassalle-Mélenchon. Qui sait. Tout pouvait arriver et il venait d'en faire l'amère expérience.

Il fut assez silencieux les jours qui suivirent. Le débat approchait à grand pas et ses pensées tournoyaient dans tous le sens. Il fut repris à plusieurs reprises par son cabinet et même par Marine Le Pen, qui le trouvait un peu trop "à l'ouest ces temps-ci". Il n'avait personne à qui se confier, il avait essayé d'appeler son ex-compagne mais elle était en vacances à l'étranger. Cette solitude lui pesait. Il ne savait pas à qui en parler. Il gardait tout au fond de lui pour l'instant et il savait qu'il venait de déclencher un chronomètre dévastateur.

- En route ? dit joyeusement son directeur de cabinet en le sortant de ses pensées. 

La voiture du président du RN attendait Jordan et son équipe. Il hocha la tête et monta à côté de son dir cab. Il resta concentré sur son téléphone, essayant de masquer son impatience. Impatient non pas pour débattre mais il était surtout curieux de voir l'attitude du Premier ministre à son égard. Il accaparait ses pensées. Constamment. 

Ça faisait déjà quatre jours depuis leur dernière entrevue et il n'avait pas eu de nouvelles, quelque part il était même déçu. Peut être que Gabriel Attal avait eu honte de son comportement, il aurait eu raison d'ailleurs. Lui aussi avait honte.

Déjà dans sa loge, Gabriel Attal, lui, ajustait machinalement sa cravate devant un miroir, mais son esprit était ailleurs. Quand il fut prêt, il rejoignit le plateau. La journaliste le salua et il passa le bonjour à tous les techniciens, qui semblaient dépassés par le temps. Depuis quelques jours, en réalité depuis son entrevue avec Bardella, il avait l'impression de vivre au ralenti. Il se repassait sans cesse la scène. Ça le faisait frissonner à chaque fois.  

Soudain, il sentit une présence derrière lui. Il tourna la tête et vit Jordan Bardella entrer dans la pièce, accompagné de son équipe. Leurs regards se croisèrent, et pendant une fraction de seconde, tout le bruit ambiant sembla disparaître. Il y avait quelque chose d'indéfinissable dans les yeux de Jordan, une tension palpable et presque une invitation. 

- Bonjour, Monsieur Bardella, dit Gabriel, essayant de maintenir un ton neutre malgré l'accélération de son cœur.

- Bonjour, Monsieur le Premier ministre, répondit Jordan, un sourire poli aux lèvres.